Chapitre 40 * (- 1)

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Palais royal, 19h11, 11 de jerve de l’an 1901

La salle de réunion du palais avait été réaménagée. Des plaques de verre recouvraient un pan de mur, et une sphère faisait face au siège occupé par la reine. Celle-ci portait toujours l’uniforme de combat, ses boucles auburn attachées en queue-de-cheval haute.

Amerius s’assit à sa gauche avant d’être rejoint par le ministre de la guerre et le commandant des armées, accompagnés de son second.

À peine s’étaient-ils installés que les équations sur le verre se mirent à briller. Les quatre visages des dirigeants étrangers apparurent, partageant tous le même air soucieux. Le monarque de la Vindiène entra sans attendre dans le vif du sujet.

– Reine Galicie VII, est-il vrai que vous avez contacté les Basses-Terres au moyen d’un ultimatum sans nous en référer au préalable ?

La conversation avait lieu en Ordalien, la langue officielle de l’Union. Afin de conjurer au mieux le mauvais fonctionnement de la magie, les dirigeants se trouvaient dans des villes les plus géographiquement proches de la Cie-Ordalie. Malgré cela, l’image pouvait être brouillée et le son décalé.

– En effet, Monarque Edmé. Tout simplement parce que l’urgence le justifiait. Dans moins de quatre jours, les Basses-Terres telles que nous les connaissons seront de l’histoire ancienne, bien que parmi les deux possibilités à venir, l’une nous soit davantage favorable.

Amerius entendit le monarque renifler de manière méprisante. L’homme était connu pour son ego aussi imposant que ses collerettes de dentelle.

– Votre message était plutôt succinct, Majesté, intervint Oliviane Mullerde. Je pense que nous manquons d’informations pour juger de cette urgence.

La Présidente d’Eyraulte se présentait aux côtés de son secrétaire et d’un ministre. Tout juste entrée en fonction, la femme se retrouvait déjà confrontée à une situation inédite.

Les rois de la Cadrie du Sud et de l’Ordalie hochèrent la tête en guise d’approbation.

Galicie VII s’efforça d’être à la fois claire et succincte, évoquant le risque de voir les Basses-Terres réduites en cendres, sauf si elles acceptaient de plaider coupables.

– Ont-elles seulement répondu ? s’enquit le roi Lonzo de Sud-Cadrie.

– Non, admis Galicie.

– Pourquoi n’avons-nous connaissance de cette affaire que maintenant ? attaqua le Monarque Edmé. Votre territoire abrite un dangereux terroriste que le septième amendement n’arrête pas. Qu’est-ce qui nous garantit qu’il se contentera des Basses-Terres ?

Galicie déglutit.

– Rien, Monarque. Mais notre homme ne dispose pas de ressources illimitées. Tout nous laisse penser que…

– Vous laisse penser ! La Vindiène ne peut pas se contenter de suppositions, pas si elle doit se faire raser !

– Monarque, un peu de calme, voulez-vous ?

Le souverain Chamdor d’Ordalie sourit de manière compréhensive.

– Je trouve au contraire que la reine Galicie a su réagir avec sang-froid. Nous tenons enfin les Basses-Terres, une occasion que nous attendions depuis des années, et tergiverser n’arrêtera pas le cours des évènements. L’Ordalie vous suivra, Reine Galicie.

Le roi Lonzo se rangea à ses côtés. Après un rapide conciliabule avec ses ministres, la Présidente Mullerde signifia son accord. Le Monarque Edmé fut contraint de s’écraser face à la majorité.

– Je propose de nous mettre en chemin pour la Cie-Ordalie, conclut le souverain Chamdor.

Les quatre autres approuvèrent et les plaques s’éteignirent.

Galicie se leva.

– Commandant, voyez si les services secrets ont trouvé la trace de Maguel. Mais adressez l’éventuelle nouvelle à Amerius. Si les Basses-Terres apprennent que notre homme a été arrêté, elles n’auront plus de raison de signer des aveux.

Une fois seuls, Galicie se tourna vers Amerius.

– Penses-tu qu’elle apprendra quelque chose d’utile ?

Il hocha la tête. Si lui se trouvait ici, Rosalie descendait en ce moment même les marches de la prison.

– Je sais qu’elle fera de son mieux.

Il admirait son courage, celui d’accepter de se confronter de nouveau à celle qui l’avait trahie.

– Qu’elle réussisse ou non, nous avons un plan à terminer.

Amerius espérait que cela fonctionnerait, que Maguel se présenterait tel qu’ils l’avaient décidé et qu’ils éviteraient un massacre.

Une question frappa soudain Amerius.

Si les Basses-Terres refusaient de se présenter, est-ce que l’Union laisserait Maguel les détruire ?

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