Chapitre 14 : Une nouvelle ère

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L'équipage de l'Alcazar était rassemblé sur la passerelle, une pièce circulaire où la lumière tamisée contrastait avec l'éclat brillant de l' Étoile d'Azura, posée au centre de son coffre. Sa lumière bleue projetait des ombres mouvantes sur les murs, captivant l'attention de chacun.

Tony, debout près de la table, observait un instant l'artefact avant de lever les yeux vers ses compagnons. Il semblait fatigué, mais une détermination calme transparaissait dans sa posture.

— Voilà pourquoi nous avons traversé des jungles hostiles, combattu des gardiens et échappé à des mercenaires, dit-il, brisant le silence. L'Étoile d'Azura. Une légende devenue réalité.

Il pose les deux mains sur le rebord de la table, ses doigts tapotant légèrement le métal.

— Mais avant que quiconque ne pense à ce qu'on pourrait en faire, je veux que vous écoutiez ce que j’ai a vous dire.

Dean, assis à la gauche de Tony, se redressa, comprenant que le capitaine s'apprêtait à partager ce qu'il avait longtemps gardé pour lui.

— Ma grand-mère a écrit des tonnes de carnets sur cet artefact, commença Tony. Elle n’en parle pas comme d'un simple trésor, mais comme d'une invention capable de changer le destin de mondes entiers. Et elle avait raison. Tout ce qu'on a entendu à travers nos recherches… ça se vérifie.

Il désigna l'Étoile du bout des doigts.

— Ce n'est pas un bijou ou une simple source d'énergie. C'est une arme.

— Comment une chose aussi belle peut-elle être une arme ? demanda Luisa , en croisant les bras, un mélange d'émerveillement et de crainte dans la voix.

Dean prit la parole, sur un ton calme mais empreint de gravité.

— Mon informateur m'a donné des détails similaires. Cette « Étoile » est capable de manipuler les énergies gravitationnelles. Elle pourrait stabiliser une étoile mourante… ou en détruire une, entraînant des catastrophes interstellaires.

Un silence lourd s’abattit sur la pièce.

— Et si elle tombe entre de mauvaises mains ? demanda Howard, brisant la tension. Les mercenaires, ou pire, la Confédération Zantorienne ? Ils n'hésiteraient pas à s'en servir.

— C'est exactement le problème, répondit Tony, ses yeux balayant l'équipage. Je sais ce que vous pensez. On pourrait la vendre. On pourrait s'enrichir au point de ne plus jamais risquer nos vies. Mais on sait tous ce qui arriverait ensuite. Ceux qui l'achèteraient ne la garderaient pas pour l'admirer. Ils s'en serviraient. Contre des planètes. Contre des civilisations entières.

Tony marqua une pause, s'assurant que chacun le regardait dans les yeux.

— Nous avons une responsabilité. Pas seulement envers nous-mêmes, mais envers chaque monde que cette Étoile pourrait menacer. Nous avons vu de quoi elle est capable, même sans l'activer. La lumière qu'elle projette… ce n'est pas juste de l'énergie. C'est un pouvoir brut qui ne demande qu'à être utilisé. Et ça, on ne peut pas le permettre.

Jed, jusque-là silencieuse, hocha lentement la tête.

— Alors qu'est-ce qu'on fait ? On la cache ?

Tony croisa les bras, son regard se pose sur elle.

— Oui. On l'enfouit dans un endroit où personne ne la trouvera. Ce monde que nous avons découvert, loin des routes commerciales, oublié de la galaxie. C'est là qu'elle restera, enterrée profondément, pour que personne ne puisse la réveiller.

Dean, qui avait écouté attentivement, sentit un poids quitter ses épaules. Il inspira profondément avant de parler.

— Tu fais le bon choix, capitaine. C'est exactement ce qu'il faut faire.

Howard se racla la gorge, un sourire en coin.

— Alors, c'est réglé. On joue aux pirates qui entèrent leur trésor. Manque plus qu'une carte et un perroquet.

