Chapitre 14 : l'Immortel
Profitant du temps libre qui s’offrait à lui, Marcus réalisait ses échauffements matinaux. Leur résidence comptant un nombre ahurissant de salles vides et inutilisées, il n’avait pas eu trop de mal à se trouver un coin tranquille. Lance en main, il virevoltait doucement, les yeux clos. Aussi calme que la surface d’un lac, son esprit rejouait le combat de la veille, l’affrontement l’ayant vu connaître la défaite. La première et l’unique depuis son amnésie. Tout en dansant, il s’imaginait ce qui aurait pu être différent, quel scénario lui aurait été favorable. Mais qu’importe ce qu’il essayait, à la fin c’était toujours la même conclusion. L’Archimage était un mur qu’il ne pouvait espérer dépasser. À son grand étonnement, cette fatale constatation ne l’affectait pas vraiment, et, plus surprenant encore, il en tirait une certaine forme d’apaisement. Oui, tout irait bien, si l’on omettait le mal de tête vrillant son crâne et qui avait grandement influé sur son sommeil.
La veille, un exécutant spécialisé dans la magie de soin s’était occupé de lui. En effet, lors du choc final avec Oliver, la tête de Marcus avait violemment heurté le sol, occasionnant un léger traumatisme. Si le traitement avait été tout à fait efficace, l’escapade nocturne et la crise de colère qui l’accompagna avaient quelque peu atténué le processus de guérison. Aussi, plus que jamais, ces exercices méditatifs lui firent le plus grand bien, et l’aidèrent à compenser sa courte nuit. Profitant d’être apaisé, il put mettre un peu d’ordre dans ses pensées, une chose bienvenue après tous les événements de la veille. L’attaque du train, les révélations d’Oliver sur Zn Succin, et maintenant la piste de Victor Broglie.
Tout s’est accéléré. Trop en faite.
Le moustachu était mal à l’aise avec cet enchaînement d’épisodes. Il avait parfois la sensation de suivre une route bien droite, sans détour. Il est vrai que la chance était un élément courant dans une enquête. Cependant, il devinait, inconsciemment, les fils du marionnettiste qui les faisaient danser, lui et les autres, sur la scène qu’il avait spécialement préparée pour eux. Cette image l’indisposa tant qu’il manqua de percuter le mur après un mouvement manqué.
Tu réfléchis trop, idiot. Ne laisse pas la paranoïa prendre le dessus, ou tu ne vaudras pas mieux que l’autre folle, s’agaça-t-il.
Il attrapa une serviette pour éponger son front luisant, avant de ranger son arme. L’heure de la collation matinale approchait, aussi se dépêcha-t-il de rejoindre sa chambre pour effectuer un brin de toilette. Satisfait, il se dirigea vers la salle où il avait l’habitude de retrouver Elias. Malgré son côté fantasque, la compagnie du demi-vampire n’était pas si désagréable. En entrant dans le salon, celui-ci était déjà attablé, une tasse de thé dans la main droite et un croissant dans l’autre. Son visage s’illumina à la vue du moustachu, qu’il s’empressa de saluer.
— Cher ami ! Je ne vous attendais plus !
Tout en prenant place, Marcus balaya d’un revers de main l’accusation de son collègue.
— C’est plutôt vous qui êtes en avance.
— Ahah, je plaide coupable ! Mais n’êtes-vous pas excité de la rencontre à venir ? demanda-t-il en faisant mention de l’informateur de Dowle.
La bouche pleine, Marcus acquiesça.
— Bien sûr, bien sûr. À ce sujet, pensez-vous que nous devrions mentionner Zn Succin ? On devrait mettre les autres dans la confidence.
Une fois rentré de son escapade nocturne, le moustachu avait cogité à ce sujet durant une bonne partie de la nuit. Certes, lui et Elias avaient promis à Oliver de ne pas parler de lui à Dowle. Mais, dans le cas de leurs camarades, cela semblait être une nécessité. Difficile de progresser ensemble quand les données circulaient à deux vitesses.
Et puis, peut-être que ce fameux informateur en sait plus à ce sujet.
