Tomber
Jusqu'ici, il n'y avait que le choc. Assommant, déroutant... Mais encore hors de la réalité. Ce sont les jours d'après que ma nouvelle vie s'est installée.
Son absence s'est fait sentir de plus en plus intensément, je découvrais que toutes mes habitudes et toutes mes routines dépendaient de lui. Sans que je m'en rende compte, j'avais réorganisé mon existence en fonction de lui, de ses envies : sera-t-il disponible pour qu'on se voit ce jour-ci ? faudra-t-il que je le raccompagne chez lui ? Préfèrera-t-il que l'on aille ici ou là ? ... Je m'étais éloignée de mes amis de promotion, de ma famille aussi, je faisais des activités qu'il aimait et non celles qui me correspondaient. Lorsque nous étions ensemble, cela ne me dérangeait pas, au contraire, je trouvais ça normal et j'en étais même assez fière. Mais maintenant, que me restait-il ? Je l'avais perdu, mais j'avais surtout perdu tous mes repères.
La tristesse s'est amplifiée et avec elle est apparue une douleur que je n'aurai jamais pu imaginer. J'avais entendu cette expression "avoir le coeur brisé", je ne savais pas qu'on pouvait vraiment le ressentir. Alors que tout mon être était vide, mon coeur était comme ouvert en deux et en même temps broyé dans un compresseur. La douleur était physique, me labourait la poitrine en continue et parfois me coupait ma respiration sans prévenir. Elle m'aurait fait peur si j'avais encore eu une quelconque capacité de m'inquiéter pour moi. Quelque part cette douleur me rassurait aussi, car elle me prouvait que ce que je vivais avait été réel. Il m'avait promi que nous resterions amis, et pourtant, il faisait comme si je n'existais pas, comme si nous ne nous étions jamais rencontrés. Il ne me disait même pas bonjour... J'ai cru devenir folle à un moment, j'ai eu peur d'avoir tout inventé. Etait-il possible d'avoir imaginé un an et demi de relation ? Etais-je devenue folle sans m'en apercevoir ?
Les premiers mois sont comme un ensemble nébuleux. Je passais de longues heures assise dans ma chambre ou sur une chaise dans la maison ne sachant que faire, n'ayant envie de rien. Je ne sais même pas si je pensais, je crois que je n'étais pas vraiment là. Je ne parlais que peu. Je ne travaillais plus. Je continuais d'aller en cours et en stage de façon robotisée Faire bonne figure, ne pas se laisser aller. Se taire, continuer... Au bout de quelques semaines, deux copines m'ont proposé que nous révisions ensemble le vendredi soir. Elles ont un peu insisté, j'ai accepté. C'était, pour elles, leur soirée de détente où elles travaillaient beaucoup moins et bien moins efficacement alors que pour moi, c'était la seule soirée où je travaillais.
Un mois après notre séparation, j'ai découvert mon ex-copain avec sa nouvelle petite amie, une fille avec qui il fleurtait alors que nous étions ensemble. Il m'avait assuré ne pas m'avoir quitté pour elle. Nouveau coup de couteau en plein coeur. Je suis tombée un peu plus bas si c'était possible. Mais cela a aussi apporté de la colère pour la première fois depuis que ma vie s'était effondrée, à mes yeux du moins. Et il parait que c'est salvateur...
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