Les ouvertures faciles
Les emballages, les étuis, les écrins, les sachets, tous ces trucs fermés et qu’il faut défaire afin de profiter du produit. Tous ces contenants mous ou à peine rigides, en plastique ou en papier, on aime les défaire, les déchirer, les entailler, les transpercer, avec un outil ou avec les dents, mais ces dames et messieurs du service marketing ont trouvé bien plus pratique, autrement vendeur : l’ouverture facile.
Au début, c’était nouveau, c’était… révolutionnaire ! Alors on l’indiquait en gros sur les denrées, en lettres capitales et de préférence dans un cartouche criard, voire fluo. Regardez, on vient d’inventer l’ouverture facile ! Achetez, achetez et essayez par vous-même, vous n’en croirez pas vos yeux ! Cela va vous changer la vie, puisqu’on vous le dit !
Aujourd’hui, l’ouverture facile est partout, mais la magie a disparu. Nous avons toutes et tous expérimenté l’ouverture facile, et nous en sommes revenus. Nous savons de quoi il en retourne : de la fumisterie. La languette retorse qu’on ne peut attraper sans se casser un ongle. Cette même languette qui rompt avant d’avoir fait son travail. Cet opercule qui part en couille et défigure le beau pacson. Cet autre qui résiste, résiste, lâche d’un coup et envoie valser son contenu sur le carrelage.
C’est de la merde, messieurs-dames du marketing, vous comprenez ? On veut du pratique, pas du facile. On veut de l’essentiel, de l’efficace. On veut faire claquer nos paquets de chips, gicler nos sodas, assassiner nos lardons et maltraiter nos fromages.
Mais ils n’entendent pas, trop occupés à perfectionner leurs poches refermables.
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