Les livraisons
Il est presque quinze heures, la sonnerie de l’interphone n’a pas retenti ; mon chat ne s’est pas réfugié sous le plaid du canapé. Je n’ai pas été livré, alors que ce mail me dit que si, en fin de matinée. Ils me prennent encore pour un con.
Je ne sais pas ce que c’est, d’être un livreur, mais je l’imagine. Certains doivent adorer jouer les Père Noël du quotidien, conduire un gros camion, se garer en double file, sonner chez les gens et récolter le sourire de celle ou celui qui reçoit son objet convoité. Mais je pense que pour d’autres c’est un bagne, un métier pas choisi, un pis-aller qui fait chier. Oui, mais voilà, ils sont dans leur gros camion, à un feu qui n’en finit pas d’être rouge, et ils maudissent les paquets entassés à l’arrière. Le rythme est infernal, ils sont mal payés, ils n’ont rien à foutre des sourires d’elle ou de lui.
À tous les coups, le livreur a laissé mon colis chez la concierge, afin de mater ses gros nichons et ainsi alléger sa peine. C’est vrai qu’elle en a une sacrée paire, la concierge, mais ce n’est pas pour autant que je vais la voir quand j’ai du chagrin.
Quand j’ai du chagrin, je commande des trucs sur internet.
Annotations