- 30 Janvier 1915

 Les trois enfants ont levé le camp quelque temps après le réveille d'Alice, en emportant nourriture, eau et couverture. En somme un bon packtage. Une question reste cependant en suspend, comme un doute insoutenable et c'est Sébastian qui met le feu aux poudres.

<<-Alice ?

-Oui ?

-Quand est-ce qu'on-y-est ?

-Je ne sais pas, demande à ta sœur.

-Elisabeth ?

-Quoi ?

-Quand est-ce qu'on-y-est ?

-Mais j'en sais rien moi !

-Ah... Alice ?

-Oui ?

-On vas où en faite ?>>

 Et voilà, c'est dit.

 A cette question, les trois enfants se stoppent.

 Mais oui, où vont-ils ?

 Elisabeth, devant en bon chef de groupe, réfléchit, Alice, en second, désespère et Sébastian, en dernier donc, panique comme à son habitude.

<<-C'est vrai ça, on vas où ?

-C'est pas vrai...

-Attends tu vas pas me dire qu'on marche pour des queues de cerises ?

-Si.

-Vous savez où on est au moins ?

-Non.

-Donc, on est paumé ?

-Oui.

-Bah voilà, je le savais !>>

 Pendant que Sébastian se lamente et que Elisabeth essaie de le calmer, Alice continue de marcher.

<<-Alice ? Tu vas où ?

-Au bout du monde !>> dit-elle déjà loin.

 Les deux jumeaux se regardent et sourient.

 Cette jeune femme, certes plus âgée mais plus petite, est décidément pleine de surprise.

<<-Et donc, où allons-nous Alice ?

-Peu importe Sébastian, ici ou là-bas, en haut ou en bas, cela est guère important, nous sommes ensemble, c'est ce qui compte.

-Alors allons-y, au bout du monde...>>

-2 Février 1915

 Au bout du monde, au bout du monde c'est bien beau mais quand même.

 Trois jours.

 Il marchent depuis maintenant trois cycles solaires. Pas un sous en poche, les jambes en coton, le morale dans les chaussettes et l'estomac dans les talons, ils continuent d'avancer inlassablement.

<<-Regarder !>> crie Elisabeth << Mais non pas mon doigt !>>

 En effet il y a de quoi regarder. Une très grande ville, avec lac, arbre, petites maisons et surtout une auberge se tient devant eux.

<<-Enfin ! Une ville ! Un lac !>> crie Sébastian.

<<- Des fruits !>> complète sa sœur.

<<-C'est bizarre...>> se dit Alice << Une ville aussi belle ne peut pas exister ici-bas, surtout en plein désert, vous ne trouvez pas les amis ?>> dit-elle dans le vide <<Ah>> glappit-elle <<Attendez-moi !>>.

 Les trois gamins cours. Vers où ? Vers leur paradis pardi !

<<-De l'eau fraiche !

-Excusez-moi...>> dit une voix fluette derrière eux.

 Le trio se stoppent. Une petite fille se tient devant eux.

 Les cheveux roux, le visage inexpressif, c'est forcément une enfant de satan, selon les croyances populaires encore une fois.

<<-Qui êtes-vous ?>> demande-t-elle.

<<-Des orphelins.>> lui répond Sébastian.

<<Mais plus précisément ?>> insiste la rousse.

<<-Des aventuriers.>> lui dit Alice.

<<-Je peux avoir plus d'info ?

-Voici Marie, >> en montrant Alice << Ciel, >> donc Sébastian << Et Moa.>> finit Elisabeth en se pointant.

<<-Toi ?

-Non Moa.

-Moi ?

-Mo-a.

-Mowa ?

-Non, tu prends [MO] tu prends [A] tu mélange et ça donne Moa !

-Moa...

-Voilà !

-Suivez-moi, je vais vous montrer l'auberge...

-Merci !>>

 Epuiser, assoiffer et aillant très mal aux pieds, nos trois héros décident de ne pas discuter et suivent la jeune fille aux cheveux de feu sans faire d'histoire.

<<-Elle s'appelle comment c'te ville ?>> demande Marie (Alice) en changeant sa façon de parler intimant les autres à faire de même.

<<-Rose...

-Rose ? C'est un peu paradoxal non ?Je m'attendais plus à genre cactus ou quelque chose du style pour une ville dans le désert.

