Chapitre 7
Soen
[4 Mars 2420 – Quelque part entre les terres du sud et les terres de l’ouest]
Cela fait trois jours complets et quelques heures que nous crapahutons dans cette immensité verdoyante. Nous avons longé la rivière sur pas mal de kilomètres avant de nous résigner à la traverser. Notre envie de faire trempette était proche de zéro, pourtant il a bien fallu que nous nous jetions à l’eau. Il nous aura néanmoins fallu parcourir quelques kilomètres supplémentaires pour trouver un tronçon plus étroit. N’étant pas sûr de la profondeur, de notre capacité à nager (ou du moins ce qui ressemblerait à de la nage) et de la force du courant, cela nous a paru la plus sage décision à prendre. Fort heureusement, de grosses pierres tapissaient le lit et des branchages nous on permit de nous accrocher.
Bien qu’il fasse chaud et humide, la petite virée dans l’eau plus que fraiche n’a pas été très apprécié. Pour moi en tout cas. Zéphir était plus préoccupé par la traversée de Lyra que par la température de l’eau. Quant à elle, elle est restée dans sa bulle et a failli bouder quand nous lui avons spécifié qu’elle ne pourrait pas s’arrêter en plein milieu pour prendre des prélèvements. Shalana m’a immédiatement collé une fois sorti de là. Apparemment je suis une source de chaleur de laquelle elle ne peut pas se passer. Ça ne m’a pas gêné plus que ça. Sentir ses douces courbes se trémousser contre moi a réveillé mon mini moi qui n’a pas apprécié du tout la baignade. Tic et Tac, fidèles à elles-mêmes n’ont pas bronchées et ont continuées leur boulot comme si de rien était.
Désireux de mettre le plus de distance entre nous et la citée, mais nerveux de ce que nous pourrions trouver en nous enfonçant encore plus profondément, je préfère ne pas regarder la distance que nous avons déjà parcouru. Des sentiments d’exaltation et de liberté grondent au creux de mon ventre. Cependant, ils entrent directement en conflit avec l’inquiétude et la sensation constante d’être épié. C’est étrange. Nous n’avons encore eu recourt à aucunes balles, ni fléchettes hypodermiques. Nous n’avons croisé aucun animal. Il faut que je tende très fort l’oreille la nuit pour réussir à capter quelques bruits de la jungle.
J’avoue que j’en suis étonné. Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais. Je m’étais fait une idée assez tranchée de ce qui pourrait nous attendre. Un endroit grouillant de bestioles plus effrayantes et plus bruyantes les unes que les autres. Il n’en ait rien. J’ai également lu quelque part que jadis dans ce genre d’endroit nous pouvions entendre « le chant de la forêt ». Une sorte de mélodie que transporterait le vent en passant d’arbre en arbre. Et ben pareil. Ici, que dalle. Je ne sais pas si j’en suis soulagé ou non. Ce silence lourd et pesant me hérisse parfois le poil. Surtout dans la nuque. Je me retourne mais il n’y a jamais rien. Est-ce que ça y est ? Je serais doucement mais sûrement en train de virer cinglé ? Peut-être. J’ai essayé d’épier une nouvelle fois la conversation de Tic et Tac mais elle n’a jamais reparlé de sa sensation d’être surveillée. Je n’ai eu aucun écho dans ce sens-là non plus de mes camarades. Le stress sûrement.
D’un commun accord, nous nous déplaçons de jour. Jamais de nuit à cause de la luminosité inexistante dès que le soleil se fait la malle. Nous avons bien un certain matos dernier cri, mais ce n’est pas suffisant pour nous assurer une progression en toute sécurité. Des lunettes à vision nocturne et/ou thermique auraient été plus que bienvenu. Mais bon, je ne vais pas cracher sur ce que le conseil nous a déjà filé. Ils auraient pu nous larguer directement dans la nature sans rien. Quoi que, là, cela aurait été une simple mise à mort. Là, ils ont un objectif précis à atteindre. Et sans un minimum d’équipement cela s’avérerait totalement impossible. Résultat on fait avec les moyens du bord.
