Chapitre 20 : Pyrrha

2 minutes de lecture

Je suis surexcitée ! Elle accepte ! Je place la torche entre deux formations rocheuses et une fois que je suis assurée de sa stabilité, je recule de plusieurs pas avant de m’asseoir, dos à elle.

Je tends l’oreille, guettant ses pas ou sa présence, mais comme la dernière fois, rien ne la trahit.

— Qu’est-ce que tout cela ? demande-t-elle derrière moi.

Par réflexe, je commence à me retourner pour lui répondre, je me ressaisis aussitôt et me mords la joue.

— Dans le pot, c’est de la pâte de caroubes ! Je l’ai faite moi-même ! Le goût est un peu fort, car je l’ai faite avec du lait de brebis. Je t’ai mis une miche de pain, tu peux la goûter avec, tu verras c’est très bon ! Je t’ai mis un pot de miel, des filets de harengs séchés, des fruits secs, une amphore d’huile pour manger avec le pain et une amphore avec de l’eau fraîche ; tu verras elle est très bonne ! Elle vient de notre puits !

— Et… tout ce tissu dessous… c’est quoi ?

C’est la première fois que je l’entends parler avec hésitation, ou bien est-ce de l’émotion ?

— Je… je t’ai mis une tunique. Je t’ai aussi mis un peigne et un ruban, tes cheveux m’avaient chatouillée l’autre fois. Je pourrais même te coiffer si tu veux !

Je l’entends s’esclaffer légèrement, mais elle ne dit rien.

— Je le fais souvent pour mère, elle dit que je m’en sors bien, que j’ai des doigts pour tisser, mais elle dit aussi que j’ai trop d’impatience pour cela !

Mes mains deviennent moites. Et si cela ne lui plaisait pas ? Mes présents n’ont guère de valeur, pas même la tenue qui est loin d’être neuve… Alors que sans elle, je ne serais probablement plus de ce monde. Ah ! J’aurais pu faire mieux !

— C’est… pour moi ?

J’entends le bruissement de l’étoffe, mais j’ai aussi clairement entendu l’émotion dans sa voix. Est-elle déçue ? Est-elle contente ?

— Oui. Je sais que ce n’est pas grand-chose… Père est tellement avare, il partage rarement les pécules de notre labeur à mère et moi, par contre il donne sans compter à mes deux frères… pff !

— La tunique que tu portes est en moins bon état que celle que tu as mise dans le panier…

Rien ne lui échappe.

— C’est une tenue de seconde main…désolée… Elle ne me couvre plus assez, j’ai certainement mangé trop de pâte de caroubes ! Je ne l’ai que peu portée avant qu’elle ne me soit trop petite…

J’ai tellement honte… si seulement j’avais réussi à chaparder quelques pécules à père, j’aurais pu lui amener des choses décentes.

Annotations

Vous aimez lire Pattelisse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0