Chapitre 9 : Ombres et Illusions
Les couloirs du lycée Blaise Pascal résonnaient de la rumeur incessante des conversations et des rires, mais pour moi, ils étaient devenus un tunnel de solitude et de murmures. "Voilà Simo, le type qui ne se fait pas d'amis," chuchotaient les élèves en me voyant passer. Chaque mot me transperçait comme une épine, me rappelant cruellement ma solitude.
Au cœur de cette mosaïque sociale, Sarah et Hamza brillaient comme des étoiles. Leur relation était devenue le sujet de toutes les conversations, alimentant à la fois mon isolement et ma douleur. Sarah, autrefois ma confidente et amie, était désormais la compagne enjouée de Hamza, partageant rires et moments de complicité qui me paraissaient si étrangers.
Dans les cours, je les observais du coin de l'œil. Ils siégeaient ensemble, échangeant des notes et des sourires. Pendant les pauses, ils se promenaient main dans la main, entourés d'une cour de camarades admiratifs. Sarah semblait s'être métamorphosée depuis qu'elle était avec Hamza. Elle rayonnait d'une confiance nouvelle, mais parfois, dans ses yeux, je croyais percevoir une ombre de doute, une fissure dans son masque de bonheur.
Un après-midi, alors que je m'éclipsais de la cafétéria pour échapper aux regards curieux, je les ai surpris dans une conversation intense dans un coin reculé du jardin du lycée. Leur discussion semblait chargée d'émotions. Hamza avait l'air agité, tandis que Sarah paraissait sur la défensive. Je me suis éloigné, le cœur lourd, me demandant quelle tempête se cachait derrière leur façade idyllique.
Plus tard, dans la semaine, pendant un projet de groupe en classe de sciences, j'ai remarqué que leur dynamique avait légèrement changé. Hamza était plus distant, absorbé par son téléphone, tandis que Sarah essayait de capter son attention. Son sourire semblait forcé, et ses rires un peu trop aigus. Lorsque leurs regards se croisaient, il manquait la chaleur d'avant.
Un jour de pluie, alors que les gouttes tambourinaient contre les fenêtres de la salle de classe, une scène m'a particulièrement marqué. Sarah, visiblement troublée, avait tenté de parler à Hamza, mais il l'avait écartée avec une désinvolture qui m'avait fait frémir. Elle était restée là, désemparée, son regard se perdant dans le vide. Cette image de Sarah, vulnérable et seule, me hantait.
L'ambiance au lycée était électrique, les rumeurs et les potins circulant avec une rapidité vertigineuse. "Ils se sont disputés," murmurait-on. "Hamza a d'autres filles," disaient certains. Ces rumeurs alimentaient les conversations, mais elles creusaient également l'écart entre moi et le reste du monde.
Un après-midi, je les ai observés de loin pendant la récréation. Hamza parlait avec un groupe d'amis, riant bruyamment, tandis que Sarah se tenait à l'écart, les bras croisés, son expression sombre trahissant son malaise. C'était comme si elle avait soudain pris conscience de la réalité de sa situation, de l'illusion dans laquelle elle avait vécu.
Ce même jour, après les cours, j'ai entendu une conversation entre Sarah et sa mère, Iman. "Sarah, comment ça se passe avec Hamza ? Tu sembles préoccupée ces derniers temps," demandait Iman avec une douceur inquiète. Sarah avait répondu avec un sourire crispé, "Tout va bien, maman. On traverse juste une petite période difficile." Mais derrière ses mots, il y avait une tension palpable, une lutte intérieure entre son désir de maintenir l'image d'un couple parfait et la réalité d'une relation qui se fissurait.
Je rentrais chez moi sous la pluie, perdu dans mes pensées. L'image de Sarah, seule et troublée, me suivait. Je me demandais si j'avais jamais vraiment compris qui elle était, ou si notre amitié n'avait été qu'une façade, tout comme sa relation avec Hamza. Les gouttes de pluie se mélangeaient à mes réflexions, brouillant la frontière entre la réalité et l'illusion.
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