Chapitre 5

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Cette rencontre avec la déesse Artémis m'avait complètement médusée. Je m'assis donc au pied de l'arbre, près duquel j'étais postée. J'aurais tellement voulu que mon père soit là pour me réconforter et me rassurer, mais je ne savais pas comment je pouvais le contacter. Les enfers ne possédaient ni de réseau internet ni de réseau téléphonique malheureusement.

Je restai là, l'air hagard, à attendre. Quoi ? Je n'en avais pas la moindre idée.

Je me tenais la tête entre les mains, dépitée. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire pour me dépêtrer de cette situation.

Décerto m'avait à plusieurs reprises mise en garde. En aucun cas, je ne devais m'aventurer dans la forêt de Sam Houston, le terrain de chasse favori d'Artémis. Cette dernière avait parfaitement raison, même si elle ne me connaissait pas, j'étais une idiote.

Aveuglée par la fureur, je n'avais pas regardé où menaient mes foulées et à cause de cela mon secret venait d'être dévoilé.

J'avais perdu ma couverture, celle qui me permettait de passer inaperçue et d'aller où bon me semblait sans crainte. Décerto avait entièrement raison, je représentai un danger pour elle et Zéphyr...

« Allé Hestia ressaisis-toi », me souffla ma conscience, « elle t'a prise pour ta mère, elle ne sait pas encore que tu es la fille d'Hadès. Rien n'est perdu ! »

Je me secouais, elle n'avait pas tort. C’est pourquoi, je décidais de me rendre chez mon amie, la nymphe Rallyeso avec qui j'allais au lycée.

En fait, j'avais besoin d'une bonne douche et de vêtements propres. Après cette épopée, je ne sentais plus la rose et il était hors de question que je rate les cours. Eh oui, c'était sacré pour moi d'aller au lycée. Non, je n’étais pas bizarre voyons...

Je parcourus les bois en sens inverse, mais cette fois-ci avec les idées claires. Destination le centre-ville de Houston qui se situait à cinq kilomètres de là ou je me trouvais et j'y allais en… courant. Eh oui, rien de tel qu'un jogging matinal pour garder la ligne.

Par le Tartare, je divaguais…encore !

Danaos, mon cher coureur de jupons, et elles étaient mes seuls amis. On pouvait dire que j'étais une personne solitaire et pas très sociable d'ailleurs. Cependant, je pouvais être moi-même quand je sortais avec eux. Il ne s'agissait pas d'être Hestia la timide lycéenne sans problème, mais Hestia la volcanique fille d'Hadès.

À quoi bon me faire des amis humains, si je devais à chaque fois être tracassée par mes moindres faits et gestes. Avec mes camarades surnaturels, j'étais sereine, ils connaissaient mon secret qui n'était sûrement plus si secret que ça à l'heure actuelle.

Sur le chemin, je repensais à la dispute qui avait éclatée entre Décerto et moi. Comment un simple réveil avait pu déclencher un tel chaos ? Cette puérile chamaillerie n'aurait pas dû avoir lieu. Mais c'était arrivé et comme lors de chaque coup d'éclat des mots qui faisaient mal avaient été prononcés. Mon cœur, ce pauvre organe que ma cage thoracique était censée protéger, avait été poignardé lâchement et il en pâtissait grandement. En soi, le motif de mon mal-être était peu crédible, mais quand il était occasionné par une personne qui vous est chère, c'était douloureux. D'autant plus, que cela fait plusieurs fois que j’ai constaté dans les yeux de Décerto qu'elle en avait assez. Tout comme moi, elle était lasse de devoir se cacher constamment. Sa vie d'antan lui manquait, vivre hors de la forêt lui pesait. Son être entier me le reprochait lorsqu'elle s'adressait à moi. Il me disait : « Tout est de ta faute ! Tu nous mets en danger ! VA T'EN ! ».

