14/08/2021
Suite du 13/08/2021
"Bonsoir."
Un sourire froid et arrogant pour cet individu, et nous passerons vite à autre chose.
"Geoffrey, je te présente Elisabeth, la fille de Charles et Madeleine.
_ C'est un honneur de faire votre connaissance mademoiselle.
_ Tout l'honneur est pour moi."
Je m'incline dans le bon vouloir du protocole et attend patiemment la suite des présentations. Je ne vois pas trop ce qu'il y a à dire, mais bon... Rien ne sera jamais mieux que le paraître ici.
"Comme votre mère a sûrement du vous dire, Geoffrey rentre d'un long séjour en Angleterre, ce qui fait de lui un homme bilingue et plus qu'intéressant. J'ai pris la liberté de vous placer l'un en face de l'autre au repas, j'espère qu'il pourra vous apporter son expérience, et sûrement un peu de culture. Vous ne devez pas connaitre beaucoup de... Choses, à part ce petit pays et votre campagne."
Je n'ai qu'une envie, lui faire avaler sa mousseline sans délicatesse.
"Je vous remercie madame."
Mes talents de comédie me surprennent de jour en jour. J'ai la ferme impression de me surpasser.
"Je vous en prie Elisabeth, mais pitié, arrêtez de m'appeler Madame, j'ai l'impression qu'une de mes femmes de maison s'adresse à moi. Vous pouvez m'appeler Antoinette désormais. Après tout, avec un peu de chance, nous nous reverrons beaucoup plus souvent.
_ Merci Antoinette.."
Nous nous reverrons plus souvent? Niet. Considère que ton neveu me congédie avant même que nous nous ayons adressé la parole pendant plus de dix secondes.
"Nous nous rendons au salon rejoindre les autres dames. Peut-être pourriez vous en profiter pour faire plus ample connaissance?"
Je hoche la tête poliment et ignore le regard de ma mère qui me lance un avertissement : "Sois polie aimable et avenante! Laisse de coté ton caractère de cochon."
Les femmes et mon père quittent la salle, me laissant dans les griffes de l'arrogant aux yeux gris.
Une minute s'écoule avant que Monsieur ne prenne la parole.
"Peut-être voudriez-vous m'accompagner dans les jardins en attendant l'heure du déjeuner?
_ Ce serait un honneur."
J'attrape son bras, et maudis toute la maisonnée. Je vais t'en faire voir, du jardin.
Crois-moi, tu t'en souviendras.
"Alors comme ça, vous n'avez jamais quitté le pays?
_ Jamais.
_ Je trouve cela dommage. Pourquoi donc? N'avez-vous jamais eu l'envie de découvrir autre chose? D'autres contrées? De parcourir les horizons ?
_ Veuillez m'excuser Geoffrey, mais je suis une femme.
_ Et donc?
_ Contrairement à vous autres, les hommes, tout n'est pas accessible aisément.
_ Je vois, je vois. Vous êtes une casanière, n'est-ce pas?"
Au revoir la politesse, je te donne congé.
"Monsieur, avant d'avancer des conclusions et de poser directement un jugement sur ma personne et sûrement sur bien d'autres, renseignez-vous sur notre condition à nous les femmes et ensuite, vous pourrez envisager de parler d'envies. De ce que j'entends, vous jugez bien vite monsieur, et votre arrogance me met à fleur de peau."
Je le dévisage avant de continuer mon discours, et enchaîne pour masquer ma fuite.
"Pour l'instant, je préfère vous fausser compagnie, que vous trouviez une compagne de balade qui saura vous écouter et être à la hauteur de vos propos. Pour le moment, je préfère m'en aller plutôt que de me montrer désagréable. Veuillez m'excuser."
Je me dégage sèchement, et pars à l'opposé de notre position. Goujat.
Quelques minutes plus tard, je me retrouve malheureusement en face de l'Anglais. Les assiettes sont trop peu remplies pour que je puisse m'en servir d'échappatoire.
"Alors ma fille, comment fût cette balade?
_ Fort plaisante, père.
_ L'entendre me rend heureux. Trouvez-vous Geoffrey à votre goût?
_ Je pense qu'il est encore tôt pour tirer des conclusions hâtives, mais je suppose qu'avec un peu de temps nous pourrons faire plus ample connaissance."
Je fixe mon compagnon forcé en prononçant ces mots, et je surprend un sourire amusé.
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