J'ai remonté la pente. Le temps a fait son travail et le soutien de ma famille et de mes amis m'ont aidé bien plus que je ne pourrai l'exprimer. Mes études et les stages m'ont maintenus active tout au long de cette période, et bien que je sois persuadée que ces mêmes études m'ai fragilisées psychiquement, sur d'autres plans je crois qu'elles m'ont rendu plus forte. Quelque part, ce sont aussi toutes mes prises de risque qui m'ont raccroché à la vie. Dans ces moments là, je vivais et j'avais conscience de vivre, de respirer.

Six mois après ma rupture, quand les cours ont repris, j'étais de nouveau capable de parler avec les autres étudiants de ma promo, de renouer un peu avec mes anciens amis de médecine. J'ai découvert que j'avais loupé énormément d'information qui avait à priori fait le tour de la promo. Mes amis ne comprennaient pas que je n'ai pas été au courant. Mais je n'avais à cette époque absolument aucun souvenir des deux mois ayant suivi la rupture. Même maintenant, ils restent flous. Avec le temps, les prises de risques sont devenues plus rares jusqu'à disparaitre. J'ai fini par mettre un terme à la relation sans queue ni tête ni avenir que j'entretenais avec le garçon des sites de rencontre. J'ai repris un poids normal (que d'autres épreuves ultérieures m'ont fait largement dépasser). J'ai quitté le centre équestre où je ne me sentais plus protéger quelques mois après une chute avec perte de connaissance où ils m'ont laissé rentrer seule chez moi. Mon moral s'est amélioré insidieusement. J'ai pris à nouveau plaisir à faire les choses, à prévoir des voyages, à me retrouver moi, pour ce que j'étais. Je me retrouvais avec ma personnalité à jamais modifiée et en ayant l'impression d'être en possession de mes moyens au bout d'environ une année après le début de l'épisode.