Chapitre 5 : Médusa
Mes mots sonnent faux malgré leur sincérité. J’en viens presque à douter de moi-même. Après tout, les femmes n’ont jamais été tendres avec moi, toutes jalouses et envieuses de mes charmes. Dans mes souvenirs, l’amitié a toujours été difficile avec la gent féminine, et impossible avec la masculine ! Pourtant… Je ne peux m’empêcher de ressentir de la pitié pour cette jeune femme et un brin d’admiration ; parcourir ainsi les ténèbres en étant blessée. Elle est brave… ou folle. Maintenant que j’y pense, les offenses qu’elle a osé proférer plus tôt la classeraient plutôt dans la seconde catégorie !
Le fil de mes pensées s’interrompt alors que je la vois s’enfoncer à nouveau dans le couloir.
— Tu vas au devant de ta fin si tu t’obstines à emprunter cette voie !
Un souffle des abysses me fait parvenir son parfum. Elle sent l’herbe, le soleil, le bétail, mais plus que tout l’odeur acide de la peur l’embaume.
Je m’avance moi-même un peu, au risque de paraître dans le champ de lumière, à présent que je me suis engagée à la préserver, je ne veux pas la perdre de vue ! Elle s’est figée, dos à moi. Bien.
— Je ne vous fais pas confiance ! Votre voix me fait peur !
Son aveu n’en est pas vraiment un pour moi, mais elle a le mérite d’être honnête. J’ai bien une idée pour lui prouver ma bonne foi, mais je ne suis pas sûre qu’elle l’interprètera ainsi.
— Deux pas à gauche, un pas en avant. Au sol tu trouveras de la roche et des ossements. Si tu ne veux pas ajouter les tiens à ces lieux, recule et suis mes instructions. Je te guiderai vers une issue.
Pourquoi je m’obstine à vouloir l’aider ? Cela me dépasse et pourtant tous mes regards sont braqués vers elle alors qu’elle exécute mes premières instructions.
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