Chapitre 2 : L'appel de l'Etoile
La salle de réunion de bord, située à l’arrière du vaisseau Alcazar, était un mélange éclectique d’équipements de navigation, de cartes holographiques grésillantes, et d’un mobilier récupéré qui jurait avec le reste. Une vieille lampe suspendue par un câble grinçait doucement au rythme des vibrations du réacteur principal.
Tony, se tenait debout au centre de la pièce. Avant même de parler, il passa une main experte dans sa chevelure impeccablement coiffée, comme s’il fallait s’assurer qu’elle était toujours au sommet de sa gloire. Ses doigts s’attardèrent une seconde de plus, une habitude bien ancrée. Il tapota ensuite un vieux datapad sur la table, un sourire en coin, prêt à conquérir son audience avec un mélange de charme et d’idées farfelues.
— Mes amis, commença-t-il d’un ton solennel, je vous ai réunis pour que nous préparions cette mission comme il se doit.
Jed, qui était adossée nonchalamment à une cloison métallique, les bras croisés, haussa un sourcil.
— T'as dit ça la dernière fois, Tony, et on a fini poursuivis par une flotte entière de drones tueurs.
— Eh bien, cette fois, on a un plan, répondit Tony en ignorant son sarcasme. Enfin… un début de plan.
Esmeralda, la pilote au caractère bien trempé, claqua sa main sur la table.
— C’est quoi ce « début de plan » ? Si c’est encore un truc qui implique de voler des pièces à moitié fonctionnelles, je te préviens, je pilote pas.
— Oh non, rien d’aussi banal. On parle de l’Étoile d’Azura, déclara Tony en prenant un ton mystérieux, laissant un léger sourire effleurer ses lèvres. Un artefact légendaire, oublié de presque tous… sauf des rêveurs comme nous. Ce que je sais ? Pas grand-chose, je l’admets, mais c’est suffisant pour nous mettre en route. Le message était occulte, un casse-tête en soi, mais il y a un lieu où on pourra trouver des réponses : Stillburg. La où les pirates et les voyageurs étranges aiment passer ou vendre des messages.
Il parcourut la pièce du regard, ajustant machinalement une mèche rebelle de ses cheveux.
— Alors, voici le plan pour notre première escale : chacun aura un rôle précis, et pas de place pour l’improvisation cette fois, compris ?
Il pointa Jed d’un geste vif.
— Toi, tu t’assures que l’Alcazar ne nous lâche pas à la première manœuvre. Vérification mécanique complète, même si ça veut dire engueuler les mécanos toute la journée.
Puis, se tournant vers Esmeralda et Eagle Walker :
— Vous deux, je veux des itinéraires actualisés et des mises à jour sur les cartes. Stillburg est un foutoir, donc trouvez-moi le ponton le plus sûr pour pouvoir décoller vite si les choses tournent mal.
Son regard s’arrêta sur Joe Silverbow.
— Joe, tu coordonnes les équipes. Approvisionnement, réparations, et ce qui peut servir à… disons, faciliter nos affaires, si tu vois ce que je veux dire.
Enfin, il se tourna vers Dean.
— Quant à toi, fais jouer ton réseau. Stillburg grouille d’oreilles indiscrètes et de langues bien pendues. Trouve-moi les bonnes personnes et déterre tout ce qu’on peut apprendre sur l’Étoile. Et moi je vais retrouver ma source pour en savoir plus !
Tony s’appuya contre la table, croisant les bras, le regard brillant d’une lueur d’excitation contenue.
— Nous savons par où commencer. Le reste, les gars, dépendra de ce qu’on trouve là-bas. Alors, préparez-vous. L’aventure commence maintenant.
Un silence incrédule s’installa, seulement troublé par un raclement de gorge discret. Dean, le second, se pencha en avant, l’air sérieux.
— Et ces « sources », elles sont fiables ? Parce que la dernière fois, ton « informateur sûr » était un droïde sans tête.
Tony ricana.
— Tout à fait, et il avait raison ! Mais cette fois, c’est différent, c’est un humain ! Et je vais aller le cuisiner moi-même.
Jed acquiesça, mais son attention glissa vers Dean. Ils échangèrent un regard, une étincelle indéfinissable qui n’échappa pas à Eagle Walker.
— Eh bien, eh bien, murmura ce dernier avec un sourire en coin. On dirait que la mécanique et le commandement trouvent un terrain d’entente.
— Occupe-toi de tes affaires, Walker, répliqua Jed sans lui accorder un regard, mais un sourire discret jouait sur ses lèvres.
Joe, le maître d’équipage, frappa la table de son poing massif pour ramener l’attention au sujet principal.
