Il en a fallu de peu pour que je laisse la tarte aux pommes brûler dans le four! J'en connais un qui aurait passé sa journée à râler!

Ce n'est pas tout, mais maintenant que je suis en retard, il faut vraiment que je me dépêche. J'ai une bonne dizaine de minutes de marche pour arriver au lac, et j'ai rendez-vous dans quinze minutes.

Je cours dans la maison, monte les escaliers quatre par quatre, attrappe le chapeau posé sur mon lit, le panier et le bouquet de fleurs, et dévale les marches en manquant de terminer sur les fesses. Ce serait dommage pour ma jolie petite robe lavande! Je ne l'ai mise que deux fois, et ce n'est sûrement pas comme ça que j'imagine sa fin de vie.

Morte au bout de deux jours à cause d'une chute dans les escaliers qui aurait causé une grosse déchirure irrécupérable? Pour que ma grand-mère me fasse encore la morale pendant des jours et des jours? Hors de question!

Je pose la tarte délicatement au fond du panier, ainsi que deux verres et la bouteille de jus de pomme venant tout droit d'une grande maison bretonne, et me regarde une dernière fois dans la glace.

Presque parfaite... Si seulement j'avais eu le temps de nouer des rubans dans ma longue natte...

Je ferme la porte derrière moi, enfile mes sandalettes, et dévale la pente de la colline, sourire aux lèvres. Avec un peu de chance il sera, lui aussi, en retard! Je n'aurai donc pas à trop le faire attendre! Ce serait merveilleux.