Chapitre 12 - Mia

6 minutes de lecture

Je remonte dans ma chambre et attrape mon téléphone sur mon bureau. Avant de parler avec Jacques, je file enfiler un short en coton et un t-shirt trop large, je me brosse les dents et je noue mes cheveux en un chignon va-vite. Et raté. Bon, c’est pour dormir, on s’en fout.

Je reviens dans ma chambre et m’affale sur mon lit, les pieds posés sur le mur et la tête sur le côté du lit. Le papier peint est froid sous mes pieds, mais je m’en fiche, j’ai toujours trouvé cette position confortable.

Je déverrouille mon portable et lance l’application de messages. Je tape un texto à Marine pour lui souhaiter bonne nuit, puis je retourne sur ma discussion avec Jacques.

Moi : Je suis de retour

Jacques : T’as bien mangé ? T’as mangé quoi ?

Moi : Oui, et du steak avec des haricots. Et toi ?

Jacques : Des pâtes faites par Jacques.

Je reste perplexe.

Moi : Hein ?

Jacques : Elles étaient tellement bonnes que ça a augmenté mon égo, donc je parle de moi à la 3eme personne

Moi : Ah...haha… je vois

Bizarre. Il n’est pas comme ça d’habitude.

Jacques : Je rigole, hein Tu me rends fou Je délire complètement

Argh, c’est quoi ça ? Je lâche mon téléphone sur le côté et m’en éloigne, comme si ça allait changer quelque chose. Il est drogué ? Il fait exprès ? Mal à l’aise, je tape un nouveau SMS.

Moi : Ah, mdr

Bon, ok, j’ai rien trouvé de mieux à envoyer.

Jacques : T’es seule chez toi ?

Sa question tout à fait innocente me met mal à l’aise.

Moi : Oui…

Jacques : Envoie moi une photo de toi, j’ai envie de te voir

Mon ventre se retourne en lisant le texto. La discussion est malsaine. Jacques aurait changé en si peu de temps ? Ou alors c’est Ethan qui prend son tél ?

Moi : Ethan, si c’est toi, c’est stupide ce que tu fais

Jacques : Ethan n’est pas làààà Je suis seul aussi

Trop, c’est trop. J’appelle.

- Hé Jacques, elle t’appelle. ‘tain t’as fait quoi, elle appelle jamais le soir. Bah je sais pas je lui ai juste parlé. Montre-moi ça. Ah, mais t’es taré de lui envoyer des trucs comme ça !

- Je vous signale que j’entends tout.

- Mia, c’est moi Jacques. Et y a ce petit con d’Ethan avec moi. SALUT ! Ta gueule. Désolé pour le dérangement, je voulais pas. Il est soûlant par fois.

- Non, jure. Bon, je raccroche.

- Ok, bisous je t’aime.

Ethan glousse. Il est vraiment chiant ce mec. Ce serait plutôt à moi de le détester. Je raccroche pour ne plus entendre Jacques hurler sur Ethan.

Je m’avance vers mon bureau et pioche dans le sachet les cookies qu’on a fait tout à l’heure. En parlant de tout à l’heure… Argh, j’ai l’impression de voir la scène se dérouler sous mes yeux.

Je me frotte les globes oculaires et j’entends la pluie se mettre à tomber et à fouetter mon volet. Le vent secoue aussi les planches en bois servant à plonger ma chambre dans le noir à la tombée de la nuit.

Je m’emmitoufle dans le gilet noir (trop) large que m’a prêté Jacques et m’allonge dans mon lit avec. Il sent encore l’odeur de mon petit ami. Un mélange de fleurs de cerisier et de papaye. En fait, c’est son savon qui sent ça. Le jour où je lui ai dit que j’aimais cette odeur, il a arrêté de choisir ses gels douches au hasard et a commencé à prendre celui-ci à chaque fois.

L’orage gronde et je me roule en boule. Je déteste être seule quand il y a de l’orage les soirs d’hivers. De un, parce que je déteste être seule en général. De deux, parce que j’ai peur de l’orage. De trois, parce qu’il fait froid. Et de quatre, parce qu’il fait nuit noire.

Je joue avec une mèche qui vient de me tomber sur les yeux et descends à la cuisine chercher de l’eau. Notre cuisine n’est pas équipée de volet. Ce qui fait que je peux voir tout ce qui se passe dehors.

