Chapitre 19
Je ne me suis pas relue, comme d'habitude ;)
Cela faisait une semaine que je n’étais pas sortie, Décerto me l’avait interdit. Je n’avais même pas le droit d’aller dans le jardin, alors que mon père a renforcé les protections avant de retourner en enfer. J’avais l’impression d’être emprisonnée dans une cage dorée, tel un oiseau apprivoisé.
J’étais privée de tout, même de mon téléphone et de mon PC. Pourquoi ? Tout simplement parce que selon ma chère Décerto c’était trop dangereux. Il risquait à tout instant de m'envoyer une autre créature, s'il savait que j'étais toujours en vie. Pour justifier mon absence au lycée, un faux certificat médical, faisant part d'une maladie infectieuse, a été délivré. Puf, j'allais devenir malade d'ennui à force. Le pire c'était que je n'avais même pas pu parler à mes amis, alors que j'avais beaucoup de choses à leur dire.
Je squattais donc la télévision pour dire d'avoir une quelconque liberté en voyant la vie des gens, qui eux pouvaient sortir !
Aux informations, ils avaient parlé d’un tueur en série sataniste pour justifier le carnage qui avait eu lieu à la villa, sauf qu’il s’agissait d’une créature fantastique. Par ailleurs, j’avais appris qu’un massacre sans nom avait été commis à Hawaï, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : Python avait commis bon nombre de tueries avant de me trouver. Cela me désolait encore plus.
—Je devais m'en assurer de mes propres yeux ! Je sais que Décerto nous a interdit de te voir, mais je m'en fiche complètement ! Après l'épreuve que l'on a traversée te priver de tout contact extérieur est injuste ! déclara Dano avec flegme.
Je penchais la tête sur le côté en affichant un air contrit.
—Dano, ce qu'il s'est passé c'est à cause de moi, tout est de ma faute, m'exclamai-je avec tristesse.
Il me bâillonna la bouche à l'aide de sa main.
—Non ! Tu n'y es pour rien ! Et s’il ose encore t'envoyer l'un de ses sbires, je serai là pour te protéger !
Je secouais la tête dans tous les sens, c'est moi qui devais les protéger lui et Rally. Pour ce faire, l'éloignement était ma meilleure option, ainsi ils n'encouraient aucun risque.
—Dano, le mieux pour toi c'est de ne plus venir me voir. C'est beaucoup trop dangereux. Ne me contacte plus, tu t'en porteras mieux !
Je baissai les yeux sur mes pieds, car il m'était impossible de le regarder en face sans verser quelques larmes.
—Hors de question ! s'exclama-t-il en tapant du poing sur l'encadrement de la porte.
Son éclat ne me fit ni chaud, ni froid et je relevai la tête pour le fusiller du regard.
—Je ne veux pas avoir d'autres morts sur la conscience ! Et surtout pas celles de mes amis et de ma famille, je ne le supporterait pas ! fis-je en lui martelant le torse avec mon index.
Ses prunelles s'adoucirent et il tenta de me ramener contre lui, mais je n'avais pas fini ma tirade.
—Je fais des cauchemars sur Python, sur ce qu'il s'est passé ce jour-là, sur tous ces gens qui sont morts de manière brutale et injuste. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment !
J'agrippai mes cheveux des deux mains et continuai :
—J'ai mal Dano ! Mal au cœur, mal au ventre, mal à la conscience. J'ai surtout mal pour vous, pas pour moi ! Votre existence ne sera plus pareille, parce que vous me connaissez.
Je pris une grande inspiration avant d'ajouter :
— J'ai une épée de Damoclès qui plane au-dessus de ma tête. Si mon oncle apprend que je suis vivante, il s'en prendra à ceux qui me sont chers et enverra un autre de ses monstres.
Je faisais les cent pas le long du porche en déclamant mon discours. Il devait comprendre, c'était impératif !
—Hestia, je te protègerai ! je t'en fais la promesse ! m'annonça-t-il en me saisissant par les épaules.
—Non ! C'est moi qui doit vous protéger ! Il vaudrait peut-être mieux que je m'en aille et...
Une voiture qui passait dans la rue klaxonna nous faisant tous les deux sursauter. Danaos profita de cet instant pour me pousser dans le vestibule de la maison, claquer la porte et me plaquer contre celle-ci.
Ses lèvres n'étaient qu'un un souffle des miennes. Encore quelques centimètres et elles se toucheraient. Il caressa des mèches qui s’était échappées de ma queue de cheval et attrapa mes poignets pour les mettre au-dessus de moi, m’empêchant ainsi de le toucher.
—Dano, que fais-tu ? lui fis-je remarquer la respiration saccadée.
Il me regarda avec une telle intensité que je détournai mes yeux, les joues rouges. Sa bouche effleura ma joue et continua son chemin vers ma mâchoire pour ensuite bifurquer du côté de mon oreille. Il en mordit le lobe et je hoquetais de surprise. Par le Tartare, il voulait que je me liquéfie sur place.
—Dano, je ne crois pas que …, tentai-je, sauf qu’il m’interrompit en posant un doigt sur mes lèvres.
—Pas un mot Hestia, détend toi ma belle, susurra-t-il en me souriant d’un air séducteur.
—Mais, je …
Il me bâillonna à l’aide de ses lèvres. Ce fut bref, néanmoins intense. Sa bouche avait la saveur de la cannelle. Avant que je ne puisse vraiment apprécier ce baiser, il se recula.
—Je compte bien terminer ce que nous avons commencé à mon anniversaire.
Sa voix était devenue rauque et très sexy.
Il détacha l’élastique qui retenait mes cheveux et il se répandirent tels des fils soyeux sur mes épaules.