— Vous avez raison, obtempéra Elias. De toute façon, il nous faut profiter de la moindre opportunité, et il serait impossible de parler de Zn Succin à l’informateur sans nous compromettre face à Varis et Goran.
— Allez-y, nous vous écoutons.
Les deux hommes sursautèrent en entendant une voix familière derrière eux. À l’encablure de la porte, Varis les dévisageait avec sévérité, une tasse de thé à la main. La silhouette de la demi-elfe, bien que très grande, était surplombée par l’ombre du Traqueur. Profitant de l’effet de surprise, les deux s’invitèrent à la table de Marcus et Elias.
— Il y a quelque chose d’important que l’on doit vous dire, admit le moustachu.
— Est-ce en rapport avec votre virée nocturne de la veille ?
La demi-elfe avait visé juste, déstabilisant le moustachu qui ne s’attendait pas à être découvert si facilement.
— Mais… Vous nous avez vus ? balbutia-t-il.
Volant au secours de son camarade, Elias leva un pouce en l’air en souriant.
— En plein dans le mille ! s’amusa-t-il. Décidément, vous ne cessez de m’impressionner, miss Varis !
— Venez-en au fait.
Prenant leurs temps, Marcus et Elias se succédèrent pour tout raconter de leur escapade. Leurs interlocuteurs écoutèrent sans broncher le récit, jusqu’à ce qu’Elias fasse mention des expérimentations sur les enfants. Subitement, la carcasse longiligne de Goran se contracta, et les jointures de ces mains blanchirent.
— Vous me dites que l’immonde sac à merde ayant commis ces atrocités était Oliver Manson ?
— C’est mot pour mot ce que je viens de vous dire ! s’exclama Elias, indifférent à la colère naissante de son collègue. Essayez donc de rester concentré…
— Vous l’avez laissé partir ? l’interrompit à nouveau Goran.
Celui-ci venait de repousser sa chaise, toisant de toute sa hauteur Marcus et Elias. En réponse à l’agressivité du Traqueur, le moustachu l’imita.
— Vous l’avez laissé partir ? insista Goran, inflexible.
Marcus ouvrit la bouche pour se défendre, mais, quand la scène se rejoua dans son esprit, aucun mot ne franchit ses lèvres, et il ne put que baisser la tête sous le poids de la honte et des regrets.
— Du calme l’ami, intervint Elias soudain plus conciliant. Bien sûr qu’on aurait souhaité l’étriper, et ce cher Marcus était d’ailleurs à deux doigts de le faire. Mais un affrontement aurait occasionné beaucoup de victimes innocentes, sans le moindre espoir pour nous de triompher. Fallait-il vraiment tout perdre dans la vengeance, quand des vivants attendent encore d’être sauvés ?
La respiration sifflante, le Traqueur finit par se rasseoir, incapable de contester l’argument. Alors qu’Elias concluait le récit des événements, Marcus reporta son regard terne sur le plafond, la haine de son camarade nourrissait ses propres remords.
Bordel. Pourquoi diable ai-je ainsi reculé...
— Bon, même si je condamne vos initiatives personnelles, au moins tout est clair à présent, déclara Varis au terme des explications. Maintenant, nous pouvons aviser tous ensemble du cas Zn Succin. Personnellement, en fonction de son attitude, je suis plutôt partisane pour en parler à l’informateur.
Tout le monde étant d’accord avec la demi-elfe, la réunion ne s’éternisa pas. Abandonnant sa tasse vide sur la table, Varis salua de la main ses collègues avant de s’en aller, Goran dans son sillage. Juste avant de sortir, celui-ci se retourna vers Marcus.
— Votre attitude parle pour vous. Pardonnez mon accès de colère.
Sans attendre de réponse, il s’éclipsa aussi prestement.
— Est-ce moi, ou sont-ils étrangement plus amicaux ? s’étonna Elias.
Marcus garda le silence, un sourire triste aux lèvres.