La pluie tombe à flots (c’est limite le déluge là), le ciel noirci par la nuit et les nuages de teinte foncée est zébré d’éclairs, et les lampadaires de la ville ont été éteint. Les seules sources de lumières sont les phares des voitures (il doit y en avoir une toutes les demi-heures). C’est vraiment flippant.

Je remonte, avec comme seul bruit de fond la pluie, le tonnerre et l’escalier qui grince. On dirait un film d’horreur. Je vais faire un arrêt cardiaque. J’allume la lumière de ma chambre, elle grésille et BOUM, elle s’éteint.

- Ah, et MERDE !

Je donne un coup de pied dans mon bureau (enfin je crois que c’est mon bureau) et m’allonge sur mon lit. Il y a eu une coupure de courant. Mon réveil ne marche plus, ma lampe de chevet non plus. Je m’éclaire à l’aide de ma lampe de téléphone (conclusion : je ne l’aurai pas allumée ça aurait été la même chose). Bon, j’ai deux options :

  • Descendre au sous-sol pour aller trifouiller les fils électriques.
  • Rester ici et attendre.

Tremblante, je me lève pour descendre au sous-sol. Mia, tu n’es pas assez courageuse pour faire ça, retourne dans ton lit, me dis-je intérieurement. Je file en courant dans mon lit et me cache sous la couette. Je reçois un message de Jacques.

Je sais comment tu es à l’instant Je t’appelle, si le réseau téléphonique marche toujours.

Attends, ce truc peut s’arrêter aussi ? Réfléchis deux secondes, Mia, si ça s’était coupé, t’aurais pas reçu le message.

Quelques secondes après, je reçois un appel de Jacques. Je décroche immédiatement.

- Salut, dit-il.

- Salut.

- Eh, ne panique pas. C’est que de l’orage…

- Que de l’orage ? Tu oses dire que c’est que de l’orage ? coupe-je. Des gens sont morts foudroyés par les éclairs.

- Raah, Mia, c’est rare ça.

- Des maisons crament en étant foudroyées.

- Soit pas pessimiste.

- Je suis pas pessimiste, je suis réaliste.

- Vraiment, je t’assure, t’as rien à craindre.

- D’ailleurs, t’es pas avec Ethan toi ?

- Il dort. Encore désolé pour tout à l’heure, il m’a menti. Il disait que vous parliez de Marine, que vous trouviez une solution…

- Il faudrait… Je vois Marine demain au salon de thé.

- Tu passes vraiment tes dimanches après-midi là-bas, se moque Jacques.

- C’est hyper apaisant, le salon de thé. Il n’y a jamais personne, tout ce qu’on entend c’est la bande son de musiques des années 50 à 90, c’est même pas fort. Et puis, Louis a aménagé ça de façon cosy et vintage, je suis fan.

- En même temps, Louis est un vieux boulanger de 60 ans, j’imagine qui les a connues les années 50.

- Non, t’exagère. Il est né en 1964.

- Ah ouais, tu t’y connais. Je savais pas que tu t’intéressais aux vieux.

- Haha, très drôle. J’ai juste fait le calcul : 2024 – 60. Ça fait 1964.

- Je sais, je t’embête. Ça te dérange si je raccroche ? Je suis fatigué…

- Ah non… Vas-y. T’inquiètes pas pour moi. À lundi.

- Ouais, à lundi. Bonne nuit, je t’aime.

- Je t’aime aussi.

Je suis de nouveau seule. Je consulte l’heure. 23 heures 56. Il est temps de dormir.

Je roule sur le côté et me retourne quelques fois en alternant droite-gauche avant de trouver le sommeil. Je rêve d’Ethan et de Marine qui s’embrassent. Puis d’Ethan qui quitte Marine, et mon amie qui essaye de se suicider.

Je me réveille en sueur après la vision de ma meilleure amie se pendant. Je tourne la tête. Mon réveil indique 0:00 et clignote. Signe que le courant est revenu et que je dois le remettre à l’heure. J’attrape mon téléphone et regarde l’heure : 3 heures 24.

Il faut que je me rendorme, sinon je vais être crevée demain. Mes yeux fixent le plafond jusqu’à ce que je m’assoupisse.

Annotations

Vous aimez lire Ella Rarchaert ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0