Pourquoi ai-je accepté ? Cette fille est un moulin à paroles ! De mon temps, les femmes étaient pleines de mystères, découvrir la fleur qui nous faisait sourire était un périple parmi tant d’autres qui menaient à notre cœur. Mais à cet instant, j’ai l’impression de savoir plus de choses sur elle que je n’en sais sur moi ! Je dois lui reconnaître que j’anime peu cet échange : pourquoi suis-je ici ? Qu’en pense mes parents ? Ai-je des sœurs ? Des frères ? Un amoureux ? Autant de questions auxquelles je ne peux et ne veux pas répondre.

Nous arrivons à un croisement. L’interrompre ne va pas être aisé.

— Arrête-toi…

—…mais penses-tu que père m’aurait prévenue ? Que nenni ! J’ai été contrainte de m’adapter, comme toujours… Et mère qui ose dire de moi que je manque de souplesse ! T’imagines ?

— Arrête-toi, Pyrrha…

— J’en ai finalement parlé avec le marchand, car après tout, lui aussi était concerné ! Même si cela ne change pas grand-chose pour lui, soyons honnête !

— PYRRHA !

Je la vois sursauter et se tourner brusquement vers moi. Ces yeux sont exorbités comme si elle avait oublié que j’étais là.

— Qu… Qu’est-ce qu’il y a ? C’est dangereux ?

— Nous sommes à un croisement.

— Ah…

— Deux chemins sont possibles. L’un est plus rapide, mais il te faudra escalader. L’ascension n’est pas difficile, elle reste néanmoins dangereuse : chuter pourrait te coûter la vie.

— Et l’autre chemin ?

— Plus long. La nuit sera probablement tombée, mais la traversée est plus sûre.

Le premier demandera toute sa vigilance pour arriver au sommet, l’autre lui permettra de rester insouciante et bavarde.

Je me surprends à espérer qu’elle choisisse le second passage. Cela m’agace et quand je suis agacée, mes serpents se mordent entre eux, ce qui ne fait rien pour aider. Je dois me rendre à l’évidence : même si j’apprécie ce retour au calme tandis qu’elle réfléchit, je savoure la vitalité qui émane d’elle et plus que tout, elle me parle. À moi.