Chapitre 3 : Médusa

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La jeune fille s’est tue.

Une fille dans mes galeries, voilà qui est inattendu ! Des hommes de tout âges voulant prouver leur bravoure, oui ; nombreux se sont aventurés et ont péri dans mon antre, mais jamais de femme. Enfin, je crois ? Il y a si longtemps que plus personne ne vient ici.

La curiosité me submerge, je m’engage silencieusement dans la galerie, les yeux fermés, ne me guidant qu’à travers le regard de mes serpents.

Lorsqu’enfin je la trouve, je m’étonne : elle est plus âgée que je ne le pensais où que son manque d’éloquence ne le laissait supposer. Elle n’est pas armée, pas même protégée d’une armure ! Elle tient l’un de ses bras avec une grimace. A-t-elle mal ? A-t-elle peur ? L’un de mes servants hume l’air et m’apprend qu’elle est terrifiée et qu’elle saigne.

Me tenant à distance, j’entrouvre les yeux, je ne veux pas la pétrifier. Pas tout de suite. Je veux d’abord être sûre de ses intentions.

Je perçois tout de suite une source de lumière qui ne devrait pas être à cet endroit de la galerie, sa présence serait-elle donc due à un hasard, une chute malencontreuse ? J’ai du mal à y croire.

Après un long moment d’observation des lieux, dont je doute qu’elle ait perçu quoi que ce soit, je la vois s’aventurer dans le couloir pourpre et vers ce qui sera sa mort certaine. Si les stalactites n’ont pas raison d’elle, elle glissera et chutera dans l’un des précipices de cette caverne.

Ton sort est scellé. Adieu, jeune blasphématrice.

Je la regarde s’avancer vers son destin funeste et une sensation désagréable m’irrite à l’intérieur.

Pourquoi ?

Pourquoi est-ce que je continue de la suivre du regard ? Pourquoi je ne me détourne pas de cette insignifiante mortelle ? Et pire que tout : pourquoi ai-je envie de l’entendre parler, même pour jurer ?

Il y a décidément trop longtemps que je suis seule.

Gaïa a fait preuve d’une cruelle créativité en formant ces galeries, si elle s’avance davantage, sa vie sera en péril. Je dois me décider maintenant si je veux déjouer le dessein des Moires.

Mes mains sont moites. Que dois-je faire ? Avant que ma raison n’ait tranché, mes lèvres me trahissent :

— Attends !

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