UNE QUÊTE INCROYABLEMENT CHIANTE D'UN GROUPE DE CAILLOUX DANS LE DÉSERT
Le paysage aride s’étendait à perte de vue. Le petit groupe marchait tant bien que mal, alors qu'il souffrait atrocement de déshydratation. Ici et là, on pouvait apercevoir des cactus, des petites boules (vous savez, comme dans les westerns, là...), ainsi que d'autres trucs qui appartiennent au champ lexical de la description d'un désert plutôt banal.
Le soleil, à son zénith, n’aidait pas le groupe à progresser. Pas facile lorsqu'on traîne un boulet tel que Charles-Henri. Depuis que nous l’avions quitté, le groupe avait néanmoins avancé. Après avoir traversé moult péripéties pour prendre un train (Lenny ayant oublié son ticket, il fut arrêté, puis évadé à l'aide du groupe). Ils louèrent une voiture mais celle-ci tomba en panne au milieu des plaines arides. Albert, le préposé de la carte, avait juré que le traverser serait un gain de temps conséquent, mais aucun d'entre eux n'aurait pu se douter qu'une chose terrible s'y produirait : un retournement scénaristique.
Depuis, les voilà en train de rouler tel une assemblée de cailloux solitaires, en groupe, à la recherche de... euh... à la recherche de quoi, d'ailleurs ?
- J'ai faim ! s'écria Vance.
- Et soif ! renchérit Vikki.
- Et je sens mauvais... ajouta Lenny en faisant une grimace.
- Il faut qu'on avance ! On se motive ! cria Justin.
- Bien dit ! Eh ! Charly ! Bouge ton cul ! hurla Mousse en regardant derrière lui.
- J'arrive ! Mais… ouh, la la... je suis un caillou sprinteur moi ! Je suis rapide sur de petites distances ! Pas des longues !
- Tu te fous de moi ? Ça fait à peine une demi-heure qu'on marche ! gronda Vikki.
- Oui, bah c'est de la faute à Albert !
- Non, c'est pas vrai !
- Si ! Si nous avions suivi la route, jamais nous n'en serions arrivés là !
- C'est l'auteur qui nous fous dans la merde ! Engueule-le à ma place !
Eh ! Ne m'incluait pas dans vos embrouilles, je ne suis que le messager qui écrit vos histoires.
- C'est bien ce que je dis ! Envoie-nous une bouteille d'eau au moins !
Non ! Et ne me parlez plus ! Ce n'est pas très professionnel !
- Nous devons avancer le plus possible, l'émission est dans deux semaines ! dit Justin. Il est hors de question que je la loupe !
- On y arrivera poto, t'en fais pas, affirma Mousse en souriant.
Alors que les cailloux continuaient d'avancer, ils remarquèrent au loin une épaisse fumée blanche. Décidant de s'en approcher, ils virent ainsi un petit camping-car crème avec de fines rayures marron et jaune. Juste devant celui-ci, deux pierres dans des tenues jaune canari avec des masques à gaz au filtre rose discutaient l'air de rien. Le groupe s’approcha donc d'autant plus :
- Bonjour, dit Justin. Excusez-nous du dérangement, mais nous sommes perdus. Pourriez-vous nous indiquer la route la plus proche ?
- Bien le bonjour ! Je me nomme Walter. Walter Stone ! salua le caillou. Voici mon associé qui, comme vous pourrez le constater, est bourré ! Petit con !
- Eh oh, oh, oh ! On se calme ! hurla le deuxième en titubant. Je m'appelle... je... je m'appelle...
- Oui tu l'as déjà dit... grommela Charly.
- Ne m'interromps pas, connard ! cria le caillou en tombant à la renverse. Je m'appelle Jessie James, fini-t-il enfin en se relevant.
- Reprenons. Vous souhaitez retrouver votre chemin ?
- Oui, m'sieur. Notre voiture est tombée en panne...
- Auriez-vous de l'eau ? demanda Vikki. Nous sommes assoiffés...
- Et bien, je peux vous proposer : vodka pomme ou whisky rhum.
- N'auriez-vous pas de l'eau ?
- Non, je ne bois jamais de l'eau quand je travaille, ça nuit à ma concentration. Et pour votre chemin, si vous voulez retourner en ville, c'est par...
- Attends ! coupa Jessie. Viens ici...
Monsieur Stone s'avança vers son camarade et tous deux parlèrent à voix basse, se retournant de temps à autre pour rigoler. Après deux minutes, ils retournèrent voir le groupe.
