Chapitre 8 : Pyrrha
J’ai beau ne pas la voir, je sens que l’on m’observe. Je n’aime pas ça. Elle m’a sauvée, mais puis-je me fier à elle ?
— Tourne toi sur ta gauche, ordonne-t-elle.
Père dit souvent que j’ai la tête dure, que rien de bon n’y rentre. Mère, elle, dit que mon entêtement sera ma perte. Il est peut-être temps que je leur donne tort. De toute façon, ai-je réellement le choix ?
Je tourne lentement sur moi-même, tel un pantin.
— Encore… Encore… Arrête-toi. Emprunte cette galerie. Attention, le sol est irrégulier.
La gorge nouée, je quitte le maigre champ de lumière et m’engage dans l’obscurité, guidé par une inconnue.
Je marche avec lenteur, le sol semble vouloir ma chute à chaque pas, l’obscurité la plus épaisse que j’ai rencontrée m’a engloutie, je ne distingue absolument rien, c’est terrifiant ! Ma respiration, mes pas, mes doigts qui longent la paroi, le moindre son se répercute en écho infini, comme pour se moquer de moi, de ma maladresse. Elle, en revanche, rien ne trahit sa présence. Est-elle seulement encore là ? Et si elle s’était jouée de moi ? Voilà un long moment que je marche et je n’ai plus de directive !
— Vous…
Ma brusque prise de parole éclate bruyamment dans le silence me faisant sursauter. Je dois avoir l’air bien bête, effrayée par le propre son de ma voix ! Je laisse mon cœur reprendre une course normale et reprends la parole, d’une voix plus basse, un peu comme elle.
— Vous êtes toujours là ?
Une éternité s’écoule lorsqu’enfin, je perçois sa réponse.
— Oui. Continue de marcher.
Malgré la chair de poule qui traverse mon échine au son de sa voix, je dois admettre que je suis un peu rassurée.
— C’est encore loin ?
— Oui.
Elle était plus bavarde quand je crachais sur les dieux. Même si sa voix me glace le sang, une partie de moi trouve du réconfort dans le fait d’entendre quelqu’un d’autre parler.
— Qui… Qui es-tu ?
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