La nuit nous nous sommes également mis d’accord pour effectuer des tours de garde par alternance. Chacun notre tour hormis Lyra. Pas qu’elle soit faible ou qu’elle ne sache pas faire le taff. Non, j’ai pleine confiance en elle. Le problème c’est qu’elle met chaque jour à contribution chacun de ses neurones puissance maximal. Résultat des courses, le soir venu elle tombe comme une masse. Je me demande ce que ça peut bien faire d’avoir un cerveau comme le sien à gérer au quotidien. Toutefois je ne m’en fais pas pour elle, Zeph est là pour l’épauler.
Shalana est plus collante depuis que nous avons quitté notre cellule. Tous les prétextes sont bons pour se pelotonner contre moi. L’absence de danger jusque-là lui aurait-il fait oublier où nous nous trouvons ? J’avoue que je ne m’en plains pas. Quel mec se plaindrait d’avoir une nana avec un corps pareil collé à lui ? Ceci dit, cela nuit légèrement à ma concentration et à ma vigilance. Pour l’instant ça va, mais qui sait si ça va continuer comme ça. Aller reprend toi un peu mec ! je me sermonne. Je secoue la tête de gauche à droite et essaie tant bien que mal de faire abstraction du cul bombé qui marche quelques mètres devant moi. Aller, t’es plus fort que ça. Je lève les yeux vers la canopée… avant de couler un coup d’œil plus au sud. Putain !
— Je vais aller jeter un œil par là-bas, je lance en m’éloignant de la tentation.
— Soen ?
Je ne prends pas la peine de répondre et je trace mon chemin en restant aux aguets. Pas moyen que je continue sur cette lancée. L’importance de mon rôle dans notre équipe est bien trop cruciale pour que je me permette le moindre écart. Je tâche de me ressaisir, de me remettre la tête sur les épaules. Je range la hachette qui me servait à me frayer un chemin entre les fourrés et je dégaine mon arme. Son poids entre mes mains et sa crosse froide m’aident à reprendre un pied avec la réalité. Je me répète comme un mantra que le danger est partout. Lana n’étant plus dans ma ligne de mire, c’est beaucoup plus simple pour moi de reprendre le contrôle de mon corps et de mon esprit. Je déraille complet. Et elle aussi. A croire que son but est de nous faire tuer. Absurde.
Je continue mon avancée, un peu en marge du groupe. Ne sait-on jamais, le danger pourrait très bien venir de derrière, mieux vaut rester prudent. En tout cas, c’est ce que je sortirais avec conviction à celui ou celle qui viendrait me poser la question. Les mains fermement ancrées sur mon arme, je progresse à pas mesurer. Contrairement à mes camarades devant, j’essaie de faire le moins de bruit possible. Pas qu’ils soient spécialement bruyants, mais ils ne font pas vraiment attention non plus. Peut-être que j’aurais réellement plus de chance de débusquer un animal ou même un monstre de cette façon. Pas que j’espère en croiser un.
Je commence même à douter de l’existence de la faune ici. Certes, il me semble entendre au loin la nuit des bruits, mais après tout il se pourrait bien aussi que ce soit le fruit de mon imagination. Pour ce que j’en sais, je n’y connais strictement rien en bestioles. J’en ai bien vu quelques-uns dans des films à la volé. Mais est-ce que c’était réel ou bien uniquement des trucages et effets spéciaux ? Avec la technologie on ne peut être sûr de rien. Si ça se trouve, la légende qui dit que même les plantes essaient de nous tuer à l’extérieur est vrai. La flore aurait butée toute la faune. Et les monstres avec tien ! Ouais c’est ça… Mais bon, l’un dans l’autre, quelle théorie est la plus farfelue honnêtement ?
Devant moi, je vois le groupe faire une halte. Lyra a sûrement dû trouver quelque chose d’intéressant à analyser. Je me permets donc de m’éloigner encore un peu pour faire un tour de ronde. Normalement, Lana est censée faire la même chose de son côté. J’écarte des lianes du bout de mon canon, me fraye un chemin entre les arbres centenaires, voir millénaire pour ce que j’en sais. La combinaison me permet de me fondre assez aisément dans le décor. Un point pour moi. Mes yeux balayent tout ce qui m’entoure, des racines tortueuses qui disparaissent sous d’épaisses broussailles, jusqu’aux branches les plus hautes, en passant par les troncs mousseux et les bosquets aux couleurs chatoyantes.
