L'homme le plus habile est celui qui sait le mieux cacher son jeu (2)

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 Dix minutes se sont écoulées depuis le début de la recherche, j'erre sans but précis, espérant pouvoir trouver la disparue. Kuroshiro, Fuyuno et Kagami cherchent ensemble. Il viennent me voir.

  • Tu ne l'as pas trouvée ? me demande Kagami qui s'inquiète pour son amie.
  • Non, réponds-je calmement.
  • Bien, nous allons continuer à chercher, alors...

Il partent dans l'autre direction. Cela fait dix minutes qu'une soixantaine de personnes la cherchent. Elle aurait déjà dû être trouvée. Elle doit probablement être dans un endroit bien caché.

Réfléchissons... Un endroit bien caché ? Mais j'en connais un ! Celui où je dormais !

 Je me dirige vers cet endroit. Comme prévu, Nakashima s'y trouve. Mais elle n'est pas seule. Un homme visiblement assez robuste la plaque contre le mur, et utilise un chiffon pour l'étouffer. Il doit sûrement y avoir du chloroforme dessus. À peine suis-je arrivé que Nakashima perd connaissance. Il ne m'ont pas remarqué. Je saisis donc mon téléphone et prends une photographie de la scène, cela fera une belle preuve. Le flash a alerté l'agresseur. Celui-ci laisse tomber sa proie et vient me voir, en colère.

  • Qu'est ce que tu fais avec ce téléphone, gamin, hein ?
  • C'est plutôt à moi de vous demander ce que vous faites avec ma camarade de classe...
  • Elle voulait pas écarter les jambes pour moi alors j'ai pas eu l'choix. Maintenant donne-moi ce téléphone et déguerpis ou j'te défonce, t'as compris ?

Je l'ignore et range mon téléphone dans ma poche. Une fois cela fait, je le regarde fermement.

  • Si vous croyez que vous me faites peur, vous vous trompez lourdement. Nakashima est peut-être insupportable, mais elle ne mérite pas ça.
  • Agh tu m'énerves, j'vais te réduire en morceaux !

Il lance alors son poing en avant pour me frapper. C'est avec une grande aise que j'esquive son coup. Il enchaîne avec d'autres attaques qui n'ont aucun effet non plus. Tantôt je l'esquive, tantôt je le pare, si bien qu'aucun de ses poings ne réussit à me toucher.

  • T'esquives bien, sale gamin, mais je vais te tuer !

Il sort alors un couteau et m'attaque avec. C'en est trop, je l'esquive, et avant qu'il ne s'en aperçoive, j'apparais derrière lui. Un coup rapide sur son point de pression à la nuque me suffit à le mettre à terre. Son couteau m'a tout de même fait une légère blessure à la joue. On dirait que je suis rouillé... Je ligote donc le malfaiteur puis prends Nakashima sur mon dos. Je rejoins Kuroshiro, Kagami et Fuyuno qui ont l'air soulagés en me voyant.

  • Yamatori ! Tu l'as trouvée ! Que lui est-il arrivé ?
  • Elle s'est faite agresser par un homme qui lui a fait perdre connaissance mais elle va bien. J'ai ligoté l'agresseur. J'ai aussi pris une photo de la scène comme preuve.
  • Bien joué !

Je regarde alors Kuroshiro d'un air sérieux.

  • Kuroshiro, j'ai un service à te demander.
  • Je t'écoute.
  • Tu peux ramener Nakashima et dire que c'est toi qui l'as sauvée ? Je t'envoie aussi la photo et tu la donneras comme preuve.
  • Ça ne me dérange pas mais tu es sûr ?
  • Si je n'étais pas sûr je ne t'aurais pas demandé...
  • Mais pourquoi tu fais ça ?

Je regarde alors Nakashima qui dort à poings fermés.

  • Eh bien... Cette fille me déteste. Cela aura beaucoup plus de sens si c'est quelqu'un d'admiré comme toi qui la sauve. Et puis je n'ai pas envie que quelqu'un se sente redevable.

Fuyuno a l'air énervée. Elle s'approche de moi et me saisit par le col.

  • Toujours la même chose ! Comme tout à l'heure ! Pourquoi tu as dit que c'est moi qui ai résolu l'équation alors que c'était toi ?!
  • Pour la même raison que tout à l'heure, j'ai pas envie qu'ils viennent sympathiser, et puis j'ai pas besoin des tickets repas.
  • Pff... Je suis sûre que ce n'est pas la vraie raison... dit-elle en me lâchant.

Kuroshiro essaye de revenir au sujet précedent.

  • Bon, je veux bien faire ça pour toi, reprend-il.
  • Merci.