- Bien, j'ai un marché à vous proposer ! annonça Walt. Si vous nous aidiez à vendre notre production en ville, nous vous donnerions une voiture en échange. En définitive, vous serez gagnant, vous serez en ville, et en plus de ça, au volant d'une jolie petite El Camino.
- Eh bien...
- Attends Justin ! coupa Mousse. Venez par ici...
- Qu' y a-t-il ? demanda Vikki en s'approchant.
- Je les sens pas ces mecs-là. Ils nous demandent de faire un truc pas très honnête.
- N'importe quoi ! Je suis sûr que ces gens-là sont tout ce qu'il y a de plus intègre et bienveillant ! Et j'ai du flair pour ces choses-là, annonça Charles-Henri, tout fier.
- En attendant, on devrait quand même refuser, insista Mousse.
- Nous n'avons pas le choix, mec. En plus ils vont nous donner une voiture !
- Justement, tu ne trouves pas ça excessif ?
- Bof... tu sais, à partir du moment où l'on m'annonce que je suis un caillou, plus rien ne peut m'étonner !
Sur ces mots, Justin se tourna vers les deux... euh... les deux autres gars :
- Nous acceptons ! Que devons-nous faire ?
- Très bien ! Attendez moi deux minutes, dit Walter en retournant dans le camping-car.
- Vous avez fait le bon choix ! Je suis très heureux de travailler avec vous ! ajouta Jessie.
Le caillou ressortit de son véhicule avec un sachet rempli de petits cristaux bleus. Il les tendit vers Lenny :
- Je te les confie, tu m'as l'air d'être quelqu'un de confiance, contrairement au petit gros tout bizarre à côté de toi.
- Je ne suis pas petit ! s'énerva Charles-Henri. J'ai juste un léger souci qui m'empêche de grandir. D'ailleurs c'est plutôt embêtant car...
- Il parle toujours comme ça celui-là ?! On s'en fout ! hurla Jessie.
- Comment ça ?! Je t'interdis de me dire ça ! On ne se connaît pas et tu...
- La, la, la, la, la, la, je ne t'écoute pas !
- Arrêtez, vous deux ! gronda Albert. Enfin, s'il vous plaît.
- Ce caillou a raison ! Nous sommes désormais associés... dit Walt. Bon, venez, on vous emmène en ville. Tout ce que vous aurez à faire, c'est vendre la marchandise. En général, dire que ce sont des bonbons suffit...
- Ce n'en est pas ? demanda Vance, troublé.
- Euh... si, si, bien entendu. Quoiqu'il en soit, veillez à tout vendre si vous voulez votre voiture. Nous reviendrons vous chercher ce soir.
Toute la troupe monta dans le camping-car et celui-ci se mit en direction de Ruby-Ville, la ville la plus proche d'eux. Une fois arrivé,la bande d’amis se mit en marche vers un carrefour très fréquenté. Elle s’installa à l'aide de couverture et mit deux grammes de cristal bleu dans des petits pochons que leur avaient fournis Walter et Jessie. Lenny et Albert s'en allèrent un instant avant de revenir avec un feutre noir et une pancarte en bois. Ils écrivirent dessus « Bonbon à vendre ! » et la hissèrent au-dessus d'eux en hurlant qu'ils avaient de la marchandise. Après cinq minutes d'attente, plusieurs passants arrivaient mais, voyant les « articles » à vendre, s'en allaient en insultant le groupe qui ne comprenait pas.
- Eh bah, c'est pas gagné... annonça Vikki, malheureuse.
- Oui, ça risque d'être long... ajouta Vance.
- Les gars... je dois vous avouer un truc. On ne vend pas de bonbons.
- Hein ? Qu'est-ce que tu racontes Mousse ? demanda Justin.
- C'est du saphir pilé... du crack, si vous voulez. Les deux gars qu'on a vu, ce sont des fabricants. C'est pour ça qu'ils avaient besoin de nous pour écouler leur marchandise, afin d'éviter qu'eux se fasse prendre. Voilà pourquoi j'étais contre, mais je ne voulais pas le dire devant eux, de peur qu'ils s'énervent.
- Ah merde... jura Albert avant de faire un signe à Lenny.
- On fait quoi du coup ? questionna Justin. On ne peut pas garder la drogue et on a quand même besoin de... hésita-t-il en montrant du doigt ses deux amis.
- Mais putain ! Vous faites quoi ?! hurla Mousse.
- Bah... étant donné qu'on vend du crack, on a décidé de mettre à jour la pancarte, dit Lenny en montrant le panneau affublé désormais d'un « Crak à vendre ».
- Je n'y crois pas. Vous êtes trop con.