Je ne pense pas être un gars très porté sur la « beauté de la nature », je peux même affirmer qu’il y a une semaine encore j’aurais regardé dédaigneusement le premier allumé qui m’aurait posé la question. Mais là. En voyant de quoi celle-ci est capable, je commence à sentir quelque chose remué en moi. C’est donc ce à quoi on passe à côté en restant piégé derrière nos murs ? D’un autre côté c’est dangereux. Enfin, c’est censé l’être. Ceci dit, les monstres dont on nous rabâche les oreilles depuis toujours sont peut-être planqués plus profondément. Question importante qui me traverse à l’instant : sait-on s’il n’y a ne serait-ce qu’une fin à cette jungle ? Est-ce qu’il y a autre chose au-delà ? Si au-delà il y a. Va-t-on arrivé au bout ? Qu’est-ce qu’on va trouver ?
Sur ma droite, j’entends distinctement une branche cassée, me tirant de mes réflexions. Je me plaque derrière l’arbre le plus proche et me met en position. Aux aguets, le doigt sur la gâchette. Je sens la sueur me dégouliner dans le cou, puis descendre le long de mon échine. La tension s’installe dans mes muscles, la moiteur ambiante me couvre comme une chappe de plomb. J’arrive à en faire abstraction normalement, mais dans l’urgence de la situation, je la ressens plus oppressante que jamais. Je déglutis, ma pomme d’Adam effectuant une montée et une descente saccadée. Je scanne les environs. Une autre brindille. Quoi que ce soit, ce n’est pas discret pour un sou. Du coin de l’œil j’aperçois enfin un bosquet s’agiter. Je tourne le canon de mon arme dans sa direction. Je stabilise mes appuies, ferme un œil et le tien en joue quoi que ça puisse être. Tendu comme un arc, la tension à son comble, je me tiens prêt à faire feu… lorsqu’une tignasse rousse émerge. Je m’empresse de détourner le canon de Shalana en débitant une litanie d’injures dans ma barbe.
— Putain de bordel de merde Lana ! T’es folle ou quoi ?! J’ai failli te tirer dessus !
Ses billes noisette percutent les miennes et une moue désolée se loge sur son visage. Je viens de me payer une belle frousse et elle se contente de m’adresser un petit sourire désolé ? Est-ce qu’elle se rend bien compte que j’ai manqué de peu de la tuer ?
Furieux et subissant le contre coup de l’adrénaline je balance mon poing dans l’écorce de l’arbre contre lequel je m’appuyais. Pestant de plus belle. Lana en profite pour se rapprocher doucement de moi, à pas de loup, les mains levées. A croire que je suis une bête sauvage ! Bon… ok… peut-être un peu là maintenant. Mais bordel, est-ce que je suis le seul à prendre au sérieux notre sécurité ? Certes, pour l’instant il ne s’est rien passé. Ce n’est pas une raison pour nous relâcher. Je m’en voudrais éternellement s’il devait arriver quoi que ce soit à l’un de nous pour avoir relâcher ma surveillance sur de simples suppositions. Est-ce si absurde que ça pour qu’elle ne s’en aperçoive pas ? Je ne me rends compte que je tremble que lorsqu’elle pose ses mains sur mes épaules et qu’elle m’offre des mots doux au creux de l’oreille. Je soupire et la repousse aussi doucement que je le peux.
— Est-ce que tu es consciente du danger qu’on court ici ?
— Bien sûr Soen… Je le sais bien sûr. Je reconnais que je ne suis plus aussi attentive qu’au début de notre périple car il ne se passe strictement rien de dangereux. Pourtant, je t’assure que je suis au courant des risques. Je voulais simplement passer un peu de temps avec toi, le temps que notre génie fasse ses analyses et tout le toutim. J’ai bien entendu fait mon tour de ronde de mon côté, ajoute-t-elle lorsqu’elle me voit ouvrir la bouche.
Elle m’offre un sourire enjôleur, me caresse la joue et dépose un doux baiser sur mes lèvres. Elle se rapproche de moi, son corps se lovant contre le mien. Audacieuse et sauvage, elle transforme son baiser en un ballet plus intense, mêlant sa langue à la mienne. Mon corps s’échauffe, ma raison s’échine à m’envoyer des signaux d’alerte. Juste cinq minutes peut-être… ? Lana commence à se frotter contre moi, langoureusement, une de ses mains descends au sud tandis que l’autre se glisse dans mes cheveux et tire dessus. Elle sait comment m’allumer.