Je lui donne donc Nakashima et lui envoie la photographie. Kuroshiro s'en va alors avec la jeune fille sur son dos et l'apporte aux professeurs. Fuyuno part aussi l'air contrarié en me méprisant. Kagami, quant à elle, s'incline.

  • Merci beaucoup, Yamatori, je ne dirai rien mais je te suis reconnaissante.

Elle s'en va ensuite à son tour. La nuit est maintenant tombée depuis longtemps et il est temps de retourner à l'intérieur.

***

 Comme prévu, Kuroshiro a raconté toute l'histoire en disant qu'il était le sauveur. Les professeurs ont appelé la police qui est venue chercher l'agresseur ligoté. Il semblerait qu'il s'agissait d'un chasseur qui passait par là et qui a été pris de pulsions. Nakashima s'est réveillée et a été mise au courant de toute l'histoire, ainsi que de son sauveur, Kuroshiro. L'heure du dîner, puis l'heure de la douche, sont arrivées. Les élèves sont ensuite allés se coucher. Les filles sont toutes réunies dans une chambre et il en va de même pour les garçons. Ma présence leur est dérangeante. Aussi suis-je sorti. C'est une nuit blanche qui m'attend.

 Dans le hall, je me dirige vers le distributeur de boisson et prends une canette de soda. Je m'assois sur un banc pour la boire tranquillement.

 Personne n'est à l'horizon. Je ferme les yeux et profite de cette magnifique musique qu'est le silence. Plusieurs minutes s'écoulent. Ce moment est probablement le meilleur de cette stupide sortie. Malheureusement, il est troublé par des bruits de talons qui se rapprochent. C'est Akatsuki-sensei qui vient s'asseoir à côté de moi, un café à la main.

  • Qu'est-ce que vous voulez ? demandé-je.
  • Je voulais confirmer quelque chose.
  • Quoi donc ?
  • Ce n'est pas Fuyuno qui a résolu l'équation n'est-ce pas ?
  • Si ce n'est pas elle alors quelqu'un s'est fait passer pour elle. Mais je ne pense pas que ce soit possible...
  • Arrête de jouer à ça. Je sais que c'est toi qui l'as résolue. Je ne te demanderai pas pourquoi tu ne l'as pas dit, mais je voulais te demander une chose.
  • Je vous écoute.
  • Comment tu as fait ?
  • Bah, j'ai juste mémorisé l'écriture de Fuyuno... dis-je d'un air fatigué.
  • Je ne parle pas de ça. Comment as-tu fait pour résoudre une équation que même des étudiants d'université n'arrivent pas à résoudre ?
  • J'ai sûrement eu de la chance... lui dis-je.
  • Réponds moi sérieusement.
  • Désolé mais je ne vous dirai rien. Un professeur n'a pas à se mêler de la vie privée d'un élève.
  • Hmm... Tu n'as pas tort, dit-elle en souriant, mais sois sûr qu'un jour je le saurai.

À ces mots, elle se lève et rejoint sa chambre. On dirait que je me suis fait remarquer... Je reste donc seul, à profiter de ce moment de calme inestimable, jusqu'à l'aube.

***

 Le matin est arrivé. Il est l'heure de repartir au lycée. Avant de monter dans le bus, Kuroshiro m'interpelle avec ce sourire fier et sûr de lui, caractéristique de l'étudiant populaire et intelligent.

  • Yamatori ! Je voulais te dire au revoir et merci ! C'était un plaisir de te rencontrer et j'espère qu'on se reverra !
  • On étudie presque au même endroit alors c'est possible...
  • Oui, j'attends notre prochaine rencontre avec impatience !

Il tente de me serrer la main. Ce genre de choses ne se fait qu'entre amis ou rivaux. Il n'est ni l'un ni l'autre, alors je l'ignore et monte dans le bus.

 Je m'assois à la même place qu'à l'aller. Il semblerait que Nakashima soit encore en retard puisqu'elle a encore dû s'asseoir à côté de moi. Elle a l'air aussi exaspérée que moi de la situation.

  • Salut, Madame la Disparue, dis-je avec sarcasme.
  • C'est pas drôle, l'asocial, heureusement que Kuroshiro était là, c'est pas sur quelqu'un comme toi que j'aurais pu compter...
  • De toute façon je t'aurais pas sauvée...
  • Tant mieux. C'est quoi ce pansement sur ta joue, tu t'es fait bobo ?
  • Ça ne te regarde pas, arrête de te prendre pour je ne sais qui et de me parler sur ce ton, dis-je sèchement.
  • Tss...

Elle s'assoit sans dire un mot. J'ai clos la conversation en beauté. Le voyage s'est déroulé de la même manière qu'à l'aller. Une fois arrivé au lycée, je me suis dépêché de monter dans ma chambre. N'oublions pas qu'il me reste encore un dimanche à passer au calme.

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