La corvée
Oh non, s’il te plaît, pas encore. Je sais que tu en raffoles — je comprends ton plaisir, j’imagine que tu as du mal à t’en passer —, mais moi je m’épuise, je sature, je ne vais pas résister. Cela ferait combien, la dixième fois ? Non, vraiment, si tu m’aimes, épargne-moi cette corvée. C’est un engagement que je ne peux plus tenir. Moi aussi au début j’adorais ça, je ne veux pas que tu en doutes, mais la rengaine, l’habitude, la monotonie, tout ça a fini par me rattraper.
Je ne renie pas tous les bons moments passés. C’est une belle aventure, bien racontée, pleine de rebondissements et visuellement impressionnante, mais aujourd’hui, dès que j’entends ce petit air de flûtiau, j’ai envie de me crever les oreilles. Je souhaite arracher les yeux de tous les personnages, je savoure la souffrance de chacun d’eux. Je m’enivre de leurs pieds endoloris, de leur peau cuite et crasseuse, de leur raison déclinante, et je rage lorsque tout s’arrange. Et cette fin qui n’en finit pas ! Par pitié, envoyez le générique !
Tout ça pour te dire, mon amour, que je t’en supplie, ne m’oblige pas une fois de plus à visionner le Seigneur des Anneaux.
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