Depuis notre visite en ville, le retour au lycée Blaise Pascal avait été pour moi, Simo, un retour à la solitude. Sarah, quant à elle, semblait s'intégrer sans effort. Les autres élèves, avec qui j'avais toujours gardé mes distances, lui donnaient des conseils, des avertissements contre moi. "Reste loin de Simo si tu ne veux pas d'ennuis," chuchotaient-ils. Elle les écoutait, acquiesçait, et moi, je me retrouvais une fois de plus à l'écart.

Trois jours s'étaient écoulés sans un mot échangé entre nous. Sarah était devenue le centre d'attention de la classe, sa beauté et son charisme attiraient les regards et les conversations. Moi, je restais dans mon coin, observant, espérant presque qu'elle briserait le mur invisible qui nous séparait.

Puis vint le jeudi, le jour de l'annonce du professeur de français. Un exposé en binôme sur un centre d'intérêt. J'ai senti les regards se détourner de moi, les chaises se reculer légèrement. Personne ne voulait être associé à Simo, le fils du professeur, l'isolé. La tristesse et l'humiliation m'envahirent, une émotion familière, mais toujours aussi douloureuse.

Le choix du professeur tomba comme un coup de théâtre - mon binôme serait Sarah. Un murmure parcourut la classe, des regards de jalousie se posèrent sur moi. Sarah, surprise, me jeta un regard incertain. Les garçons, qui avaient jusqu'alors tenté de gagner ses faveurs, me lançaient des regards noirs. J'étais soudain devenu l'ennemi, l'intrus qui avait pénétré dans leur cercle par un heureux hasard.

Sarah s'approcha de ma table, son parfum mêlé à une légère nervosité. "On dirait qu'on est partenaires," dit-elle avec un sourire forcé. J'ai hoché la tête, incapable de trouver les mots justes. Était-ce une opportunité de renouer le lien que nous avions commencé à tisser, ou allais-je simplement accentuer l'écart entre nous ?

L'idée de travailler avec Sarah me remplissait d'une excitation nerveuse. Elle était là, à portée de main, mais en même temps si loin, entourée d'une aura d'inaccessibilité que ses nouveaux admirateurs ne faisaient qu'intensifier.

Alors que nous commencions à discuter de notre projet, je me sentais à nouveau vu, entendu. Mais cette fois, ce n'était pas en tant que le fils du professeur, mais en tant que Simo, le partenaire de projet de Sarah. Un rôle que j'étais déterminé à remplir du mieux que je pouvais.