Un rire nerveux se propagea dans la salle, dissipant une partie de la tension.

Tony adoucit légèrement son expression et leva une main pour calmer le groupe.

— Ce n'est pas une décision facile, mais c'est celle que nous devons prendre. Vous êtes tous avec moi ?

Un à un, les membres de l'équipage acquiescèrent. Howard et Yvan échangèrent un regard approbateur. Luisa hocha lentement la tête, son expression plus sérieuse qu'à l'accoutumée.

— Très bien, alors. Nous ferons ce qu'il faut.

***

L’Alcazar était silencieux, flottant paisiblement au-dessus d’une planète aux teintes dorées et verdoyantes. Le paysage sous leurs pieds semblait hors du temps  : des montagnes escarpées plongeaient dans des vallées recouvertes d’une forêt dense et immaculée. À l’horizon, un lac scintillant reflétait la lumière de deux soleils, donnant à cet endroit une sérénité qu’ils n’avaient pas ressentie depuis longtemps.

Tony, debout à l’arrière de la navette qui descendait lentement vers la surface, tenait le coffre de l’Étoile d’Azura.

Jed, assise à côté de Dean, observait Tony avec attention.

— C’est étrange, murmura-t-elle. Après tout ce qu’on a traversé, la laisser ici semble… presque injuste.

Dean répondit, son ton calme et posé.

— Ce n’est pas une question de justice. C’est une question de choix. Si elle reste entre nos mains, nous serons en danger. Si elle tombe dans les mauvaises mains, elle pourrait détruire des mondes entiers.

Howard, adossé à une paroi métallique, grogna.

— Personnellement, je trouve qu’on devrait la jeter dans une étoile. Pas de problème, pas de tentation.

— C’est une solution, répondit Tony avec un sourire en coin. Mais enterrer l’Étoile ici, loin de tout, est plus sûr. Ce monde est oublié. Personne ne la cherchera.

Ils atterrirent dans une clairière isolée. Sous les racines massives d’un arbre ancien, l’équipage creusa en silence. Lorsque la fosse fut assez profonde, Tony s’agenouilla, le coffre entre ses mains.

— Elle a presque coûté la vie à chacun d’entre nous, dit-il doucement. Mais elle nous a aussi unis. Alors laissons-la là, et avançons.

Il déposa l’Étoile au fond du trou, jusqu’à disparaître complètement lorsque la terre recouvrit le coffre.

— Et voilà, murmura Jed. Une nouvelle ère commence.

De retour à bord de l'Alcazar, l'équipage se retrouva dans le mess, profitant d'un moment de calme. Les tensions et les blessures de leur voyage semblaient loin derrière eux. Tony, lui, préféra s’isoler quelques instants.

***

Assis dans sa cabine, Tony de la Vega observait les étoiles défiler à travers la vitre. Le silence de l'espace, rythmé par le bruit des moteurs de l'Alcazar, offrait un contraste saisissant avec le tumulte qui avait marqué leur quête de l'Étoile d'Azura. Maintenant que l'artefact était hors de portée, enfoui sur une planète oubliée, des pensées l’envahissaient, plus fortes que jamais.

« C'est terminé. »

Il se le répétait, comme pour s'en convaincre. L'Étoile d'Azura n'était plus entre ses mains, mais son empreinte restait gravée dans son esprit. Une telle aventure, à courir après des fragments de carte, à se nourrir des récits légendaires de sa grand-mère Isabella Valdez… Et maintenant ?

Son regard glissa vers une petite boussole posée sur le bureau. Elle était vieille, utilisée, mais précieuse : un héritage d'Isabella, un rappel constant de son histoire. Pendant longtemps, il avait pensé que l'Étoile serait le dernier chapitre de cette histoire, la clé pour comprendre qui il était, pourquoi il avait choisi cette vie.

Mais il comprenait enfin que ce n'était pas l'Étoile qui définissait son héritage. C'était ce qu'il faisait de lui-même et de l'équipage qu'il avait constitué.

