Chapitre 9 : Début des hostilités

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 Encerclant le parvis de l’ancienne gare, les carrosses formèrent un rempart de fortune derrière lequel se positionnèrent les assaillants. Une seule ouverture avait été laissée, directement en face de l’entrée. Victime de l’expansion formidable du réseau ferroviaire, l’immense bâtisse était le symbole de l’âge d’or naissant du chemin, la première de son genre, mais d’ores et déjà condamné à l’abandon à cause de sa propre progéniture, plus avancée et perfectionnée. Quand ses yeux se posèrent dessus, Marcus éprouva un bref pincement au cœur, ignorant si celui-ci était dû à ses souvenirs perdus ou s’il se reconnaissait dans ces pierres, vestige délaissé du passé.

Mais le moustachu n’avait pas le temps de laisser se complaire dans la nostalgie. Remontant la colonne de Jaëgers pour s’assurer d’être en tête de file, il s’arrêta en découvrant la demi-elfe accroupie. Celle-ci était occupée avec ses fioles, versant le contenu de l’une d’entre elles sur ses dagues. Elle n’était pas la seule : tout le monde préparait ses instruments de morts, armes à feu et objets contondants, dans l’attente irrespirable du signal d’attaque. Quelques mètres plus loin, Willard, l’air grave, observait attentivement les aiguilles de sa montre à gousset. À ses côtés, Aizen avait d’ores et déjà dégainé une splendide lame pour la porter à hauteur de visage, murmurant, les yeux mi-clos, un mantra connut de lui seul.

Refermant le clapet de sa montre, le chef des Jaëger dégaina un élégant revolver.

— Début de l’opération, en avant ! ordonna-t-il.

Sans hésiter, les premières vagues s’élancèrent au pas de course, rejoignant sans encombre l’encablure de l’imposant vestibule. Fonctionnant par pair, les Jaëgers entraient à intervalle régulier avec l’efficacité d’une troupe bien entrainée. Quand vint le moment pour Marcus d’y aller, celui-ci chercha du regard une position à couvert. S’abritant d’abord derrière un ancien kiosque à journaux, il entama sa progression avec prudence, taraudé par une désagréable impression. Contrairement au rapport de la seconde escouade, l’endroit était étrangement silencieux. Son appréhension naissante trouva un écho favorable lorsque l’avant-garde rebroussa chemin.

— Alerte ! Alerte ! Le train n’est plus là !

Circonspecte, la jeune femme accompagnant le moustachu fronça les sourcils. Celui-ci, en revanche, avait d’ores et déjà anticipé l’évidence.

— On a été berné ! hurla-t-il. Repli !

Rapidement, l’injonction remonta le flot continu de Jaëgers qui pénétraient dans la gare, jusqu’aux oreilles de ceux encore à l’extérieur. Jouant des coudes pour sortir, Marcus tomba par hasard sur Aizen.

— Nous devons les poursuivre ! déclara le Juste. Ils viennent tout juste de fuir, le train doit donc être loin de vitesse maximale. On a encore une chance de les rattraper !

Marcus obtempéra, relayant les paroles à ceux autour de lui. Malgré la confusion initiale, les nouveaux ordres furent rapidement assimilés. Alors que tout le monde ressortait, Willard pressait ses subordonnés.

— Allez ! Allez, bon sang ! On remonte ! cria-t-il. Pas de temps à perdre, on part à leur poursuite !

L’imprévu était une chose auquel ces chasseurs étaient accoutumés, et leur rigueur et sang-froid impressionna grandement le moustachu. En moins d’une minute, les voitures étaient à nouveau occupées, et les chevaux lancés au galop en direction de l’Est. Dans la précipitation, Marcus n’était pas monté dans la même diligence. Des visages plus âgés s’étaient substitués aux figures juvéniles. Il se trouvait par hasard parmi les vétérans, qui contemplaient avec étonnement le mercenaire. Mais avant de pouvoir en redescendre, le conducteur abattit son fouet. Pour ne pas perdre plus de temps, on lui ménagea une petite place, avant de l’ignorer. Le silence ne s’installa pas pour autant.

— Merde ! jura une femme à la peau mate, qui approchait de la trentaine.

— Du calme Yanna, l’enjoignit un solide rouquin qui semblait à peine plus âgé. Ce ne sont pas des néophytes non plus, ils sauront se débrouiller.