— Les disputes, c’est pour plus tard. Si on a une chance de mettre la main sur un trésor, il va falloir être plus précis, Tony. C’est quoi, exactement, ce plan ?
Tony activa l’holoprojecteur qui, après quelques instants de grésillements, projeta une image floue d’une planète inconnue, entourée de ce qui ressemblait à des coordonnées partielles.
— Voilà tout ce qu’on a. Un début de piste. Il faudra retrouver les indices manquants, éparpillés à travers la galaxie très probablement. Des énigmes à résoudre, des portes à déverrouiller, et très probablement des pièges mortels.
— Génial, souffla Howard, un grand gaillard jovial. Rien que j’aime plus que des « pièges mortels ».
Dean se redressa.
— Et qu’est-ce qu’on gagne à la fin ? Si c’est une autre de tes lubies…
— Pas cette fois, Dean, répondit Tony avec une rare sincérité dans la voix. Ce trésor, c’est la liberté. De quoi nous permettre de disparaître pour de bon, loin des radars de la Fédération et de toutes ses lois idiotes.
Un murmure parcourut la pièce. Tous savaient ce que signifiait cette liberté : ne plus avoir à fuir, ne plus avoir à se cacher.
Joe Silverbow grogna.
— Si on accepte, il faudra tout prévoir. Jed, tu peux nous assurer que le vaisseau tiendra ?
Jed hocha la tête, mais lança une dernière pique.
— Si vous ne me cassez pas mes réacteurs en jouant aux héros, alors oui, ça tiendra.
Un sourire s’étendit sur le visage de Tony.
— Alors, mes amis, qu’en dites-vous ? Êtes-vous prêts à relever le défi ?
Le groupe échangea des regards. Il y avait de la peur, oui, mais aussi une étincelle d’excitation. L’idée d’un jeu de piste intergalactique, avec des trésors et des dangers à la clé, était exactement le genre de folie qui les avait réunis.
Howard se leva.
— Si tu promets qu’on ne mourra pas dans les trente premières secondes, je suis partant.
— Pas de garanties, répondit Tony en riant.
Un à un, les membres de l’équipage acquiescèrent, prêts à suivre leur capitaine dans cette nouvelle aventure.
Alors que la réunion se terminait et que chacun retournait à son poste, Jed et Dean restèrent un instant de plus dans la salle.
— Tu crois qu’il sait où il va ? demanda Dean.
Jed sourit en coin.
— Pas la moindre idée. Mais c’est ça, qu’on aime, non ?
Et avec ces mots, l’équipage de l’Alcazar s’embarqua dans une quête où tout pouvait arriver : la gloire, la richesse… ou l’échec total.
À la fin de la réunion, un bruit sourd de moteurs commença à résonner dans les couloirs du vaisseau. Des grincements métalliques et des éclats d’hologrammes marquaient le début du voyage. L’équipage se préparait, les gestes rapides, les visages tendus mais emplis d’une énergie palpable. L’aventure venait de commencer.
***
L'Alcazar, fierté de l'espace intergalactique et cauchemar des laveurs de carreaux stellaires, fendait le vide avec toute l'élégance d’un imposant navire. Son secret ? Un savant mélange de technologie de pointe et de bricolage artisanal. Imaginez une frégate du XVIIIe siècle, avec ses voiles majestueuses (en option, selon l'humeur du capitaine), sa proue fièrement dressée vers l'inconnu, et ses canons prêts à cracher le feu... Sauf qu'au lieu de boulets de canon, on parle de lasers. Et au lieu de rames, de propulseurs à fusion nucléaire. Le tout saupoudré d'une bonne dose de gadgets plus ou moins utiles, comme le camouflage spatio-temporel (parfait pour éviter les contraventions pour excès de vitesse) ou le générateur de trous noirs de poche (pour les jours où on a vraiment envie de se débarrasser de ses chaussettes sales). Son armature métallique ornée de détails complexes évoquait à la fois robustesse et raffinement, comme un bastion flottant au milieu de l'infini.
Ses tourelles et ses ponts extérieurs suggéraient une polyvalence redoutable : il pouvait aussi bien accueillir des batailles épiques que des manœuvres délicates. Les lumières dorées scintillantes à travers ses hublots lui donnaient un air chaleureux, presque majestueux, malgré son rôle de repaire pour des pirates de l'espace.
L'Alcazar était clairement plus qu’un simple vaisseau : c’était une forteresse, un refuge et un symbole d’indépendance pour son équipage. Il incarnait l’esprit d’aventure et la promesse de liberté, même au cœur des étoiles.
Le vaisseau vibra sous les moteurs alors que l’équipage se préparait à quitter son emplacement actuel.