Tony soupira profondément et se passa une main dans les cheveux. Il n'était plus le même homme que celui qui, il y quelques mois, avait juré de trouver l'Étoile à tout prix. À mesure que leur quête avançait, il avait vu ses efforts évoluer, parfois malgré lui. Il avait appris, souvent de la manière la plus brutale, que le rôle de capitaine n'était pas de poursuivre une ambition personnelle.

« Un capitaine protège son équipage, quoi qu'il en coûte. »

Ce mantra résonnait encore dans son esprit, prononcé par Jed, Dean, et même Luisa à des moments où il s'était laissé emporter par son obsession. Ils avaient eu raison. C'était leur confiance en lui, leur loyauté, qui avait transformé cette quête en une réussite, pas l'Étoile.

Il pensa à Jed, à son regard brillant de défi, toujours prête à lui tenir tête. À Dean, dont la patience et le sang-froid avaient permis à l'équipage de surmonter des obstacles impossibles. À Howard, Yvan, Luisa, Esmeralda, Eagle… Chacun d'entre eux avait risqué sa vie, non pas pour l'Étoile, mais parce qu'ils croyaient en lui.

Et lui, finalement, avait appris à croire en eux.

Un léger sourire traversa son visage tandis qu'il repensait à leurs derniers moments sur la planète où ils avaient enterré l'Étoile. Ce jour-là, en posant l'artefact dans cette fosse, il avait renoncé à son ambition personnelle pour choisir l'unité de son équipage. C'était une leçon difficile, mais nécessaire.

« L'Étoile était un poids, pas une réponse. »

Il se souvenait encore de l'éclat lumineux de l'artefact, de la manière dont il avait réagi à son toucher. L'énergie qu'il avait ressentie à cet instant était plus qu'un simple pouvoir : c'était une tentation. Une voix silencieuse qui lui promettait de tout changer. Mais il avait résisté, parce qu'il avait compris que le pouvoir véritable ne résidait pas dans l'artefact.

Le véritable pouvoir était dans la loyauté, la confiance, et le choix de faire ce qui était juste, même quand c'était le plus difficile.

Le capitaine se leva et s'approcha du hublot, croisant les bras. Les étoiles scintillaient comme autant de possibilités infinies. Starlight Haven se profilait à l'horizon, et avec elle, une promesse de repos et de célébration. Mais Tony savait qu'ils ne resteraient pas inactifs bien longtemps.

Les défis viendront. Ils viendront toujours. D'autres artefacts, d'autres rivaux, d'autres quêtes impossibles. Mais cette fois, il se sentait prêt.

Tony tourna la tête vers un miroir accroché près du bureau. Le reflet qu'il y vit semblait plus solide, plus ancré qu'il ne l'avait été depuis des années.

« Tu n'es plus seulement un chasseur de trésors. »

C'était ce qu'il comprenait enfin. C'était un capitaine. Un leader. Et son équipage, avec toutes ses forces et ses failles, était son véritable trésor.

Avec un sourire plus affirmé, il quitta la cabine pour rejoindre les autres. L'équipage l'attendait, et il savait que c'était là, avec eux, qu'il trouverait son vrai chemin.

***

Assise dans un recoin tranquille de l'Alcazar, Jed observait à travers le hublot la lumière dorée de Starlight Haven, suspendue dans l'immensité de l'espace. Les rires et les discussions animées de l'équipage résonnaient encore dans les couloirs, mais ici, tout était calme. Ce calme, elle le savourait.

Elle caressa doucement le manche d'un de ses couteaux, un geste presque inconscient, ses pensées erraient entre les souvenirs de leur quête et ce qu'ils avaient laissés derrière eux. La lumière de l'Étoile d'Azura, si vibrante, semblait encore imprégnée dans son esprit, mais ce n'était pas seulement cette lumière qui l'habitait.

« Tu as changé », murmura-t-elle pour elle-même, un sourire ironique effleurant ses lèvres.