Yanna ne répondit pas, se contentant de pester dans son coin en reportant son attention sur le paysage qui défilait dehors. L’homme ne se laissa pas démonter par la réaction cavalière de sa camarade, et se tourna vers Marcus.

— Vous êtes l’un des gars venus prêter main-forte, n’est-ce pas ? Enchanté, moi c’est Sylvain, dit-il en présentant sa main.

Le moustachu s’en saisit avec vigueur, le sourire aux lèvres.

— Et moi Marcus, ravi de faire votre connaissance, même si je crois vous avoir déjà croisé.

Alors que Sylvain acquiesçait amicalement, l’esprit de Marcus s’agita. Sa connexion avec la Mélodie s’affaiblissait, et il devait concentrer tous ses efforts pour la restaurer. Malheureusement, son interlocuteur n’en avait pas terminé avec les présentations.

— Assis à côté de moi, c’est Jules, et encore à côté de lui, Amandine. Sur votre banc, Charles et la boudeuse là, Yanna, énonça-t-il en désignant affectueusement la femme qui avait pris la parole précédemment.

Luttant pour ne pas perdre le fil, Marcus se contenta de hocher modestement de la tête à l’égard de ceux qui daignaient lui adresser un regard. Yanna et le dénommé Charles l’ignorèrent poliment, trop concentrés ou simplement pas intéressés. À son grand soulagement, la discussion se poursuivit, sans que sa participation soit requise. Il s’abandonna à nouveau à son monde intérieur, et quand il finit par rouvrir les yeux, le paysage avait changé. Le son des sabots sur le sol indiquait qu’au pavé s’était substitué la terre, et les couleurs ternes du quartier industriel s’était teinté du vert des prairies environnantes. Le convoi évoluait désormais dans la campagne, par delà les remparts de la capitale.

Au loin, le son d’une locomotive se faisait de plus en plus persistant. Ils approchaient de l’arrière du train, composé d’une dizaine de wagons rouillé. Lancés à toute vitesse, les chevaux avaient réussi à rattraper l’ennemi, au prix d’un intense effort. Cependant, il ne faisait aucun doute que les bêtes allaient bientôt s’effondrer de fatigue, aussi la fenêtre d’action des Jaëgers était largement restreinte par cette contrainte. L’assaut devra être rapide et létal.

Des coups de feu commencèrent à résonner, la tête du convoi étant arrivée au niveau des dernières voitures. Sylvain ouvrit la portière à côté de lui, et subitement, le vent s’engouffra dans l’habitacle, attestant de la vitesse élevée à laquelle ils progressaient. Le rouquin, malgré son imposant gabarit, glissa habilement le haut de son corps dehors pour observer la scène qui se déroulait devant eux.

— Olala, ça canarde sec… Joli ! s’enthousiasma-t-il. Haha ! C’est bien les jeunes, montrez-leur !

Sans partager l’excitation de son compagnon, Yanna l’imita, motivé par l’inquiétude. Au sein de l’habitacle, certains comme Yanna et Sylvain observaient la bataille, quand d’autres s’y préparaient, ajustant une dernière fois leurs équipements. Satisfait de son contrôle sur la Mélodie, Marcus se glissa au côté du grand rouquin. Dehors, le vent soufflait si fort, qu’il dut hausser la voix pour se faire entendre.

— Les voitures vont se coller en file indienne au train, c’est bien ça ?

— Tout à fait, opina le grand rouquin. On débarque les nôtres wagon par wagon.

Le moustachu, une main posée sur son haut de forme pour éviter qu’il ne s’envole, contempla un instant le déroulement de la bataille. L’arrière du train était en proie aux chaos, et les bruits suffisaient à imaginer la rudesse des affrontements. Les diligences vides ralentissaient, laissant passer les suivantes, dans un dangereux ballet où une simple erreur pouvait entrainer la mort de plusieurs Jaëgers.

— On ne sera pas assez nombreux pour occuper tous les wagons, remarqua-t-il.

— Certes, mais se battre dans un tel environnement atténue quelque peu notre infériorité numérique, aussi n’est-ce pas trop grave, répondit Sylvain.

— Vous ne craignez pas de les voir décrocher les wagons arrière ?

— Bien sûr, mais au moment de partir de la gare, le chef a donné formé un groupe spécialement pour attaquer la locomotive et en prendre le contrôle. Oliver Manson ou pas, les gars dedans sont parfaitement capable de lui résister !