Mais pour aller où ? En enfer auprès de mon père ? Impossible, ma naissance devait rester un mystère. Rester seule sur terre et vivre en solitaire ? Très peu pour moi ! Je devais impérativement avoir une conversation avec mon géniteur. Je ne pouvais plus vivre dans l'expectative et la peur d'être découverte. Personne ne devait vivre ainsi. J'en avais plus qu'…

« ASSEZ ! » me dit ma conscience, « inutile de t'apitoyer sur ton sort ! »

Je soupirais honteusement. Comme à son habitude, elle avait entièrement raison. Partout, dans le monde, il y avait des personnes qui vivaient dans la pauvreté sans jamais se plaindre, malgré leur existence miséreuse. J'avais la chance d'avoir un toit pour m'abriter, de la nourriture pour me sustenter et un père pour m'aimer. Eux ne l'avaient pas ! Je devais arrêter de me plaindre et profiter de ce que la vie voulait bien m’offrir, c'était simple.

Ma course se termina enfin, lorsque je vis la tour dans laquelle résidait mon amie la nymphe. L'immeuble comptait quinze étages et elle habitait au treizième. Eh non, ce n'était pas un chiffre porte malheur, au contraire. Depuis qu'elle y logeait, il n'y avait que du positif dans sa vie. J'allais donc quémander un peu de bonheur en cette journée qui avait mal démarré.

Je frappais du poing à la porte et celle-ci s'ouvrit presque immédiatement sur un charmant garçon… Oh non, c'était bien ma veine d'arriver au moment où la croqueuse d'homme avait frappé !

—Euh salut, bredouillai-je gênée en faisant un geste de la main au beau gosse. Rallyeso est là ?

Puff question idiote, c'était son appartement quand même. Le bel homme s'adossa nonchalamment au mur en me dévisageant, un sourire énigmatique au coin des lèvres.

Grrr, c'était vraiment mon jour. Qu'est que j'avais à la fin ? Une verrue sur le nez ? un affreux bouton sur le menton ? Une feuille de salade entre les dents ? Je ne sais pas moi, j'en avais assez de me faire dévisager !

Le sublime mâle en face de moi, sourit de toutes ses dents. Avais-je omis de préciser qu'il était torse nu ? Sûrement ! Mes yeux ses traîtres ne cessaient de dévier vers ses abdos très appétissants. On pouvait même voir une goutte d'eau qui dévalait lentement… STOOP ! J'obligeais mes yeux à regarder ses mirettes d'une magnifique couleur mordorée. Il mit enfin un terme à mes pensées libidineuses.

—Elle est sous la douche. Si tu veux, tu peux entrer pour l'attendre... ???

—Hestia... c'est euh... mon nom bafouillai-je timidement. Non mais plus pathétique que moi, il n’y avait pas. Je suis l'amie de Rallyeso, on va ensemble au lycée.

Il s'inclina et me la main pour me faire un baisemain. Par le tartare !

—Mucho gusto bella Hestia, moi, c'est Apollon le nouveau soupirant de ta charmante amie. Je vois qu'elle fréquente de délicieuse créature susurra-t-il avec une lueur prédatrice dans le regard. Ton prénom est tout à fait charmant, fait-il référence à la Reine Hestia, sœur de Zeus ?

Il pencha la tête sur le côté en prenant une moue interrogative. Je restai figée un moment, puis, mon cerveau eu comme un tilt et je compris. Que Charybde et Scylla m'avalent ! Il s’agissait du frère jumeau d’Artémis, le Roi du Soleil.

Il s'approcha de moi afin d'attraper mon bras pour m'attirer à lui. Il huma ensuite mes cheveux tel un fauve. Un frisson de peur parcourut mon corps. Qu'allais-je bien pouvoir faire pour me délivrer de cette situation. J'essayais de me dégager en vain. Sa main était comme ancrée à mon pauvre bras. Avait-il compris ?

—Lâchez-moi, m'exclamai-je sèchement, vous me faites mal !

Mais il ne desserra pas sa prise de fer au contraire.

