Chapitre 19 : Médusa

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Pendant un instant, je suis saisie de stupeur, même mes serpents n’osent plus bouger. Ai-je bien entendu ? Mais…pourquoi ?

— Pourquoi veux-tu être mon amie ? Qu’est-ce que cela implique ?

Autrefois, mes rares amitiés, lorsqu’elles n’étaient pas intéressées, rimaient avec jalousie et trahisons. Que dois-je envisager aujourd’hui ? Que me veut-elle ?

— Les gens au village ne m’apprécient guère, les hommes comme les femmes de mon âge me trouvent trop bavarde, trop turbulente, trop curieuse, pas assez féminine et j’en passe… Je… J’ai trouvé que l’on s’était bien entendu l’autre jour, j’aime bien parler avec toi ! Du coup… hum… tu veux bien ?

Son discours est hésitant, balbutiant, elle ne me dit pas tout. Je suis trop loin pour la sentir et flairer l’odeur du mensonge. Si elle n’est pas trop bête, elle a dû faire le lien entre le nom stupide que je lui ai donné et les légendes qui se rattachent à ces lieux ; ma malédiction et la menace que je représente n’ont pas pu être oubliées par les mortels ! Je distingue un gros panier en osier à son bras. Il n’est pas impossible que tout cela soit un stratagème pour me piéger ; un poignard peut très bien se cacher dans ce panier ou dans un repli de son habit.

Pourtant.

Une part de moi a vraiment envie de la croire.

— Je ne peux être vue… finis-je par répéter dans un murmure, espérant que ma tristesse ne soit pas trop audible.

— Voilà ce que je te propose : je pose le panier ici et je recule un peu, dos à toi. Je ne me retournerais que si tu m’y autorises, d’accord ?

Elle pose déjà le panier au sol, elle paraît soulagée de s’en défaire : est-il lourd ? Est-ce un piège dangereux dont elle avait peur qu’il se retourne contre elle ?

— Dusa ?

— Qu’est-ce qui me prouve que je peux te faire confiance ?

— Rien, je suppose. Mais… Je t’ai accordé la mienne dans l’obscurité sans te connaître ni te pouvoir te voir. Laisse-moi cette chance de te prouver que moi aussi je suis digne de confiance.

Ses mots et ce qu’ils sous-entendent me touchent. Elle me considère digne de confiance. Mon cœur s’emballe un instant tandis que ma gorge se noue.

Je prie que cela ne soit pas un piège, mon âme ne le supportera pas.

— J’accepte. Tourne-toi.

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