Alors qu’il prononçait ses paroles, il désigna un carrosse loin devant qui avait presque rattrapé la locomotive. Même à cette distance, Marcus devina qu’il luttait contre les officiers cachés à l’avant du train. Au prix d’une manœuvre audacieuse, la diligence fut presque au contact, quand un arc électrique fusa dessus. En réponse, l’un des assaillants lui opposa une barrière magique, qui vola brutalement en éclat au moment du contact. Prenant immédiatement feu, le véhicule hors de contrôle s’écrasa sur le bas-côté. L’enthousiasme du rouquin s’envola à mesure que ses joues devenaient livides.

— J’y crois pas… la barrière de Lucien, volatilisé en un seul sort…

Sur un autre carrosse en amont, Willard, assis à côté du conducteur de sa voiture avec une longue-vue dans la main, se tourna dans tous les sens, à la recherche de quelqu’un. Remarquant Sylvain, il fit de grands gestes dans sa direction, en indiquant l’avant du train.

— Je crois que le chef veut que l’on prenne la relève, releva gravement le rouquin en dressant son pouce à l’attention de son supérieur.

Il repassa sa tête à l’intérieur pour prévenir les autres passagers du changement de programme, quand Marcus agrippa subitement son épaule.

— Si on suit cet ordre, ça va se terminer de la même manière, prophétisa-t-il.

Les regards se braquèrent sur le moustachu, même celui de Yanna qui venait de reprendre place sur la banquette. Sylvain la questionna silencieusement avant de répondre.

— On en a conscience. Mais vous l’avez mentionné tout à l’heure. Si on ne fait rien, ils pourront décrocher les wagons arrière si la situation devenait critique pour eux. On n’a pas d’autre choix que d’essayer.

Marcus dévisagea tour à tour ces visages, d’hommes et de femmes, considérés comme des vétérans parmi les Jaëgers. Tous et toutes à l’aube de la trentaine, bien plus jeune que lui. Le destin du précédent commando trouva un écho dans la promesse échangée avec Aizen. Aussi prit-il une résolution.

— Il existe un autre moyen, annonça-t-il. Approchez-vous seulement à la moitié, et laissez-moi monter. J’atteindrais plus rapidement l’avant et j’en prendrais le contrôle.

— Seul ?! s’étrangla Sylvain. Mais c’est de la folie, vous allez y passer l’ami !

— Je sais que c’est difficile d’y croire, mais je vous assure que non. Je peux le faire.

D’ordinaire, n’importe qui se serait moqué de ces paroles, prononcées par un petit moustachu au physique ingrat. Mais captivé par l’espoir brillant dans ces yeux, personne n’osa le reprendre. Au contraire, pour une raison qui leur était inconnue, les Jaëgers étaient persuadés que Marcus était effectivement capable de réaliser l’impossible. Sylvain, dont les traits du visage étaient précédemment déchirés par l’hésitation, finit par abdiquer.

— D’accord. Mais une fois qu’on vous a déposé, on continue de suivre l’ordre, précisa-t-il. En somme, c’est une course pour savoir qui arrivera le plus vite.

Il adressa un sourire amical à Marcus, qui ne put se retenir d’y répondre.

— Je peux vous garantir que j’en aurais déjà fini une fois que vous aurez rejoint cette locomotive de malheur.

— Haha, ce n’est pas la confiance qui vous étouffe ! s’amusa Sylvain. Faisons un pari : le perdant paye sa tournée !

— Je ne refuse jamais de l’alcool gratuit.

— Vous m’en direz tant ! Bien, je vais prévenir notre chauffeur.

