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Samedi ! Vive le week-end ! Dehors, tous sont de sortie avec l'objectif d'initier la plus formidable des batailles de boules-de-neige. Pour sa part, Arthur s'est emmitouflé dans le plus gros plaid qu'il est pu trouver. Il sirote un thé chaud en jetant une énième feuille froissée à ses pieds.
Rhaaaa ! Il se prend la tête entre les mains, fixe la feuille blanche comme neige posée devant lui. Elle semble le narguer. Il cherche LA bonne tournure de phrase, le bon mot, le texte approprié pour la personne à qui il veut l'envoyer. Mais... Qui est ce mystérieux correspondant. Ou plutôt, qui est donc ce colocataire involontaire ?
La tête en proie à de nombreux questionnements, il se saisit de son stylo bleu dont il pose la pointe sur le papier, traçant d'une main tremblante un début de réponse « Bonjour, je m'appelle Arthur, merci pour le thé. » Il arrête d'écrire, relit sa feuille comme s'il avait écrit un roman de cinq cents pages... puis la déchire d'un geste rageur ! Les morceaux de papier volent dans tous les sens, tels de petits flocons que Tartiflette s'empresse d'attraper. Il n'en rate pas un seul, quelle agilité ! Arthur s'appuie sur les deux pieds arrières de sa chaise, ferme les yeux en écoutant les miaulements joyeux.
Pas besoin de s'énerver. Après tout, il a été gentil jusque-là. Il en regretterait presque le temps où il était seul dans cette maison. Certes, il s'y sentait étranger, mais au moins il n'avait pas à gérer une mini-tornade ou une présence inconnue. C'est peut-être une araignée géante nichant dans le grenier ? Ou même une colonie d'halfelins voulant lui chiper l'ensemble de ses chaussettes gauches ? Voilà que son imagination lui joue des tours... Surtout que les petits lutins ne prennent que les droites, c'est bien connu. Non. Il doit arrêter de penser ''gentil''. Sa main attrape une autre feuille immaculée et il y écrit la chose la plus méchante qu'il n'est jamais pensé avant d'avoir le temps de le regretter. « Sort de chez moi ! Gros vilain. » Il relis sa lettre, satisfait, tellement satisfait qu'il la montre au chat qui tente de lui griffer la main !
- Miaou !
- Raté ! S'exclame-t-il.
Il a eu le temps de s'entraîner. A présent, il peut esquiver ses attaques ! Tant mieux, car son budget pansement avait explosé depuis le début du mois. Ses doigts peuvent en témoigner.
Il se leva de sa chaise et mit un lourd manteau avant de sortir. Il esquiva pas moins de soixante treize boules mi-neige, mi-glace, sur les huit mètres cinquante séparant sa porte d'entrée de la boite aux lettres. Tartiflette était sur ses talons, nullement incommodé par le froid avec son pelage d'hiver ! Arthur ouvrit l'opercule comme on dresse son épée et y enfourna la lettre comme on met à cuire un gâteau dans un four avant de refermer l'ensemble comme on ferme une porte de citadelle au nez des envahisseurs nordiques.
Satisfait, il se prépare à rentrer chez lui, lorsqu'il vit le regard triste du chaton à son encontre.
- Quoi ?! T’aimerais que je squatte ta litière toi ?
- Miiii....
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