Chapitre 26

7 minutes de lecture

Danaos

—Cela fait une semaine qu’elle est dans cet état végétatif proche de la mort, explosai-je en direction de Rallyeso.

—Nous devons patienter ! Elle est en train de se battre pour la vie et crois moi, notre amie ne va pas lâcher l’affaire, elle voudra se venger ! répliqua-t-elle avec hargne.

Je passais les mains dans mes cheveux, je détestais être ainsi impuissant. Ne rien pourvoir faire pour elle, me rongeai à chaque instant. Je poussais un soupir de frustration et retournais au chevet de la belle endormie. Je pris l’une de ses mains et la caressai avec douceur.

—Hestia, réveille-toi s’il-te-plait, la suppliai-je.

Ses joues étaient creusées, son teint était livide à cause de sa lutte contre le venin. Néanmoins, elle restait magnifique même en étant souffrante. J’avais peur qu’elle ne s’éteigne avant que je n’ai pu lui exprimer mes sentiments. Elle n’était pas comme les autres filles qui n’avaient aucune personnalité et sa différence me plaisait à un point inimaginable. Malgré le fait qu’elle avait un sale caractère et qu’elle avait tendance à bouder comme une gamine, je l’aimais…

Au début, il s’agissait d’un amour fraternel et au fur et à mesure des années, cela c’était transformé en quelque chose d’encore plus puissant. Elle était ma moitié, la seconde partie de mon âme. À chacune de ses représentations j’étais présent, caché dans l’ombre. La voir se mouvoir avec une telle grâce, une telle intensité m’émouvait. Quand elle dansait, elle s’épanouissait telle une fleur. Rien ni personne ne pouvais l’atteindre, elle était dans sa bulle hermétique. Son allure, sa force, sa détermination son intelligence et son courage faisait qu’elle était une femme exceptionnelle qui accomplirait de grande chose.

Face à elle je me sentais lamentable et inutile. Ma mère ne m’avait légué aucun de ses pouvoirs car seules les filles pouvaient en hériter. Par contre, ma force, ma rapidité et mon habilité au combat dépassait celle des humains. Après réflexion, elle m’avait quand même offert une grande qualité propre aux nymphes : ma belle gueule.

Cette prétentieuse pensée me fit sourire, mais je déchantais rapidement en voyant qu’Hestia commençait à s’agiter. Des gémissements aigus s’échappaient de sa gorge et elle était en proie à une douleur intolérable.

Rallyeso en entendant les plaintes de son amie rappliqua très vite pour tenter d’apaiser ses souffrances grâce à sa magie. Elle n’y parvient pas et Hestia se mit à convulser avec une telle violence que je crû que sa colonne vertébrale aller céder. Je plaquai son corps trempé de sueur contre le matelas afin d’éviter qu’elle ne se fasse mal. Sa blessure au bras ne voulait pas guérir malgré les nombreux cataplasmes que Rallyeso lui avait appliqué.

Elle m’adressa un regard suppliant et la rage grimpa, car je savais ce que cette supplique signifiait. Je lâchai la pression que j’exerçai sur Hestia et répondis :

—Non ! mon ton était implacable.

—Mais Danaos, il est notre seule chance de la sauver sinon elle va mourir.

Ma colère atteint un paroxysme jamais inégalé et je fracassais le miroir qui se trouvait sur mon chemin.

—Tu m’as déclaré, il y a peine une heure qu’elle survivrait, car c’était une guerrière et maintenant tu oses me dire qu’elle va mourir ! braillai-je à sa face.

Elle secoua sa tête et des mèches rousses s’échappèrent de sa coiffure venant caresser son visage aux traits fins. Ses opales irradiaient d’une fureur que je ne lui connaissais pas.

—Je ne savais pas que Hestia allait refaire une crise. Cela fait deux jours qu’elle est dans un était stable et il vient de se dégrader, riposta-t-elle en retour.

Je m’éloignais pour essayer de me calmer et arpentai le salon d’un pas rageur.

—Je ne lui fait pas confiance ! Tu oublies qu’il est son fils ! Si tu fais appel à lui soit il va achever Hestia, soit il te demandera quelque chose en retour et il en est hors de question ! assenai-je avec virulence.

Rally s’avança vers moi et me pris par les épaules.

—Danaos, regarde dans quel état elle se trouve ! Elle ne tiendra pas plus longtemps, le poison la ronge ! réfuta-t-elle avec assurance et détermination.

J’agrippai le fauteuil qui se trouvait près de moi jusqu’à ce que le sang ne circule plus dans mes doigts. J’étais face à un dilemme et je devais peser le pour et le contre. D’un côté Rallyeso faisait appel à Apollon et il sauvait Hestia, de l’autre côté il l’a tué. Le désespoir faisait faire des choses dangereuses aux gens, des choses qu’elles n’auraient pas faites en temps normal.