Sur ces mots, le grand rouquin repassa le haut de son corps dehors. Marcus en profita pour confier son couvre-chef à l’un des Jaëgers avant de sortir à son tour. Tenant sa mallette d’une main, il guetta l’occasion pour s’élancer. Le conducteur, après avoir pris connaissance des nouveaux ordres, força les pauvres canassons à accélérer une cadence déjà soutenue. Dépassant les diligences une par une, Marcus put distinguer à travers les vitres les affrontements sanglants en cours à bord du train. Quand ils eurent largement pris leur distance avec la tête du convoi, des balles ennemies fusèrent sur eux. Sans se démonter, les Jaëgers répliquèrent, tirant à l’aveugle sur toutes les ouvertures qu’ils croisaient. Imperturbable, Marcus n’essaya même pas de se mettre à l’abri. Au terme d’une âpre lutte, leur véhicule arriva à hauteur de trois wagons singuliers : sans fenêtre, recouverts d’un épais blindage métallique, et anormalement haut, ils tranchaient avec les autres voitures construites pour le transport de civils. C’était l’endroit parfait pour faire débarquer le moustachu. Profitant de la manœuvre du conducteur, celui-ci se hissa lestement sur le toit de la diligence, et accroupi, guetta l’occasion pour s’élancer. Quand enfin celle-ci se présenta, il bondit et s’agrippa sans trop de difficulté. La réception n’était pas parfaite à une main, mais il n’eut pas à trop se forcer pour rejoindre le sommet de l’imposante conserve métallique. Avant de débuter sa course, il jeta un dernier regard aux Jaëgers qui s’étaient entassés pour le voir faire ces acrobaties. Après un hochement de tête tacite, Marcus entama sa progression, sautant de toit en toit.

— Et de votre côté ? demanda Elias.

— Rien, aucun bruit, répondit Goran. Je pense que tout l’espace est insonorisé.

Après avoir réalisé la situation dans laquelle ils se trouvaient, les deux acolytes essayèrent vainement d’obtenir plus d’informations. Après avoir enchaîné la femme inconsciente, ils s’étaient intéressés aux deux portes situées de part et d’autre. Mais même l’excellente ouïe d’Elias ne lui permettait pas de capter le moindre son.

Au fond, le problème n’était pas celui de rester coincé : avec son sang corrosif, Goran était tout à fait en mesure de forcer l’ouverture. Non, ce qui retenait les deux hommes ici, c’était l’inconnu au-delà du wagon. Même en pleine possession de leur moyen, ils étaient dépourvus d’équipements au cœur d’une zone hostile. Pourtant, alors qu’ils se trouvaient parasités par l’indécision, quelque chose finit par les faire réagir. À travers l’interstice créé par le sort de la mage résonna le son lointain d’une détonation. Presque immédiatement après, les murs, remarquablement stables jusqu’à présent, tremblèrent brièvement. Goran et Elias échangèrent un regard pour confirmer ce que chacun pensait. Le train était pris d’assaut, probablement par les Jaëgers, qui par un moyen quelconque avaient retrouvé la trace des vampires.

L’occasion était trop belle. Il fallait agir, profiter du chaos qu’apporte une bataille, pour s’exfiltrer de là avec leur précieuse source d’information. Un choix simple s’imposa dorénavant à eux : quelle sortie emprunter ?

— D’abord, localisons de quel côté les coups de feu sont tirés, suggéra Elias. Même si les Jaëgers ne triomphent l’endroit qu’ils attaquent doit nécessairement être plus vulnérable et facile à franchir.

La longue silhouette pâle de son acolyte acquiesça. Le demi-vampire posa son oreille sur la seule ouverture dont ils disposaient avec l’extérieur, et se concentra. Après plusieurs secondes d’attention, il désigna l’une des deux portes.

— Celle-ci. Je pense que c’est par là que nous devrions passer.

Immédiatement, Goran se saisit de la prisonnière comme d’un vulgaire sac, l’envoyant bouler vers la sortie. Enjambant son corps inerte, il plaqua sa paume encore maculée de sang sur la poignée. Après moins d’une minute de silence, il se retourna vers Elias.

— C’est bon, annonça-t-il tout en reprenant la mage.

— Laissez-moi passer devant, vous transportez un colis trop important.

Les deux hommes se placèrent dos au mur, et de sa main libre, Goran tira la porte vers lui. Elias se risqua un jeter un œil par l’ouverture. L’obscurité aurait été totale dans la pièce suivante sans la faible lueur d’une lampe accrochée à une paroi. Une seconde source de lumière, issue d’un rayon crépusculaire, filtrait au travers d’un étroit hublot situé au bout. La joie d’apercevoir enfin une potentielle sortie vers l’extérieur se mua rapidement en tension. Ce nouveau compartiment, presque aussi vide que le précédent, avait comme particularité d’être coupé en deux dans le sens de la longueur par d’imposants barreaux de fer. Observant plus attentivement la petite prison, le demi-vampire distingua une forme trouble, presque invisible dans l’obscurité ambiante.