—Hum, petite fleur ne t'inquiète pas, j'essaie juste de déterminer ce que tu es... Mais tu ne réponds pas à ma question, pourquoi t’appelles-tu Hestia comme la fille aînée de Cronos et Rhéa ? Personne n’a le droit de porter le prénom d’un des six.

Je secouais la tête dans tous les sens, mais il me sera encore plus fort contre son torse en enfouissant son nez dans le creux de mon cou. Mais pourquoi me posait-il toutes ces questions sur mon prénom. Je ne voyais pas où était le problème, beaucoup de personnes possédaient le même prénom et ils n’en faisaient pas tout un plat ! Que cela soit un nom appartenant à l’un des six ou pas !

Mais le pire dans tout cela, c'était qu'il allait découvrir qui j'étais. Il était puissant, il suffisait qu'il lise dans mes pensées pour savoir mon secret. Et après, il irait le raconter à Zeus il en était hors de question ! Si je devais me battre pour m'échapper, qu'il en soit ainsi. Je décidai donc de mettre en pratique mes cours de combat. Eh oui, en plus de la danse, je m'exerçai à la self-défense, c'était toujours utile. J'ancrai bien mes pieds au parquet, pris une grande inspiration, me penchai vers l’avant, genoux pliés, j'attrapai son bras gauche et j'utilisai ma prise préférée : la projection au sol. Apollon, qui ne s'y attendait pas du tout, valsa à travers l'appartement et atterrit avec fracasser la table basse qui se brisa. Paix à ton âme la table.

Je ne lui laissais pas le temps de reprendre ses esprits et me précipitai vers la cuisine pour saisir un couteau et hurler à plein poumon :

—Rallyesoooooo, ton copain m’attaque. Si tu ne sors pas immédiatement de cette salle de bain, je vais commettre un meurtre !

Les voisins devaient sûrement halluciner avec tout le tapage que l'on faisait...

Mon ravisseur se releva prestement, un rictus carnassier étirant ses lèvres. Il était à la fois effrayant et beau. En même temps, c’était le seigneur du soleil, il ne pouvait qu’être superbe puisqu’il représentait la lumière.

—J’aime les femmes qui ont du caractère ma belle, mais tu ne m’échapperas pas, je suis trop puissant pour toi.

Il se téléporta, mais j’avais anticipé son geste et je m’étais déplacée, sauf qu’il avait suivi mon mouvement. Il attrapa mes hanches, mais je fis volte-face et lui envoyais un coup de pied aux genoux. Il ne flancha pas et me propulsa à terre, sa force était surhumaine, je ne faisais pas le poids. Je me débattis, mais il me maintenait fermement au sol.

—Mais vous allez me laisser tranquille à la fin ! Vous n’avez en aucun cas le droit de m’agresser de la sorte ! braillai-je à sa figure.

Rallyeso décida de ce moment pour enfin de sortir de cette foutue salle de bain. Elle avisa la situation dans laquelle je me trouvais, et commença sa comédie mélodramatique.

—Apollon mon chou, je pensais sincèrement que tu tenais à moi, pleurnicha-t ’elle en s’effondrant sur le canapé, et je te surprends avec ma meilleure amie. Comment tu as pu me faire ça ?

Non mais elle était sérieuse là ?

—Mais non mon Hortensia, ne t’en fait pas, j’essaie juste de déterminer qui elle est. Je préfère les femmes expérimentées comme toi pas les petites vierges effarouchées, lui déclara t'il.

Moi une vierge effarouchée, j’allais lui montrer de quel bois je me chauffais ! Avant d'avoir pu faire le moindre mouvement, je fus interrompu par Danaos qui entra en trombe dans l’appartement le regard étincelant de rage. Ce dernier habitait à l’étage en dessous de celui de Rallyeso, il devait avoir été réveillé par tout le bruit que ma lutte contre Apollon avait occasionné.

—C’est quoi ce boucan ? Vous allez réveiller les morts si vous continuez à …

Ses yeux s’agrandirent d’effroi en me voyant étalée par terre en dessous d'un Apollon fou de rage, il venait de comprendre que j’étais dans la moise totale.

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