Les coordonnées de Stillburg brillaient sur l'holotable, comme un phare obscur et insaisissable. L’endroit n’était pas une simple escale, c’était une destination de légende, un territoire où seuls les plus fous et les plus impitoyables osaient s’aventurer.
Stillburg.
Le repaire des pirates les plus déjantés de la galaxie. Un endroit où la loi était aussi rare que la tranquillité, où les alliances ne tenaient que jusqu'à la première trahison, et où les rêves d’or et de gloire se mêlaient à l’écho des armes de feu et des moteurs rugissants.
Esmeralda, qui avait le nez sur les instruments de navigation, fit une moue dégoûtée.
— Stillburg, hein… On dirait la foire aux vanités. Des gratte-ciels en forme de soucoupes volantes et des ponts suspendus à la gravité douteuse, tout ça pour des pirates qui ont l'air de sortir d’un carnaval de l’espace. Vraiment, qui va chercher là-bas un artefact légendaire ?
Tony, qui se tenait près de l’holomap, ne put réprimer un sourire en coin.
— C’est là qu’on trouve les bonnes personnes, Esmeralda. Ce n’est pas pour les âmes sensibles, mais ça reste l’un des seuls endroits où on peut dénicher des informations sur l’Étoile d'Azura. Et puis, comme tu dis, c’est aussi un véritable zoo intergalactique. C’est là que tout se passe… ou du moins, c’est là que les choses peuvent se passer.
Les membres de l’équipage échangeaient des regards excités. Stillburg était un rêve pour les pirates, une sorte de lieu hétéroclite flottant dans le vide de la galaxie. Une planète où les règles du jeu étaient créées à la volée, et où personne ne pouvait vraiment prévoir ce qui allait arriver.
Jed se tenait près de la porte, observant attentivement les mouvement des autres. Elle adorait cette idée de se retrouver en territoire connu avec des pirates dans les parages. Mais, en même temps, l’adrénaline qu’elle ressentait ne pouvait être ignorée. Un lieu comme Stillburg, c’était l’occasion de jouer avec les règles et de se frotter à des gens… intéressants.
Dean s’approcha de la table - frôlant au passage le dos de Jed avec sa main, qui frémit à ce contact discret - son regard fixé sur l’hologramme des coordonnées. Il se tourna ensuite vers Tony, ses bras croisés.
— Et on risque de retrouver quelques amis par là bas ?
Tony haussait les épaules, un sourire confiant aux lèvres.
— Tu as des contacts partout, je le sais bien, Dean.
Les yeux de Dean se plissèrent, un léger sourire amusé au coin des lèvres.
— Ah, j’ai bien compris, je vais jouer les guides. Parfait. Mais je songeais plutôt à des amis qu’on aurait pas envie de croiser !
Tony s’avança un peu plus, son ton plus sérieux.
— Je compte sur toi pour ça. Stillburg est un nid de vermines. Mais si tu réussis à faire parler les bonnes personnes, à obtenir les infos sans te faire doubler, on pourrait en ressortir avec tout ce qu’il nous faut.
Il se tourna ensuite vers l'équipage.
— Tout le monde a son rôle. Rappelez-vous, c’est un endroit où tout est permis, où l’improvisation est permise mais n’en faites pas trop. En cas de problème, on se couvre les uns les autres, et on ne laisse personne derrière.
Un grondement sourd traversa les parois du vaisseau, annonçant que les moteurs avaient déjà été mis en marche. Les préparatifs se terminaient, et l’excitation monta d’un cran dans la salle.
Jed pivota brusquement, prête à rejoindre la salle des machines, pour une dernière inspection.
— J’ai vérifié les réacteurs ce matin, et tout semble en ordre, mais bon vu l’engin je préfère y retourner. Vous avez intérêt à être prêts, parce que dès qu’on se rapproche de Stillburg, c’est le chaos assuré.
— C’est exactement ce que j’attends, répondit Tony. On va s’y rendre et frayer notre chemin à travers tout ce foutoir. C’est comme ça qu’on réussira à mettre la main sur l’Étoile.
Jed donna un coup sur la porte qui se déverrouilla immédiatement. Elle échangea un dernier regard avec Dean. La tension entre eux était toujours présente.
Dean la fixa, une lueur de désir dans ses yeux. Un instant, tout sembla suspendu. Puis, avec un léger sourire en coin - sa spécialité - il se tourna et sorti également.
Le bruit des moteurs se fit plus fort, alors que les portes se fermaient derrière eux. L’Alcazar filait dans l’obscurité de l’espace. Stillburg était plus proche que jamais, et avec elle, l’incertitude et une potentielle énigme à résoudre. Mais l’équipage savait que c’était exactement là qu’ils devaient être.
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