Chapitre 14 - 3

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Rosalie s’était couchée sans fermer les rideaux, et la timide lumière des matinées d’hiver était devenue celle éclatante de l’après-midi.

Elle gémit et se retourna sur le dos. Son corps était engourdi, malmené par ses blessures. Rester au lit ne ferait qu’empirer les choses.

Rosalie repoussa les draps et se leva. Elle changea de chemise et de chaussettes, puis quitta la chambre pour constater par la pièce de vie vide qu’Amerius n’était pas levé. Cela arrangeait bien Rosalie, qui préférait ne pas avoir à expliquer ce qu’elle voulait faire. Elle quitta l’appartement en ouvrant discrètement la porte, pour descendre les escaliers sur la pointe des pieds. Bartold n’était nulle part en vue, ce qui la soulagea. La confrontation de la veille lui avait suffi.

Rosalie traversa les bureaux administratifs déserts jusqu’à atteindre le sien. C’était étrange de le trouver vide et silencieux, sans Léni pour déranger le contenu des étagères, sans les grattements du stylo d’Amerius dans la pièce voisine. Elle finit par ne plus en tenir compte, les yeux rivés sur la boîte au pied du bureau.

Rosalie s’y précipita, prise d’une rage soudaine. Elle se jeta à genoux devant le carton et l’ouvrit, rejetant le couvercle pour plonger les mains à l’intérieur. Les jouets furent écartés sans émotions, jusqu’à ce qu’elle les voie, elles.

Rosalie s’immobilisa au-dessus de leurs silhouettes, indécise, peut-être effrayée, sans savoir pourquoi. Ses mains tremblantes se glissèrent jusqu’à elles.

Aliza et June. Les deux sœurs aux longs cheveux blond et roux, figées à jamais. Rosalie les observa comme elle ne l’avait jamais fait. Les marques de couteau sur le bois grossièrement taillé, les veines et nœuds plus lisses aux endroits où une main les avait souvent tenues.

Sa main. Parce que ces poupées étaient les siennes. C’était Rosalie qu’Aliza et June observaient de leurs pupilles bleues faites de points de peintures.

Les muscles de Rosalie se crispèrent. Elle dut rassembler toute sa volonté pour se calmer, de peur de broyer les poupées entre ses mains.

Quelqu’un les avait changées. C’était servi d’elles. Ce n’était pas de cette manière que Rosalie les avait imaginées, et ce n’était pas à un autre de le faire à sa place !

Ce même autre qui était responsable du traumatisme de Rosalie, dans cette forêt magiterienne, qui lui avait laissé croire que les Poupées lui voulaient du mal.

Rosalie se releva et retourna à l’appartement, Aliza et June encore en main. Elle franchit la porte au moment où Amerius émergeait du couloir des chambres.

Il hésita face au regard sombre de Rosalie, avant de désigner les poupées dans ses mains.

– De quoi s’agit-il ?

Elle s’avança jusqu’à la table et les posa dessus.

– De ma première rencontre avec notre ennemie.

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