Le soleil était à son apogée, quand Marcus et les autres grimpèrent dans le carrosse devant les conduire chez l’informateur. Les nombreuses spéculations silencieuses à son sujet n’avaient fait que croître l’impatience chez les mercenaires. Momentanément libéré de son fardeau, Marcus ne cessait de s’agiter sur son siège. Son regard fébrile balaya l’habitacle : comme à son habitude, un sourire enjoué était imprimé sur les lèvres d’Elias, qui ne cachait pas son excitation. À côté de lui, Varis affichait une façade imperturbable, mais ses yeux verts scintillants de détermination la trahissaient. Seul Goran semblait fidèle à lui-même, mais cette illusion était en grande partie aux lunettes soustrayant son regard au reste du monde.
Le voyage ne dura pas plus de quelques minutes, le carrosse s’arrêtant devant une discrète ruelle, au bout de laquelle les attendait un café bien caché. Contrastant avec sa position, sa devanture luxueuse était typique de l’architecture du 3e arrondissement : à chemin entre élégance et opulence. À l’intérieur régnait une ambiance calme, probablement due à l’absence surprenante de client pour l’heure.
Notre bonhomme a dû privatiser le lieu, songea Marcus.
Sa supposition trouva un écho favorable quand un serveur, pas surpris par l’arrivée de ce groupe atypique, les invita à le suivre jusqu’à une table en retrait. Un homme était déjà installé, un verre d’alcool fort posé devant lui. Les cheveux élégamment coiffés, habillé de vêtement raffiné, celui-ci leva un regard émeraude vers les nouveaux venus. Immédiatement happé par ces yeux, Marcus fut d’autant plus étonné de lire, dans sa gestuelle, le flegme d’un aristocrate mêlé à la vivacité d’un combattant. Bien que plus jeune — il ne devait pas avoir plus de trente ans — sa posture lui rappela celle du Négociateur, et il en fut d’autant plus perturbé.
— Excusez cette manière cavalière de vous recevoir, mais je me dois de rester un minimum discret, pour éviter de compromettre votre mission.
Sa voix, calme et harmonieuse, était celle d’un homme ayant l’habitude de s’exprimer. Il ne faisait aucun doute que son ascendance n’était pas usurpée, et que nombre d’auditoires avaient dû être captivés par sa figure raffinée.
— Aucun problème, monsieur, répondit Varis.
Surprenamment, l’homme présenta sa main à ses invités, un comportement bien éloigné de l’arrogance caractéristique de la haute aristocratie.
— Commençons par les présentations. Après tout, je vous ai suffisamment fait languir sur mon identité, dit-il avec un sourire taquin. Je m’appelle Philippe Montmorency, chef de la famille du même nom et membre du conseil des Immortels.
Spontanément, les doigts de Goran effleurèrent ses lèvres.
C’est donc lui, le jeune héros dans l’affaire du 9e arrondissement, hein ? pensa-t-il en se remémorant son passage à la bibliothèque.
Les autres ne remarquèrent pas la réaction étonnante du Traqueur, trop surpris et impressionné qu’ils étaient. Rencontrer un Immortel était une chose rare, et rapidement, tout le monde réalisa pourquoi Dowle était si confiant dans ses informations. Cependant, cette révélation amenait surtout de nouvelles interrogations.
— Je suis persuadé que vous vous posez de nombreuses questions, poursuivit l’Immortel. Aussi, n’hésitez pas, j’y répondrais, dans la mesure du possible.
Toussotant pour s’éclaircir la gorge, Varis fut la première à se lancer.
— Merci de nous accorder de votre temps. En premier lieu, quel est votre degré d’implication dans cette affaire ?
— C’est un bon début, approuva Philippe. J’imagine que vous êtes au fait de tout ce qui a précédé votre venue ?
Tout le monde confirma de la tête.
– Bien, bien. J’irais donc droit au but. Quand fut rapporté au Conseil des Immortels qu’un potentiel Rituel du Séraphin était en préparation, je fus le seul à prendre la menace au sérieux.
— C’est vous qui avez encouragé l’envoi d’une division de Juste pour enquêter… réalisa Elias.
– Tout à fait. Malheureusement vous connaissez la suite — cette mission n’a rien donné et fut écourtée au terme d’un mois.
— Pensez-vous qu’elle fut sabordée ? réagit Varis.
