Chapitre 43 * (- 1)

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Falaises des côtes cie-ordaliennes, 16h32, 13 de jerve de l’an 1901

– Départs autorisés.

Rosalie rouvrit les yeux, sans avoir eu l'impression de les avoir fermés. Sur les plaques de verre, train et fiacres étaient en route pour leur destination.

Non, ils sont déjà arrivés.

Elle bondit de son siège et se précipita vers Galicie VII.

– Écoutez-moi, il va y avoir une attaque !

La reine fronça les sourcils. L’inquiétude et l’irritation se disputèrent sur son visage.

– Excusez-moi ?

Les autres agents s'étaient retournés, l’air agacés.

– Maguel Stanford. Il est là, et il va passer à l’attaque.

Galicie VII hésita une dernière fois, avant d’ordonner à ses agents d’écouter, dissipant leur mauvaise humeur.

– Je dois en être sûre, menaça la reine. Je ne peux pas…

Rosalie abandonna l'idée d'argumenter. Elle se pencha sur la table et appuya de toutes ses forces sur le bouton de la radio.

– Amerius ! Maguel va...

Elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase.

Sur le verre, l'image du train vacilla, ses wagons de queue soudain éjectés des rails. Rosalie les vit entraîner le reste du train, qui s'effondrait sur un côté à la manière d'une ligne de dominos.

Galicie VII repoussa Rosalie.

– Alpha ! Ici équipe bêta, est-ce que quelqu'un m'entend ?! Quelle est la situation ?!

Son appel resta sans réponse.

– C’est pas vrai ! Pourquoi a-t-il attaqué si tôt ?

Rosalie n’eut pas le temps de lui expliquer, la reine distribuait déjà d’autres ordres.

– Équipes gamma, delta et epsilon ! Rendez-vous sur place immédiatement !

– Et nous ? demanda Rosalie.

Elle fut ignorée. Galicie ordonna que l'on agrandisse les images.

– Cherchez-le !

Rosalie s'approcha du mieux qu'elle put, cherchant la silhouette d'Amerius parmi les wagons. La tête du train avait pu être décrochée à temps, empêchant sa chute, mais le freinage d'urgence et le vacillement soudain avaient mis à mal les roues, affaissées sur un côté.

Les sphères se détournèrent du train pour scruter la forêt voisine. Des soldats s’y étaient déjà déployés, sans doute cachés parmi les arbres. Autour d’eux, les détecteurs de magie pulsaient de lumière écarlate.

Cible aperçue devant le wagon sept !

Les sphères pivotèrent. Une silhouette venait d’apparaître devant la rame, sa cape sombre encore fumante de magie. Les sphères agrandirent l’image, permettant à Rosalie de revoir ce visage détesté, affaissé et marbré de cicatrices.

Maguel s’avança vers le wagon et ouvrit la porte endommagée. Il en frappa aussitôt le métal, en découvrant la réalité de ce qui se trouvait à l’intérieur : du vide. Les rames voisines qui s’étaient ouvertes laissaient entrevoir le même constat. Les pierres n’avaient jamais été là. Et Rosalie était certaine que les fiacres étaient également vides.

– PRENEZ-LE EN CHASSE !

Les soldats n’avaient pas attendu l’ordre de Galicie pour se lancer à la poursuite de Maguel. Un instant stupéfait, l’homme se détourna et se dirigea à l’opposé des combattants, sans courir. Il s’agrippait les cheveux, son corps était secoué de rage.

Un soudain tir de revolver entre ses pieds le fit s’arrêter. Maguel se retourna, l’air contrarié. Un homme l’avait dans sa ligne de mire.

Rosalie soupira de soulagement en reconnaissant Amerius. L’une de ses jambes semblait engourdie, mais il était vivant. Il n’y avait pas de son, mais Rosalie devina la teneur des ordres d’Amerius. Maguel devait se rendre, il était cerné.

Le cœur de Rosalie bondit, elle refusait de rester planter ici à attendre, pas alors qu’elle pouvait constituer un rempart entre Maguel et le reste. Elle fit mine de précipiter vers l’extérieur, quand un bras lui ceintura la taille.

– Je ne crois pas, non, assena Galicie.

– Lâchez-moi !

Rosalie essaya de s’extirper, mais la reine ne cilla même pas. Elle possédait davantage de force que sa silhouette menue ne le laissait supposer.

– Arrêtez de vous débattre ! Il peut gérer ça, d’accord ? Il sait ce qu’il fait.

Rosalie ignorait qui d’elles deux la reine essayait de convaincre. Résolue, elle cessa de s’agiter. Galicie VII avait raison. Elle ne servait à rien. La reine relâcha sa prise, et Rosalie se dégagea. Elle allait s’éloigner, quand Galicie VII lui saisit le poignet pour la retourner dans sa direction. Son visage était crispé de colère.

– Ne refaites jamais ça, siffla-t-elle. J’ai autre chose à faire.

Rosalie ravala sa réplique et hocha la tête. Elle fut contrainte de s’en remettre à l’attente et aux images des écrans. L’un d’eux se focalisa sur Maguel. Un cercle de soldats l’entourait, se resserrant de plus en plus. Maguel leva les mains en l’air. Il n’affichait aucune inquiétude.

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