Chapitre 13 : Médusa
Alors que je lui indique comment s’engager dans le second passage, elle reprend la parole.
— Tu trouves que je parle trop ?
Bien qu’elle soit évidente, la réponse mérite pourtant réflexion avant d’être exprimée. Si je réponds par l’affirmative, elle risque de ne plus me parler, me renvoyant à mes abysses silencieuses… Même si son verbiage est épuisant, il est vivant, il m’est adressée avec légèreté, innocence et… et il me renvoie à celle que j’ai été autrefois : une femme.
— Ah… Ton silence en dit long sur le fond de ta pensée !
Mince, j’ai mis trop de temps à répondre ! Pourtant, elle ne semble pas vexée.
— Rassure-toi, tu n’es pas la seule à me trouver trop bavarde ! Je parle même à mes moutons ; père prétend même que c’est cela qui les fait fuir… Il est tellement médisant !
Je ne peux m’empêcher de donner du crédit aux suppositions de son père.
Je cherche comment lui répondre sans la froisser, même si je commence sérieusement à douter que cela la fera taire.
— Parler n’est pas un problème, il faut cependant que tu m’écoutes avec plus d’attention. Ce chemin est plus sûr que l’autre, il n’en reste pas moins dangereux.
Elle acquiesce, reste à voir si elle s’en souviendra plus tard.
Le temps passe, nous avançons bien.
Je dois admettre que j’admire sa témérité ; privée de sa vue et malgré les aspérités du sol, elle marche aussi vite qu’elle le peut. Elle trébuche, se cogne, s’égratigne, mais rien ne semble entamer sa bonne humeur ni l’empêcher de palabrer.
Mes avertissements sur les dangers parsemant notre trajet ont été retenus, au moindre murmure, elle se tait et se fige, attendant sagement mes directives.
Après un long moment, nous arrivons finalement à quelques pas du gouffre, cela ne va pas être aisé.
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