—Appelle-le, fis-je d’un ton las, et advienne que pourras.

—L’Olympe sois louée, s’exclama-t-elle.

Sans plus attendre elle attrapa le pendentif qui ne la quittait jamais. Elle s’agenouilla sur le sol, ferma les yeux et psalmodia :

Oh seigneur du soleil

Je t’appelle

Oh seigneur de la lumière

Rejoins-moi

Oh seigneur de la guérison

Entend-moi

Mon amie a besoin de toi

Je t’en conjure aide nous

Elle continua de l’invoquer ainsi pendant une dizaine de minutes, peine perdue.

—Il ne viendra pas, tu perds ton temps !

—Je ne crois pas non, retentit une voix dans mon dos.

Mon sang se glaça dans mes veines et je me retournai en dardant sur lui un regard haineux. Rallyeso se précipita dans sa direction.

—Oh merci mon seigneur d’avoir répondu à mon invocation, le gratifia-t-elle avec pompes.

—C’est toujours un plaisir de te voir, belle Rallyeso, lui répondit-il en s’inclina avec grâce.

—On a pas que ça à faire, Hestia a besoin de soins urgents ! maugréai-je entre mes dents serrées.

Le roi du soleil me darda sur moi ses prunelles dorées, je me fichais qu’il soit l’un des douze, tout ce que je voulais c’était revoir Hestia saine et sauve.

—Ton impertinence causera ta perde mortel, tonna-t-il et sa voix claqua tel un fouet sur ma peau.

—Mon amie Hestia est en train de mourir, donc mon impertinence est légitime, fulminai-je

—Oh, la sublime et mystérieuse nymphe que j’ai eu la chance de rencontrer il y a peu ?

Je hochais la tête à contre-cœur et lui indiquait la porte de la chambre où elle reposait. Il s’y dirigea sans attendre et constata par lui-même la gravité de son état.

—Que lui est-il arrivé ? nous questionna-t-il.

Ses sourcils s’étaient froncés et son visage un air sérieux. Rallyeso se tortilla les mains, incertaine sur ce qu’elle devait lui dire. Je lui fis un signe et pris sur moi pour expliquer ce qu’il s’était passé, mais pas avant d’avoir eu sa parole.

—Vous devez d’abord nous promettre que vous la sauverez, même si ce que je m’apprête à vous dévoiler ne vous convient pas !

—Nous vous supplions votre seigneurie, de ne point vous offenser, mais Hestia a eu la bonté de vous offrir un baiser et…

Il ne lui laissa pas le temps de plus s’exprimer et la coupa dans sa lancée.

—Je vous en donne la promesse !

—L’aigle du Caucase l’a attaqué, elle est la seule survivante.

Il opina du chef et posa la main sur le bras d’Hestia. Des rayons mordorés illuminèrent la pièce et Hestia par la même occasion. On aurait dit que le soleil s’était invité dans cette chambre.

—Que lui faites-vous !? tempêtai-je incapable de ne pas me méfier de lui.

—Je purifie son corps à l’aide mes rayons du poison qui le dévore depuis une semaine. Vous auriez-dû, me quémander plutôt ! expliqua-t-il avec une irritation mal contenue.

—C’est que nous ne voulions pas vous déranger mon seigneur, exposa Rallyeso d’un ton mal-assuré.

Je ne pris pas la peine de mettre des gants et lui dit la vérité :

—Je ne vous fait pas confiance. Qui me dit que vous n’allez pas la tuer, car maintenant que je vous ait expliqué par qui elle a été attaqué, vous devinez sans doute qui elle est vraiment !

—Je l’ai deviné juste après notre première rencontre, avoua-t-il.

—C’est vous qui l’avez dénoncé, m’énervais-je

Il ricana et un sourire ironique s’afficha sur le coin de sa bouche.

—Non, c’est le messager des flots, j’ai essayé de la prévenir du danger qu’elle encourait aux travers de ses rêves, mais la protection que son père a placé sur elle était trop puissante pour moi.

—Pourquoi vouloir l’aider ?!

—Car le règne de terreur de mon père n’a que trop duré, je veux recouvrer ma liberté.

—Vous mentez, ne pus-je m’empêcher de rajouter.

—Je n’ai jamais été aussi sérieux ! Je ne veux plus t’entendre humain, laisse-moi m’occuper de Hestia, à cause de ta jalousie à mon encontre, je ne sais même pas si elle va vivre.

Il avait touché juste. Si j’avais refusé son aide c’était parce que je ne supportai pas ce qu’il s’était passé il y a quelques semaines de cela entre lui et ma belle danseuse. Elle lui avait offert son premier baiser, et j’avais mal digéré cela.

Je le laissais s’occuper d’elle et parti rejoindre mon apparentement pour me morfondre et me reposer un peu. La vie d’Hestia reposait à présent, entre les mains du fils de son ennemi, son bourreau : Apollon.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Selmarin 19 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0