-Une ville ne peut pas s'appeler cactus, Ciel. Enfin j'espère.

-Cactus ? C'est à trois jours de marche d'ici, vers le nord...

-Le destin se fout de moi.>> finissent de dire les jumeaux.

 La petite ville dans le désert, portant ironiquement le nom de Rose, est un endroit charmant.

 Il y a de jolie maison en brique, de vert pâturages, des bêtes, une fontaine et une rivière, des chemins de terre entretenus, en bref, quelque chose de fort sympathique. Là, se tient fièrement devant eux une auberge aux poutre apparente rouge bordeaux. Le toit fait de brique rouge est encore plus éclatant grâce aux soleil qu'à l'accoutumer. Les murs, blancs, sont cassés de toute impuretés. En gros, sur la devanture, est marqué en noir "Auberge Des Cinq Piques".

<<-C'est mignon comme auberge.

-Et encore, t'as pas vu l'intérieur...>>

 L'intérieur est en effet très coquet et rustique. Les tables sont en bois ciré. De ce même bois est fait le bar auquel un barman est en train d'écouter un homme accoudé sur le meuble, visiblement saoul, tout en essuyant un verre qu'il doit nettoyer depuis longtemps tellement il brille. Le parquet quand à lui est plus claire que le reste rendant le contraste flagrant. Sur les murs, il y a des peintures, des photos, les menus, des articles de journaux encadrée de l'époque d'avant, des dessins verts de plante sur fond blanc...

<<-Bonjour Molie ! Qui sont ces jeunes gens ?

-Ce sont des aventuriers...>> répond la rousse, Molie de son petit nom.

<<-Bonjour !

-Voici Marie, Ciel et Moa...

-Toi ?

-Non Mo-A...

-Mowa ?

-Non Mo-A...>> dit-elle en soutenant l'espace entre le [MO] et le [A].

<<-Moa ?

-Oui voilà...>>

 Nos trois protagonistes sont partis s'assoir en attendant Molie qui c'est approché du bar pour commander à boire. A voix basse, Elisabeth se pose des questions.

<<-Vous ne trouvez pas ça bizarre ? On arrive dans une ville qui est apparue de nul part, on est directement pris en charge, la ville est belle, verte et a l'air riche alors qu'on est dans un désert pauvre et aride.

-Toi aussi t'as remarqué Eli' ?

-Peut-être qu'on l'avait pas vu, que la gamine est très gentille et qu'la ville est bien entretenue. Soyez pas méfiante comme ça les filles !

-Chut, elle arrive.>>

 Effectivement, Molie dispose sur la tables des verres, des biscuits ainsi que deux carafe en cristal, une d'eau et l'autre de lait.

<<-Allez-y, c'est la maison qui offre...

-Merci Molie !>>

 Alice se servit en lait et biscuit et Sébastian en eau et gâteaux.

<<-Tu ne prends rien Moa ?

-Non merci mais c'est gentil d'être comme ça avec nous.

-D'ailleurs>> commence Alice <<Pourquoi es-tu comme ça avec nous ? J'veux dire on n'se connait pas mais tu nous as pris sous ton aille direct.>>

 Molie les regardes et souris les yeux fatigués.

<<-Vous savez, on m'as toujours dis d'être gentille avec son prochain alors naturellement, je vous ai aidé...>>

 Le barman appelle la rousse. Les enfants attendent qu'elle parte pour parler.

<<-J'trouve ça quand même étrange.

-C'est pour ça les faux noms ?

-Oui j'ai un mauvais pressentiment.

- Au moins si y'a un blème, la police ne connait pas les vrais.>>

 En revenant vers eux, Molie leurs annoncent qu'ils peuvent se promener pour découvrir la ville en visite guidée. Ils acceptent et partent donc en balade.

 La ville est toujours aussi belle avec les toits des maisons en bois multicolores, les roses rouges, blanches et bleus éparpiller, la fontaine dragon et des champs de blés à pertes de vue.

<<-Mais...c'était pas-

-Un désert ? Ah si si...>>

 La rousse et le blond les regardes, perplexes.

<<-C'était pas un désert avant...

-Vous avez halluciné les filles.>>

 Et ils partent devant en rigolant à gorges déployées.

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