Stagner

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J'ai un tout petit peu repris conscience. Peut-être un sursaut de fierté ? Faible, cependant... Je suis entrée dans une routine. Je ressentais de la peine, de la tristesse tous les jours. Je me trainais comme un boulet. Je n'avais pas d'envie et goût à rien. Mais c'était devenu comme une habitude.

Je crois que le pire, c'était les nuits... Je n'arrivais plus à dormir, je tournais des heures et des heures dans mon lit à ruminer ce qui m'arrivait, à rechercher ce que j'avais fait de mal, à repasser tous mes souvenirs en mémoire,et à pleurer, pleurer jusqu'à s'en assécher. Quand je tombais de fatigue, je dormais d'un sommeil agiter et fragile. Puis les cauchemars sont arrivés. Toujours les mêmes, je revivais inlassablement cette séparation. Combien de fois ai-je été dans cette librairie ? Combien de fois l'ai-je vu disparaitre derrière les vitres du tramway ? Combien de fois me suis-je réveillée en sursaut, en pleurs ? Combien de fois ai-je eu peur de me rendormir? ... Et je me réveillais très tôt, trop tôt... Que faire en attendant d'aller à la fac ou en stage... Je faisais du sport alors que ce n'est pas du tout mon habitude. Je ne ressentais pas la fatigue physique, je ne sentais plus vraiment mon corps, il n'avait plus voix au chapitre. Il ne m'était utile qu'à avoir mal.

Je ne mangeais plus, tout me dégoutais. Je me souvenais de ses remarques sur mon poids, ainsi que celles de ses soeurs qu'il m'avait rapporté "elle est grosse et moche", je n'ai jamais oublié. Quelque part, je voulais les faire mentir, leur prouver que je pouvais maigrir, je voulais être belle et je voulais mourir. Vivant chez mes parents, je ne pouvais arrêter de manger complètement, mais je réduis mon alimentation au maximum, j'exigeais de la salade verte sans vinaigrette à tous les repas, je grignotais mon assiette, ayant grand peine à la finir tant tout était fade pour moi. Je n'étais plus capable de choix, même le plus insignifiant tel que choisir ce que je voulais sur un pizza. J'ai perdu 11 kilos en six semaines. Je n'avais que la peau sur les os et sentir mon corps osseux me réconfortait quelque peu. Je m'endormais un peu mieux, la main posée sur ma hanche qui ressortait, cela me rappelait la sienne, lui qui était tellement fin.

Tout l'été est passé, évidemment je suis allée aux rattrapages. J'ai quand même validé mon année. Tout est passé comme dans un brouillard. Je croyais faire illusion mais j'ai appris plus tard que mes parents avaient été très inquiets. Ils ne l'ont jamais dit, mais je sais, maintenant que les souvenirs reviennent, qu'ils m'ont surveillé comme le lait sur le feu. Et heureusement qu'ils étaient là, je crois.

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