Violet

3 minutes de lecture

Elle n'était plus qu'une âme errante dans ce monde moderne. Elle avait abandonné tout effort de se fondre dans la masse en s'inventant une vie. Elle s'était lassé de l'humanité qui répétait ses erreurs inéluctablement, écœurée par la nature profonde de l'Homme qui le mènerait à sa perte.

Et de ce qu'elle était devenue elle même, qu'en pensait-elle? Était-elle atteinte par le même mal ?

Elle aimait sombrer dans les méandres de sa mémoire,pour y retrouver ne serait-ce ce qu'un bref instant, où elle n'avait pas ressenti cette rage immense et ce dégoût violent... Mais c'était peine perdue!

Assisse au bord du toit d'un immeuble surplombant la ville, les jambes se balançant doucement dans le vide, elle observait celle-ci plonger dans sa version nocturne. La nuit révélait les peurs des uns, les dérives des autres, et la noirceur de certains...

Elle inspira et ferma ses yeux. Elle écoutait les bruits du centre ville et sondait le cœur des habitants. Une image multicolore prenait forme dans son esprit tel le dessin obtenu par un kaléidoscope, au travers duquel seraient filtrées les âmes.

Elles s'accrochaient à leurs vies insignifiantes et de plus en plus dénuées de sens et de compassion. Doute, Rancoeur, Colère, Jalousie, Peine, Douleur, Envie, Désarroi, Anxiété, Excitation, Tristesse, ... Elle soupira et cessa d'énumérer toutes les émotions et sentiments négatifs. Elle attendait qu'une couleur surgisse de cette suite rapide de vives et diverses émotions.

Une multitude de couleurs fusait dans son esprit et illuminé sa propre noirceur. Un éclat léger violet s'insinua dans le dessin qui tournoyait sous ses yeux clos. Toutes les autres couleurs disparurent par sa seule volonté et elle se concentra sur ce violet profond et brillant variant du bleuâtre ou rougeâtre.

Elle installa son casque sur ses oreilles. La musique était une des seules choses qu'elle supportait encore...

La chanson de Valérie Broussard , Killer retentit dans le casque ... « Is if I am a Killer too ... Walking all alone , you know its okay ... » chantonnait-elle quand elle donna une légère impulsion avec ses mains sur le rebord du toit et se laissa glisser le long de la façade du bâtiment.

Ses pieds rencontrèrent en douceur l'asphalte, et elle s'élança dans les rues sombres, où à cette heure tardive se mêlaient des odeurs d'ordures, et d'urines.

Elle arriva dans une rue plus fréquenté car elle abritait de nombreux clubs prisés de la ville. La rue était pleine de vie, des files se formaient devant les entrées , des éclats de rire perçaient dans le brouhaha des diverses conversations qui animaient les fêtards. Des flagrances d'alcool, de parfums, et de sueurs planaient dans l'air, légèrement dispersées par la brise qui venait de la mer voisine de la cité.

Elle ne prêtait attention cependant qu'à la lueur violette remontant la rue, alors que des pensées malsaines et abjectes s'incrustaient dans son propre esprit et la guidait au milieu de la foule.

Elle ralentit son pas quand une jeune femme blonde ,dont les formes étaient sublimées par une tenue bleue scintillante , passa devant elle. Leurs regards se croisèrent. L'instinct de la pulpeuse blonde lui soufflait d'accélérer le pas, la peur qui s'insinuait dans ses veines lui aboyait qu'elle était en danger. Les pulsations martelantes de son cœur tenaient en alerte son esprit embrumé par les boissons qu'elle venait de consommer pour fêter l'anniversaire d'une amie. Elle ne prêta aucun intérêt au regard qu'elle venait de croiser, pressée de fuir ce qui la chassait, de se retrouver dans un lieu plus sûr.

Il était là à quelques mètres, titubant entre les passants, en bousculant quelques uns quand le prédateur qu'il était ne voyait plus sa proie. La dernière image qui s'imprima sur sa rétine était ce regard noir sans fond où ondulaient des flammes bleutées . Ce regard qui avait cherchait le sien pour s'y accrocher l'espace d'un instant fugace. Le temps qu'il avait fallut à une brune élancée de le frôler avant de poursuivre sa route. L'avait-elle touché ? Une douleur grandit dans sa poitrine, sa respiration devint brûlante, sa vision se troubla. Il heurta le sol brutalement. Il crut l'entra percevoir penchée au dessus de lui avec un sourire satisfait dessiné sur ses belles lèvres fines. Puis la vision se dispersa comme de la brume dissipée par le vent. Son cœur cessa alors tout simplement de battre. Il n'était plus.

Des cris retentirent, des personnes se précipitèrent vers l'homme qui venait de s'écrouler sur le bitume. Une jeune femme blonde se retourna attirée par les bruits, et elle ne saurait l'expliquer mais la simple vue de cet homme étalé sur la route, la fit soupirer de soulagement. Et elle reprit d'un pas plus confiant le chemin vers son domicile. C'était fini!

Une silhouette élancée à la longue chevelure noire comme une nuit sans étoiles disparue au coin de la rue.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Aude Luciole ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0