Les idées de chausse-trappes se sont succédé dans l'esprit pervers de la rédactrice.
Après s’être entendu notifier un refus de l'éditeur, elle s’est entendue avec un collègue qui, sans souci des on-dit et des non-dits, a repiqué un des textes qu'il avait rédigés durant le confinement :
Aujourd’hui les gratte-papier travaillent à domicile. Pas un porte-documents en vue. Un unique livreur circule sur son deux-roues, le porte-bagages débordant de paniers-repas.
Les commerçants et artisans ont fermé boutique. Les becs-de-cane ont disparu de la porte des échoppes. Les marchands de primeurs autorisés à sortir leurs étals proposent leurs choux-fleurs, poireaux, artichauts et aulx à une clientèle clairsemée. D'aucuns choisiront des passe-crassane fraîchement cueillies, d'autres composeront un plateau de hors d'oeuvre variés.
Un voisin serviable s’occupe de rapporter les demi-baguettes commandées par un couple âgé et par les grands-parents des jumeaux nouveau-nés en même temps que le quatre-quarts réclamé par les deux demi-soeurs vêtues de leurs jupes pied-de-poule.