La silhouette
Noyée dans l’ombre, brûlée dans la lumière
Ne croit plus en demain, habitée par hier
Elle passe puis s’efface, n’ose même plus rêver
Ne leur laisse pas le temps d’y penser qu’elle se sait déjà oubliée.
Ni amour ni ami, ni espoir ni envie
Elle avance en silence, sourit et subit
Ignorée du destin, délaissée des divins
Attend encore la fin de cette nuit sans lendemain
Trop banale pour être aimée, trop aimable pour être haie
Trop lâche pour l’affronter, trop couarde pour stopper sa vie
Larme qui coule sur la joue lame qui glisse sur la peau
Elle implore le néant sans prière, sans sanglots
Ni en Dieu ni au Diable ni en l'Homme ni en elle
En son seul trépas elle conserve la foi
Dans ce capharnaüm qui torture ses oreilles
Elle ne veut plus entendre que le son de son glas
Invisible figurante dans sa propre histoire
Elle baisse le regard à chaque photo, chaque miroir
Dégoutée par sa voix, par son simple reflet
Honteuse à chaque instant de continuer d’exister
Rien à perdre, même plus envie de gagner
Rien de plus a vivre qui ne saurait la blesser
Et le soir venu quand elle rend son âme au silence
Elle voit de la corde, un flingue, des bidons d’essence
A l'instar d'une silhouette à peine dévoilée
Ce poème restera à jamais inachevé
Pas de touche finale, pas de mot de la fin
Juste un ultime matin, une vie qui s'éteint.
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