Chapitre 7 : Médusa
Il s’en est fallu de peu ! Silencieusement, je reprends mon souffle.
Elle me cherche du regard, par chance, elle a moins d’yeux que moi et ils sont moins perçants.
— Vous venez de me sauver, pourquoi vous cacher ?
Même si elle s’est un peu calmée, sa voix trahit les émotions qui continuent de la traverser.
— La courtoisie voudrait que l’on dise « merci ».
— Merci.
Je ne peux empêcher mes lèvres de sourire. Il y a si longtemps que je n’ai pas discuté avec quelqu’un ! Le simple fait d’évoquer des règles de politesse leur redonne un sens, une existence ! Même si je l’ai réclamé, ce mot était sincère ; à quand remonte les derniers remerciements qui m’aient été adressés ?
— Pourquoi vous cachez-vous de mon regard ?
— Je ne peux être vue.
— Pourquoi ?
Je me retiens de répondre « parce que », ce débat est clos.
— Comment comptez-vous me guider sans me montrer le chemin ?
— Tu suivras mes instructions. Mes yeux percent les ténèbres, tu peux t’y fier.
Mes yeux ne la quittent pas, observant chacun de ses gestes, étudiant les traits de son visage, ses réactions. Soudain, la vérité me frappe. Par Érèbe, comment ai-je pu devenir si affamée de vie ?
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