Soudain, une secousse fit trébucher Elias à l’intérieur. Relevant la tête, il put découvrir sous un angle différent l’abomination qui était enfermée. Une créature à l’apparence vaguement humaine, semblant tout droit sortie d’un cauchemar, était enchaînée au mur. Dépassant aisément les trois mètres, sa peau plombée, jaunâtre, tirait sur un blanc malade. Ces membres, disproportionnés, lui donnaient une effroyable structure grotesque. Le bras gauche pendait jusqu’au sol, gangrené par des bouts de ferraille ressortant à plusieurs endroits. Sur l’un des pieds, on ne comptait plus que deux répugnants orteils, et une parodie d’aile, dont la blancheur des plumes appartenait à une époque révolue, émergeait de son large dos. Enfin, la tête était probablement l’aspect le plus effrayant de cet être abject. Séparée dans la longueur, une partie était entièrement décharnée, la peau ayant visiblement fondu sous l’effet d’un atroce procédé. L’autre, moins sanglante, accentuait d’autant plus le malaise : presque intacte, elle évoquait les traits d’un enfant endormi.

Fort heureusement pour Elias, outre le rideau de fer la séparant du reste du wagon, cette chose somnolait et ne l’avait donc point remarqué. Mais ce n’était pas le cas des autres occupants de la pièce. Un vampire, dont le rouge de l’iris trahissait sa nature, et un humain, observaient, incrédule, le nouvel arrivant. Le demi-vampire eut un sourire gêné, avant de se remettre prestement debout, tapotant son pantalon pour en faire la poussière.

— Gentlemans, mes plus chaleureuses salutations ! déclara Elias.

Ces mots s’accompagnèrent d’une courbette, largement exagérée, qui prolongea l’étonnement des deux hommes. Cependant, la méfiance prit le pas, comme en témoignaient les postures agressives. Nullement inquiété, Elias commença à marcher dans leur direction, tout en poursuivant son discours.

— Vous m’en voyez navré, mais le gentilhomme que je suis à une question qui le taraude, toute simple rassurez vous, si cela ne vous dérange pas j’en conviens.

L’éclat d’une lame que l’on tire de son fourreau se refléta dans les pupilles acérés du vampire, qui s’élança pour occire l’intrus. Au même instant, l’humain se précipita les nombreux verrous qui le séparaient du monstre.

— Amateur de promenade, il m’arrive, lors de mes longues sessions de marche, de me perdre, ajouta Elias, indifférent à la menace. Cette petite maladresse m’a causé maintes fois des soucis, mais je ne puis me résoudre à stopper mes délicieuses aventures.

Animé par la fureur, le suceur de sang précipita son épée vers le torse de l’impudent. Ayant anticipé le coup, Elias évita calmement l’acier. Loin de se décourager, son adversaire continua d’enchaîner les assauts, sans plus de succès.

— Il se trouve que cette fois-ci, je me suis non seulement égaré, mais j’ai, en outre, perdu d’importants effets personnels, sans lesquels je me sens fort démuni !

Comprenant que son opposant n’avait rien d’un amateur, le vampire jugea qu’il devait mettre de la distance pour mieux l’analyser. Mais alors au moment de reculer, Elias se saisit prestement de sa main.

— Aussi, et je me permets de demander, à vous qui semblez être une brave âme tout à fait serviable, si vous êtes disposé (j’espère vraiment ne pas trop en demander !), à me laisser emprunter cette charmante aiguille que vous agitez ?

Pris de court, le vampire n’eut pas le temps de réagir. D’un geste parfaitement maîtrisé, Elias brisa les os du poignet, saisissant au vol la lame qui tombait.

— Quelle générosité de votre part, vous avez ma gratitude éternelle, déclara-t-il avec un sourire éclatant.

D’un mouvement sans fioriture, il trancha la tête de son opposant, avant de faire face à l’humain. Ou plutôt ce qui en restait. Orphelines de la partie supérieure du corps, deux jambes s’effondrèrent. La porte de la cage était ouverte, et plus aucune silhouette n’était accrochée à la paroi. Goran, jusqu’ici en retrait, étouffa un juron.

— Et bien, et bien ! Je ne suis pas sujet au stress, mais j’imagine que c’est le moment tout indiqué pour céder à la panique, ricana tranquillement Elias. Oh, j’ai une idée ! Gentil petit, assis !

Au travers de la désirée sortie, l’abomination braqua sur les deux mercenaires un regard vitreux avant de pousser un hurlement guttural.

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