– Absolument. Là où ça se complexifie, c’est que je suis convaincu de la loyauté de la personne en charge de l’expédition, puisqu’elle fut personnellement sélectionnée par moi. Malheureusement, j’ignore comment l’enquête a pu être sabordée, et surtout l’identité du responsable. Même si, sur ce dernier point, nous commençons à y voir plus clair, n’est-ce pas ?
Spontanément, les lèvres de Marcus formulèrent un nom Marcus.
— Victor Broglie ?
L’Immortel adressa un sourire entendu au moustachu. Celui-ci déglutit, submergé par un sentiment de déjà vu. Bien qu’il soit certain que c’était là leur première rencontre, cet iris émeraude ne lui était pas étranger.
— Maintenant que vous le mentionnez, que savez-vous à son sujet ? demanda l’aristocrate.
– Pas grand-chose, monsieur. Seulement que l’une de ses exécutantes s’était associée à des vampires, dans le but de préparer un Rituel du Séraphin, expliqua Varis.
Philippe soupira de déception, comme s’il s’attendait à cette réponse. La raison à ce comportement dédaigneux fit grandir l’estime de Marcus pour l’Immortel.
— Je m’en doutais… Lord Godwinson et son éminence grise ont la fâcheuse habitude d’être trop secrets. Ce qui est contre-productif de mon point de vue, en plus d’être proprement irrespectueux à vos égards.
— Peut-être que lui et Lord Godwinson ont de bonnes raisons de ne pas tout nous dire ? supposa Elias.
— L’absentéisme de Victor Broglie aux récentes réunions est-il une donnée primordiale qui mérite de vous être cachée ? Sans vouloir juger ce vieux renard, ce comportement me parait tout à fait déplacé et indigne de vos précieuses contributions.
Rodé aux manœuvres politiciennes, Varis fut surprise par la sincérité des propos de l’Immortel. Cependant, elle n’ignorait pas que la meilleure manière de dissimuler un mensonge était de l’enfouir profondément sous des vérités.
— Ceci étant, puis-je savoir ce qui vous a amené, vous et Lord Godwinson, à sceller une alliance ? demanda-t-elle.
— Tout simplement une conséquence naturelle de nos agissements. Il partageait mon scepticisme à l’égard des résultats de l’enquête, nous avons donc été mis en contact par l’entremise du Capitaine ayant porté l’information au Conseil. Depuis, nous travaillons en collaboration pour empêcher cette catastrophe d’advenir, même si, de par ma position dans la société parisienne, je me dois d’être discret.
Tout en griffonnant dans son carnet, Varis se retint de ne pas exhiber un rictus mauvais.
Ce n’est pas que les autres Immortels n’y croient pas. Non, vous, comme le reste du Conseil, essayez de tirer un maximum de cette histoire, songea-t-elle. Mais qu’importe vos raisons, tant que mon camp gagne, alors j’obtiendrais ce que je désire.
Loin de se montrer aussi cynique dans ses analyses, Marcus était convaincu de la bonne foi de l’aristocrate. Pour lui, le moment était venu de se montrer ouvert à leur tour.
– Avez-vous déjà entendu d’un certain « Zn Succin » ? demanda-t-il.
L’évocation de ce pseudonyme provoqua un léger sursaut chez Philippe, qui n’échappa à personne. Cette infime fêlure dans l’armure de l’aristocrate ne laissait pas de place au doute.
— Mettons que ce nom ne me soit pas inconnu, puis-je savoir où vous avez entendu parler de ça ?
S’il avouait à demi-mot être familier de ce surnom, c’était pour mieux contraindre les mercenaires. L’intonation de sa voix était sans équivoque : en cas de réponse non satisfaisante, il était probable de le voir nier. Ce comportement, aux antipodes de ce qu’avait montré Philippe jusqu’à présent, poussa le moustachu à réviser son jugement.
N’est-ce pas lui qui disait à l’instant que cacher des informations était contre-productif et irrespectueux ? s’agaça-t-il.
Consciente de l’importance du moment, Varis hésita et fut naturellement devancée. Avec sa spontanéité naturelle, Elias joua cartes sur table.
— Croyez-le ou non, mais c’est l’Architecte de la Thaumaturgie en personne qui nous en a parlé !