- Ahah, je suis bien d'accord avec toi, Mousse ! Tout le monde sait que « Crak » s'écrit Q,U,E à la fin ! Franchement les gars, vous abusez... se moqua Charles-Henri.
- Mais, Charly… ta gueule.
- Eh ! Je te défends ! Un peu de respect, je te prie...
- Stop ! On fait quoi du coup ? Justin ? demanda Vikki en se tournant vers lui.
- Je ne sais pas... bon, en soit, on a plus trop le choix de continuer. Plus vite on aura vendu ces cristaux et plus vite on pourra avoir la voiture et se barrer d'ici.
- Donc on continue... soupira Mousse. Bien, file-moi ce pochon, ordonna-t-il à Vance.
Il s'avança vers un groupe de cailloux coiffés d'un bonnet bien trop grand pour eux et possédant de longues dreadlocks. Après plusieurs minutes à leur parler, il échangea le pochon contre quelques joyaux puis revint vers le groupe, bouche-bée.
- Comment as-tu fait ça ! C'était incroyable !
- Euh... c'est que, je l'ai déjà vu à la télé ! Mais bon, là n'est pas la question, il en reste encore beaucoup. Que tout le monde en prenne un et aille le vendre, on se rejoint ici quand c'est fini.
Sur le trottoir d'en face, un caillou légèrement bronzé, marron si je puis dire, regardait le groupe avec véhémence. Alors qu'il venait de voir l'échange, il s'avança jusqu’à la pancarte, ce qui le mit dans une colère noire. Littéralement.
Il fonça sur le groupe à vive allure en roulant sur la pancarte pour la casser en deux.
Devant cet acte odieux, Albert sortit de ses gonds :
- Eh, toi là ! Pourquoi t'as fait ça ? Vilain !
- Comment osez-vous venir ici pour vendre votre camelote ! Vous savez qui je suis, au moins ?!
- Euh... non. Tu le connais toi, Vikki?
- Bah non, pas du tout, Vance. Et toi, Charly?
- Moi non plus, je dois l'avouer... mais peut-être que Justin ?
- Non plus, dit-il en se grattant la tête. Mousse ? Tu as l'air de bien connaître ce milieu...
- Bah je pourrais te citer quelque cent dix-huit noms de criminelles bien connus, mais alors lui... j'en sais absolument rien.
- Vous m'énervez ! Je suis le grand Parrain Con Carne ! On me surnomme « Le Chillien ». N'avez-vous réellement jamais entendu parler de moi ?!
- Comme je le disais, jamais. Vikki ?
- Toujours pas, Vance. Charly ?
- Non, par contre je dois dire que c'est plutôt rigolo comme nom...
- Ne vous foutez pas de ma gueule ! s'énerva le caillou, désormais rouge de colère.
- Aaaaaaaaaah ! hurla d'un coup Lenny qui venait juste de constater les dégâts sur son chef-d'œuvre. Tu as cassé notre pancarte ! Tu vas le regretter !
Le petit caillou se jeta sur le parrain et lui mit un pain. Malheureusement pour lui, Lenny n'était qu'un petit caillou frêle et fragile et le Chilien le repoussa violemment. Voyant son ami dans une mauvaise posture, Albert se mit à crier également et sauta sur son ennemi à son tour. Mais à peine avait-t-il fait ça que les sirènes de police se rapprochaient de plus en plus, prévenue par les personnes à qui le groupe voulait vendre leur came, les forces de l'ordre étaient désormais tout proches. Con Carne, entendant cela, se mit à se débattre mais Mousse roula jusqu'à lui pour l'empêcher de s'enfuir. Tout le groupe se mit à lui sauter dessus et, immobilisé, le parrain fut contraint à attendre de se faire arrêter.
Et c’est ainsi que se finit ce chapitre, non sans laisser du suspens ! Mais que va-t-il se passer ensuite ?! L’auteur n’a-t-il donc aucune limite dans son génie ? Comment quelqu’un peut-il être si charismatique et énigmatique à la fois ?! Je vais vous laisser méditer là-dessus.
Dis donc, je n'en suis pas peu fier de celui-ci, 'tain...
- Pourtant, y'a pas de quoi...
Timmy ! Si c'est pour être désobligeant, tu peux partir !
- Désolé mais bon, autant d’attente pour “ça”. En plus tu t’es un peu lâché sur ton outro là, non ?
C’est que… j’aime bien me lancer des fleurs de temps en temps.
- Ouais bah tu ferais mieux d’élever un peu le niveau.
Timmy, va trouver une autre histoire à pourrir parce que je te jure que je vais te *Censuré par les soins de l'auteur*
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