Je grogne, laisse tomber mon arme qui pend sur mon flan et empoigne sa nuque pour prendre le contrôle de la danse qu’elle a initiée. De mon autre main je saisie l’une de ses cuisses pour la poser sur ma hanche et frotter mon mini moi parfaitement réveillé contre son intimité. Elle geint contre ma bouche. Je mords sa lèvre inférieure et échange nos positions. Son dos heurte avec plus de brusquerie le tronc que ce que j’avais prévu. Telle une liane Lana s’accroche à moi n’en ayant cure, ondule contre mon corps qui entre en fusion. Je quitte ses lèvres gonflées de désir pour parcourir son cou. Je libère sa nuque pour venir m’emparer à travers la combinaison de l’un de ses seins généreux gonflé de désir.
Un râle m’échappe et s’élève avec les gémissements de plaisir de ma partenaire lorsque celle-ci glisse la main dans mon pantalon pour venir s’emparer de mon membre turgescent. Le désir qui brûle en moi, me dévore et dévaste tout sur son passage, emportant avec lui ma raison. Une bulle se créer autour de nous et j’en oublie même où l’on se trouve. Mon esprit logique s’est fait la malle, ne reste que mon corps en combustion pour cette femme plantureuse et aguicheuse. Son mouvement de va et vient, un coup lent et l’autre coup rapide me mettent à mal. Elle doit avoir des mains magiques, c’est impossible autrement. Je grogne, bouge entre ses doigts pour imposer mon propre rythme, approchant toujours un peu plus du point de non-retour.
Je ne la laisse pas pour autant en reste. Je délaisse sa poitrine prisonnière et me hâte de lui rendre la monnaie de sa pièce. Je tire avec empressement sur son bas, infiltre ma main dans son sous-vêtement et vais droit au but entre ses replis trempés. Elle ne se gêne pas pour crier de plaisir. J’ai encore la lucidité suffisante pour venir couvrir sa bouche. Je ne perds pas de temps et la remplie de deux doigts, suivi rapidement par un troisième sans problème. J’effectue des vas et viens tout en stimulant son mont de vénus avec mon pouce. Lana se tortille contre moi, gémis mon nom, implore une divinité quelconque pour que je n’arrête pas.
Je suis impitoyable et ne lui laisse pas une seule seconde pour souffler. Les seules fois où je m’arrête net sans préavis pour la laisser frustrée est lorsqu’elle s’envole trop haut et en oublie que quelqu’un est au garde à vous pour elle. Elle se reprend et son plaisir reprend tout aussitôt. Je n’ai jamais dit que j’étais un saint ou quoi que ce soit d’autre. Je donne mais seulement et seulement si je reçois en retour. Eh bien, cela va de soi. Tendu à l’extrême, je réprime tant bien que mal le moment où je lâcherais prise.
Lana, elle est bien partie pour décoller d’ici peu de temps. C’est jouissif de voir son visage s’empourprer de plaisir, sa tête basculer en arrière et son corps bouger de manière incontrôlable pour en obtenir davantage. C’est dans ce moment, cet infime instant, où tout se fracture, où l’entre deux, juste après le moment de lâcher prise et le point de rupture, que je me sens tout puissant. C’est ce moment dont j’ai besoin pour me libérer entre ses doigts habiles. Je lâche un râle presque animal en me libérant sur elle.
Je prends quelques secondes pour finir de planer là où j’avais décollé, puis je me détache de Lana, récupère ma main trempée, l’essuie et range mon matériel à sa place. Lana quant à elle met plus de temps à redescendre de son nuage de jouissance. Elle se cramponne à mon bras tout en restant adossée au tronc. Je peux également voir ses jambes flageoler un peu. Je souris, une fierté toute masculine parcourant mes veines.
— Tu vas réussir à tenir debout toute seule ? je lui demande.
Lana se contente de hocher la tête et me décroche un sourire jusqu’aux oreilles. Bien.
Cet interlude fini, mon cerveau, le principal je veux dire, recommence doucement à être irrigué et les vagues d’un malaise commence à affluer. Je ne saurais pas l’expliquer, mais un mauvais pressentiment s’empare de moi. Je regarde autour de nous, rien d’anormal. Pourtant, je le sais, je le sens, quelque chose est en train de partir en vrille ! Je fais quelques pas dans la direction ou le groupe est censé avoir fait halte. Je me retourne vers Shalana et lui lance durement :
— Y a un truc qui cloche. Dépêche de toi !
— Que... quoi ? Soen !
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