Le con in fine
Allo chérie ? Oui c'est moi, qui veux-tu que ce soit ? Je t’appelle parce que je suis au supermarché, là, je me suis dit que ce serait pas con de faire le plein, vu ce qu’ils racontent à la télé. Ouais, ouais, c’est ça… et donc, j’ai pas mal rempli le caddie, de tous les trucs qui me passaient sous le nez. J’ai pris du gel douche et du shampooing, du produit vaisselle et de la lessive, des kleenex, du sopalin, du PQ — trois paquets de vingt-quatre rouleaux, on devrait être tranquille —, la litière du chat, ses croquettes et ses barquettes au saumon, je t’ai pris des magazines et un bouquin de Guillaume Musso — tu l’aimes bien, hein, Guillaume Musso ? —, des cornichons et des olives, du ketchup et de la mayo, du thé, tes infusions à la menthe et la verveine, du café — normal et du déca —, un tas de petits gâteaux dont les galettes que tu aimes tant, des boîtes de thon et de maquereaux… quoi ? Tu préfères les sardines ? J’ai bien fait de t’appeler… je sais que tu n’aimes pas les conserves ni les bocaux, mais j’en ai pris quand même, des quenelles, du bœuf aux carottes, du petit salé aux lentilles, du maïs et des haricots verts… hein ? Quoi ? Des frais ? Pour que je me tape l’équeutage ? C’est niet, merci bien ! Qu’est-ce que je disais… oui, donc, des conserves et des bocaux, asperges et petits pois, tomates pelées, macédoine, après j’ai fait tout le rayon charcuterie, j’ai pris des lardons, des saucisses Herta et du salami, du jambon en dés, du jambon en tranches, des cuisses de poulet et de canard… comment ça, est-ce que je vais te faire tout le magasin, mais c’est pour ça que je t’appelle ! Tu me fais confiance ? Tu devrais pas, je suis sûr que j’en ai oublié… après je suis passé au rayon frais, pour te prendre des yaourts nature zéro pour cent, c’est bien ça ma chérie ? Allo ? Allo ? Putain j'y crois pas, elle a raccroché !
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