L'excitation était à son comble lorsque nous, un groupe de quatorze élèves du lycée Blaise Pascal, avons été sélectionnés pour participer au prestigieux festival de théâtre de La Roche-sur-Yon. Sous la houlette de notre professeur de théâtre, Monsieur Mustapha, Sarah, Zineb, Hamza, moi-même et dix autres camarades de classe avions commencé à travailler d'arrache-pied sur notre pièce.

Monsieur Mustapha, avec son enthousiasme contagieux et son approche bienveillante, avait rapidement créé un environnement où la coopération et l'entraide régnaient. "Le théâtre, c'est bien plus que jouer des rôles ; c'est apprendre à travailler ensemble, à comprendre et à respecter chacun," nous rappelait-il souvent.

Deux mois avant le festival, nous avions eu l'opportunité de présenter une ébauche de notre pièce à Marrakech. Cette expérience nous avait permis non seulement de peaufiner notre performance, mais aussi de tisser des liens plus forts entre nous. Nous avions exploré ensemble les ruelles animées de la médina, admiré l'architecture et les marchés colorés, et partagé des moments inoubliables sous les étoiles du désert.

Cependant, ce séjour à Marrakech avait aussi été le théâtre d'un moment difficile pour Sarah. Après avoir tenté de renouer avec Hamza, elle s'était retrouvée face à un rejet cinglant et public. Cette humiliation l'avait profondément marquée, la laissant isolée et désemparée, se détournant même de notre groupe d'amis.

Au retour de Marrakech, malgré l'absence de Sarah, nous avions continué à répéter avec acharnement. Zineb et moi, nous soutenant mutuellement, avions trouvé un certain réconfort dans notre amitié, qui s'était renforcée au fil des jours.

Le jour du festival était finalement arrivé, et notre représentation avait été un triomphe. La pièce, mêlant humour et émotion, avait été saluée par des applaudissements nourris et des critiques élogieuses. Ce succès avait été un moment de fierté collective, mais l'ombre de l'absence de Sarah planait sur notre joie.

Le retour au lycée avait été teinté de cette douce amertume. La distance de Sarah pesait lourdement sur le groupe, et en particulier sur moi. Hamza, de son côté, semblait indifférent aux répercussions de ses actions, continuant sa vie comme si de rien n'était.

Dans les jours qui suivirent, notre quotidien reprenait son cours, mais l'ambiance avait changé. La troupe de théâtre, autrefois unie, semblait désormais éclatée, chacun gérant les répercussions de l'incident à Marrakech à sa manière. Pour ma part, je me retrouvais souvent à penser à Sarah, à son bien-être, et à ce que l'avenir nous réserverait.