Les yeux de la demi-elfe fusillèrent le demi-vampire, qui n’en avait cure. Celui-ci eut un sourire discret pour Marcus, qui jubilait intérieurement.
Oliver Manson souhaitait rester discret ? Le voilà révélé au grand jour ! C’est bien le minimum pour toutes les saloperies dont il est responsable, se réjouit le moustachu.
L’annonce eut cependant pour effet de dissiper la méfiance de Philippe, qui ne s’attendait vraisemblablement pas à entendre ce nom.
— Oliver Manson ? Mais que vient faire ici un patronyme aussi prestigieux ?
Les mercenaires échangèrent un regard tacite. Visiblement, toutes les informations ne circulaient pas dans cette alliance à deux vitesses entre Immortels. Ne pouvant réfréner un soupir de soulagement, Varis reprit rapidement la main sur la conversation pour éviter une nouvelle intervention désastreuse de Elias. Racontant les détails omis par Dowle dans l’attaque du train, elle évita simplement de mentionner l’Archimage comme l’homme responsable de l’ébruitement du Rituel du Séraphin auprès du Conseil. Au terme des explications, Philippe ne semblait pas vraiment outré, affichant plutôt une profonde réflexion.
— Je comprends mieux, tout ça fait sens....
La réaction suivant ces quelques mots désarçonna les mercenaires. Avec une humilité inhabituelle pour quelqu’un de sa stature, il incline sa tête dans un geste plein de gratitude.
— Je vous remercie pour votre honnêteté, que je ne mérite pas au vu de mon propre comportement.
— Il n’y a pas de mal, mon brave ! réagit Elias. Mais si la culpabilité vous étouffe, alors n’hésitez pas à faire amende honorable en nous parlant de Zn Succin.
Cette fois, Varis observa son collègue avec une expression ahurie, se demandant si tout cet aplomb n’était finalement pas le fruit d’une réelle stupidité. Elle fut d’autant plus surprise par l’absence d’orgueil de l’Immortel, qui s’exécuta.
— Il serait déplacé de ma part de conserver mes secrets après ce geste de confiance. Mais je vous préviens, je n’ai pas grand-chose de plus à apporter.
Le regard de l’Immortel se fit plus perçant, alors qu’il modifiait sa posture en croissant ses mains sur la table.
— Depuis le début de cette affaire, je mobilise de nombreuses ressources pour me tenir au courant de tous les faits inhabituels à Paris. Aussi, quand j’ai appris que le 21e arrondissement était le théâtre de multiples disparitions infantiles, mon attention s’est portée là-bas. Il faut savoir que beaucoup d’orphelins et d’enfants abandonnés y vivent en bande, livrée à eux-mêmes. Ils sont des cibles faciles pour tout ce que l’Humain fait de pire. Partant de ce constat, j’ai laissé trainer mes oreilles en bas pour que, peu à peu, une partie du mystère soit éclaircie. Ces disparitions massives avaient pour origine des kidnappings d’une ampleur sans précédent, perpétué par des mercenaires. Pour en apprendre toujours plus, j’ai acheté la parole des plus vénales d’entre eux, et tous m’ont révélé la même chose. Ils ont été engagés par un certain Zn Succin, pour rafler un maximum d’enfant.
Le témoignage de Philippe, bien que lacunaire, fit écho aux propos d’Oliver. C’était bien dans les abysses de Paris que résidait la clé de tous les mystères autour du Séraphin. Cependant, quelque chose turlupinait Marcus.
— Ainsi, ce Zn Succin opérerait dans le 21e arrondissement ? commenta Varis.
— Oui, ce qui n’est pas si étonnant. Ce lieu est l’endroit parfait pour y exercer des activités illégales.
— D’accord, intervint Marcus. Mais comment faire pour le débusquer ? Le 21e est gigantesque, c’est littéralement une ville dans la ville. Chercher là-bas risque de nous prendre des mois. Or, je doute que nous ayons autant de temps devant nous !
Cette fois, Philippe semblait avoir anticipé la remarque du moustachu.
— Rassurez-vous, messieurs, madame. À ce sujet, j’ai une nouvelle piste sérieuse à vous soumettre.
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