Elle savait que ce n’était pas une critique, mais une vérité. Elle n'était plus la jeune mécanicienne impulsive qui, autrefois, considérait chaque problème comme une simple machine à réparer. Cette quête, ces choix qu'ils avaient faits, avaient changé quelque chose en elle, une transformation subtile mais irréversible.

Elle pensait à Tony, à sa décision de laisser l'Étoile derrière, une décision qu'elle avait à la fois respectée et crainte. Tony avait grandi lui aussi. Son regard, autrefois marqué par l'obsession, portait désormais quelque chose de différent : une reconnaissance pour l'équipage qui l'entourait.

Et puis il y avait Dean .

En pensant à lui, son sourire s'élargit légèrement. Il avait été un point d'ancrage tout au long de leur périple, un équilibre face à son propre feu intérieur. Avec lui, elle avait appris à ralentir, à réfléchir, à accepter que certaines batailles ne se gagnent pas par la force ou la vitesse, mais par la patience et la confiance.

« Mais qu'est-ce que ça signifie vraiment ? » pensa-t-elle.

Elle avait toujours été indépendante, refusant de laisser quiconque influencer ses décisions. Pourtant, dans les moments où elle avait hésité ou douté, elle avait trouvé en Dean un soutien précieux, une force différente de celle qu'elle connaissait en elle-même.

Son regard se perdit dans les étoiles.

« Renoncer, ce n'est pas perdre », se dit-elle.

Elle avait toujours vu le renoncement comme un échec, mais en voyant Tony poser l'Étoile dans ce sol froid, elle avait compris autre chose. Ce n'était pas une faiblesse, mais un choix conscient, une décision de privilégier ce qui comptait vraiment.

Pour elle, ce choix marquait aussi une nouvelle ère. L'aventure avait toujours été une échappatoire : une manière de fuir un passé où elle n'avait pas toujours su trouver sa place. Mais aujourd'hui, elle savait qu'elle avait trouvé une famille, une raison d'avancer.

« Tu n'as pas changé, pas vraiment », pensa-t-elle, cette fois en riant doucement. « Tu as simplement appris à t'ouvrir. »

En touchant la surface froide de la vitre, Jed se projeta vers ce qui les attendait. Elle savait que leur vie à bord de l'Alcazar ne serait jamais paisible. Des défis, des ennemis, des mystères : tout cela les rattraperait, encore et encore.

Mais cette fois, elle n'avait plus peur.

Elle se releva lentement, se passant une main sur son visage comme pour chasser la fatigue. Elle se dit qu'il était temps de rejoindre les autres. La voix de Dean résonnait au loin, accompagnée du rire rauque de Howard. Luisa devait probablement cuisiner un bon petit plat à l’équipage.

« Oui », pensa-t-elle, un sourire sincère étirant ses lèvres. « Je suis exactement là où je dois être. »

***

L'Alcazar retrouva enfin la station de Starlight Haven. Ses lumières chaleureuses, mêlées aux flux constants des navettes qui allaient et venaient régulièrement, donnaient à cet endroit une atmosphère animée et familiale.

L'équipage débarqua avec enthousiasme, tous impatients de se retrouver dans leur taverne préférée, Le Nébulosaire. Luisa, rayonnante, échangea une accolade avec Sebastian, le tavernier, qui leur avait réservé une grande table.

— Alors ? Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ? demanda Sebastian avec curiosité.

— On a trouvé bien plus que ça, répondit Tony en levant son verre.

La soirée s’éternisa mêlée de rires, de récits et de promesses d'un avenir plein d’aventure. Jed et Dean partageaient une danse improvisée, sous le regard amusé de Howard et Yvan, tandis qu'Esmeralda et Eagle discutaient de leurs manœuvres audacieuses. De leur côté, Luisa, Joe et les jumeaux jouaient aux cartes avec Sebastian.

Tony, assis en retrait, observait son équipage. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait en paix.

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