Le pique-assiette
Il entre tranquillement par la porte-fenêtre ouverte, la démarche chaloupée comme un top-modèle sur un podium, sans un regard dans notre direction. Sûr de lui, il traverse le salon et file tout droit pour disparaître sans un bruit.
— Tu vas le laisser faire ? me demande ma femme en levant les sourcils.
Je hausse les épaules. Ce n’est pas comme si c’était déjà devenu une habitude. Je quitte le canapé et sur la pointe des pieds, je rejoins la cuisine. Il s’est assis sur un tabouret et me regarde entrer, la tête penchée et les yeux grands ouverts.
— On a quelque chose à lui donner ? je demande à ma femme restée dans le salon.
— Il y a une vieille boîte de thon dans le placard.
— Vieille comment ?
— Vieille genre ça ira bien comme ça.
Alors que j’use de l’ouvre-boîte au-dessus de la table, il me tourne autour et se frotte à mes jambes. Il faudra que je dise un jour à mon voisin que son chat est un sacré pique-assiette.
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