— Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?! demanda Math en criant à voix basse.

Oui, je sais, ce n'est pas courant de crier ainsi, mais bon, les nains ne font jamais rien comme les autres.

— Je…

Comment dire à un marchand qu'on vient lui prendre quelque chose sans payer ? Pas évident.

— J'étais curieux de voir, heu, les…

— Je comprends, répondit Math en hochant la tête en direction d'Aloye, qui se tenait devant la porte de la grange, la capuche dissimulant son visage.

— Mais pas du tout !

— Oh, ça va, on ne me la fait pas à moi, ajouta-t-il avec un clin d'œil.

— Mais non ! Je voulais prendre de l'équipement d'aventurier !

Voilà, j'avais dit la vérité sans réfléchir. Comme quoi, ce n'était pas si difficile.
Math Ernes m'avait regardé attentivement. Je pensais qu'il cherchait déjà un moyen de me refourguer son bric-à-brac. Puis, il déclara :

— Mon pauvre 7… Ce sont ces gobelins qui te font peur, hein ? Tu veux de quoi te défendre? Vas-y, sers-toi, mon ami ! Ah ah ah !

Ce nain avait un vrai don pour me taper sur les nerfs.

Mon regard se posa sur la serveuse, assise sur un ballot de foin, en train de manger des framboises sans même nous prêter la moindre attention.

— Et toi, tu fais quoi ici ?

— Moi, euh… Tu vois, avec Clémentine, on… comment dire…

— Vas-y, je t'écoute.

— Bah… on partage nos ressources, si on peut dire.

— Tu veux dire que toi et elle…

— Oui, je sais, c'est pas très glorieux, mais on aime ça. La bière aromatisée aux fruits rouges, c'est l'avenir !

— La quoi ?… Mais tu es dégoûtant.

Ce nain n'avait vraiment aucun honneur. Si un jour je croisais un autre membre de sa race, je balancerais tout. Déjà qu'un nain sans barbe, c'était louche, mais alors un nain qui fait des trucs bizarres avec de la bière… où allait le monde ?

Bref.

J'avais d'autres chats à fouetter. Ou plutôt des mobs à trucider.

Je me dirigeai vers un tas d'accessoires et d'armes en vrac. Il y en avait de toutes sortes et de tous niveaux, mais je devais me concentrer sur ce que je pouvais équiper : du niveau 3. Après un peu de tri, j'avais fait mon choix.

Côté équipement, j'avais opté pour un pantalon d'escrimeur myope niveau 3, une paire de Bottes de cavalier en cuir d'orties niveau 2 et, faute de mieux pour le haut, je gardai ma chemise rouge de base. Il y avait aussi un bandana de la même couleur, niveau 1, mais sympa. Je me disais que j'aurais l'air badass avec ça sur la tête.

Puis mon regard se posa sur une épée. Une petite épée, certes, mais une épée quand même. La lame avait un reflet violet, mais le problème, c'était la poignée… Elle était ornée d'une tête de lapin blanc, avec un petit pompon attaché à une chaînette.

Son nom : Lame sacrée du Terrierplier.
Niveau : ???

Une question se posait : pouvais-je prendre une arme de niveau inconnu ? Une seule façon de savoir.

Je tendis la main et saisis la poignée.
Oh ouais.

— On peut y aller maintenant ? demande Aloye.

— Oui, c'est bon pour moi.

Je la rejoignis à l'entrée de la grange… et c'est à ce moment-là que ma malchance décide de se pointer.

Sans m'en rendre compte, j'avais marché sur la cape de la PNJ. Lorsqu'elle voulait sortir, le vêtement à capuche était resté coincé sous ma botte.

Oh misère.

— Aloye Rin !

Clémentine bondit de son ballot de foin et tenta une révérence maladroite.

— Saperlipopette… souffla Math.

Tous deux s'approchèrent de moi en courant.

— Qu'est-ce que tu as fait, 7 ? demanda le nain.

— C'est pas vrai ! Le pervers a kidnappé la fille du duc ! enchaîna Clémentine.

— Mais je n'ai kidnappé personne !

— Silence, criminel !

— Mais qu'est-ce que tu as fait, mon ami ?!

— Laissez-moi vous expliquer.

— Tu répondras de tes actes devant la milice, criminel !

Cette serveuse était catégorique. Je me retrouvais encore dans une situation pourrie.

Sauf que.

Aloye prit la parole :

— Pas la milice. Ce PNJ ne m'a pas enlevée.

— Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, ce détraqué ne vous fera aucun mal !

— Je le sais. Il va réaliser ma quête. Nous partons pour la Forêt Blanche.

Math et Clémentine se regardèrent, interloqués. Puis ils lâchèrent en chœur :

— Quoi ?!