Il me regarda, une moue émerveillée, s’affichant sur son visage.
—Tu es si belle et tu ne t’en rends même pas compte, murmura-t-il, en me caressant la joue.
—C’est gentil, répondis-je avec timidité.
—Non ce n’est pas gentil, ce n’est que la stricte vérité ! Tu es différente des autres. Tout chez toi est authentique et ça me plait ! Je te le répète, tu es belle, quoi aient dit ces stupides humains !
Il arrêta son discours, attrapa mon menton et m’attira à lui. Ses lèvres s’écrasèrent avec passion contre les miennes. Ses mains parcourent mon corps et s’agrippèrent à mes hanches. Il me plaqua contre lui et émit un grognement qui fut avalé ma bouche. Je n’arrivais même plus à penser de manière cohérente, tout était chamboulée dans mon cerveau. Des frissons parcoururent tout mon corps, me faisant soupirer de plaisir. J’étais devenue de la lave en fusion, je bouillais. L’atmosphère avait changé d’un coup, elle était passée du froid mordant de l’hiver, à la canicule de l’été. Sa langue tenta de se frayer un passage entre mes lèvres et je reculai en panique. C’était en quelque sorte mon premier vrai baiser et je ne savais pas comment réagir, face à lui. Il était expérimenté et j’avais peur de paraître maladroite.
Dano passa la main dans ses cheveux en tentant de reprendre son souffle. Il darda ensuite ses pupilles dorées qui s’étaient assombries dans ma direction.
—C’était merveilleux Hestia ! Je n’ai pas les mots pour décrire ce que nous venons de faire.
Je jouai avec le bord de mon t-shirt mal à l’aise et ne savant pas quoi lui répondre.
—Oui, c’était cool !
Il haussa les sourcils et s’esclaffa.
—Alors, celle-là, on me l’avait jamais faite ! Tu n’as pas de honte à avoir sur ce qu’il vient de se passer, ma belle, tu as le droit d’avoir apprécié.
En fait, j’avais adoré jusqu’au moment où il avait sorti sa langue, j’avais trouvé ça répugnant. Mélanger nos salives, non merci.
—Euh, j’ai bien aimé, sauf ta langue je trouve ça dégueu, expliquai-je avec un air désolé.
Il fut étonné par ma remarque et vexé aussi. Pour ne pas le froisser outre mesure, je décidai de m’excuser.
—Je suis désolée Dano, mon but n’était pas de te critiquer. J’essaye juste de justifier mon soudain recul.
—C’est dommage Hestia, car c’est ce qu’il y a de mieux dans un baiser : faire valser nos langues dans une danse langoureuse, répliqua-t-il un brin hautain.
Je croisai les bras sur ma poitrine et tapai du pied. Je me sentais gourde maintenant.
—Oui, beh je ne suis pas habituée comme toi ! C’est mon premier vrai baiser, répliquai-je vexée par sa petite pique.
Non, mais il se prenait pour qui sérieux. Je n’avais pas apprécié sa réaction plus que prétentieuse. Je pivotai et me dirigeai vers la cuisine pour boire un verre d’eau, j’avais la gorge sèche. Deux puissantes mais me soulevèrent du sol et m’emportèrent pour me placer sur l’ilot central. Danaos plaqua ses paumes de part et d’autre de mes hanches. Je gardai le menton dressé en signe de défi. Monsieur voulait jouer au mâle alpha, alors nous allions jouer. Il s’avança plus près, jusqu’à ce que son nez touche le mien.
—Tu es mignonne quand tu boude, petite danseuse, me souffla-t-il au creux de l’oreille.
—Je ne boude pas ! Je suis fâchée contre toi ! J’ai essayé d’être la plus claire possible en t’expliquant ce que je n’avais pas apprécié dans ce baiser et toi tu te fous de moi ! Si tu veux une fille expérimentée, la porte est ouverte je ne te retiens pas ! lançai-je en lui désignant le porche d’entrée.
Il pencha la tête sur le côté et me scruta.
—Le problème qui se pose, ma douce Hestia, fit-il ironique, c’est que les autres filles ne m’intéressent pas, c’est toi et toi seule que je veux !
—Ah oui !? Qu’ai-je fais pour obtenir l’attention du plus célèbre coureur de jupons du lycée ?! dis-je hautaine en haussant les sourcils d’une stupéfaction feinte.
Il porta une main à son cœur en affichant une mine blessée, mais je savais qu’il faisait semblant.
—Touché ma belle. Je te propose de recommencer et cette fois-ci c’est toi qui prend les commandes, prononça-t-il en enroulant une de mes boucles ébènes autour de son doigt.
Je mordillai ma lèvre inférieure en méditant sa proposition.
—Hum, je ne sais pas, je crois que j’en n’ai plus envie.
Il fit ses yeux de chat Potté et je ris en ébouriffant ses cheveux.
—Dano, je me sens très gauche face à toi, je ne sais pas comment faire, lui annonçai-je faiblement.
—Fais comme toi tu le sens et tout ira bien, ma belle danseuse.
Ses lèvres vinrent caresser ma mâchoire avec délicatesse, c’était bon, d’être choyée de la sorte. Je pris mon courage à deux mains et saisis son visage en coupe. J’embrassai avec douceur sa bouche tentatrice, il avait une barbe de trois jours qui me chatouillait la peau et me procurait d’agréable frissons de plaisir. Cette fois-ci je laissais sa langue se frayer un passage afin de rejoindre la mienne. Danaos grogna contre ma bouche et je me laissais aller dans ses bras.
Cet instant était magique, mais toutes les bonnes choses ont une fin.
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