Chapitre 17 - Ethan

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J’inspire l’air glacial du parc. Il rentre dans mes poumons et me les glace. Accoudé à la barrière en bois qui entoure le lac, je soupire. Le parc est vide, à part deux personnes assises sur le banc en face de moi, à environ trois-cents mètres. Je ne sais pas qui elles sont, je ne peux pas distinguer leur visage d’ici. Elles se lèvent et traversent le pont. Arrivées au milieu de la passerelle, j’aperçois une fille blonde, les cheveux relevés en une queue, habillée d’un chemisier lilas rentré dans son jean slim noir. À côté d’elle, une fille brune, vêtue d’une robe en laine blanche, d’une doudoune noire et d’un collant épais. Je les reconnais immédiatement : Mia et Marine. Mon coeur s’accélère à mesure qu’elles approchent. Elles passent à côté de moi, je tourne la tête vers elles et Marine s’enfuit. Mon regard croise celui de Mia et mon ventre se serre. Je détourne la tête pour ne pas qu’elle voit le rouge me monter aux joues. Merde, qu’est-ce qu’il m’arrive en ce moment ?

Mia finit par disparaître à son tour et je reporte mon attention sur le lac. Un oiseau passe dans le ciel. Le vent souffle dans les arbres et fait s’envoler les feuilles mortes qui balayent le sol. Frigorifié, je quitte le parc en direction du bar. J’ai encore deux heures avant de devoir rentrer chez moi, autant en profiter.

J’entre dans le bar. J’observe l’endroit et vois Sarah sur une table, un verre de Coca dans une main, la tête posée sur l’autre. Ses cheveux châtains cascadent sur ses épaules, ses yeux bleu électrique fixent le vague. Je m’avance vers elle et m’assois.

- Je sais toujours où te trouver, souris-je.

- Pourquoi avoir besoin de me trouver ? Tu as Marine.

Puis, elle fait un air peiné et met sa main devant sa bouche.

- Oh, non, c’est vrai… Tu l’as quittée…

- Sarah. Commence pas.

- Tu sais, Ethan, ajoute-t’elle. Quand tu m’as embrassée, je t’aimais. Ouais. On aurait pu sortir ensemble, et j’avoue que là c’était de ma faute. Quand t’as été en couple avec Marine… ça m’a énervé. Je me répétais que c’était censé être moi à sa place… Enfin, toujours est-il que je ne t’aime plus.

Sarah m’aimait ? Et elle m’a quand même repoussé ?

- De toute façon, je ne t’aimais pas vraiment… Je me suis trompé sur mes sentiments.

Un sourire dépeint sur son visage pâle.

- Et là ? Tu aimes quelqu’un ? demande-t’elle.

Je fais le tour des filles que je connais. Il y a évidemment Marine, que je n’aime pas. Il y a aussi Alicia, mais je ne la connais quasiment pas, et elle est toujours fourrée avec Claudia, Stacey et Barbara. Et enfin, il y a Mia. La petite amie de mon meilleur pote. La fille que je suis censé détester alors que, malgré moi, je n’y arrive pas.

- Hmmm… Non.

Sarah opine du chef.

- Ethan…

Je relève la tête.

- Tu es conscient que Marine est extrêmement blessée ?

- Oui.

Évidemment que j’en suis conscient. Elle a pleuré. Elle s’est enfuie. Jacques veut que je répare mon erreur, mais je ne sais pas comment je pourrai. M’excuser n’arrangera rien. Sortir de nouveau avec elle non plus.

Mon téléphone vibre dans la poche de mon sweat. Je le sors. Un SMS sur le groupe 2 coeurs + 2 coeurs brisés. Le groupe qui n’a pas servi depuis samedi dernier, quand on est allés faire des cookies près de la place d’Erlon. Je me demande qui a bien pu envoyer un texto. Le nom de l’expéditeur fait battre mon coeur.

Mia : Hey ^^ ça date un peu ce groupe. Je me suis dit qu’on pourrait aller faire les soldes d’hiver ensemble à Reims. Marine est partante et on a demandé à nos parents, on peut exceptionnellement rester dehors jusqu’à 22 heures. On aura qu’à aller se faire un resto après.

Jacques : Ok, mes parents sont d’accord aussi pour 22 heures. Et toi, Ethan ?

Sarah me lance un regard curieux. Je lui expose la situation.

- Vas-y. Tu devrais en profiter pour essayer de briser la glace avec Marine.

- Pas faux.

Moi : Ok, on se rejoint dans cinq minutes à l’arrêt de bus ?

Mia : Marine et moi nous y sommes déjà.

Jacques : J’arrive

Je quitte le bar après avoir salué Sarah et rejoins l’arrêt de bus. Jacques, Mia et Marine m’attendent.

- Salut, dis-je.

- Salut mec, répond Jacques.

Mia se contente de plisser le nez et Marine baisse les yeux. Un silence de mort s’installe. Mal à l’aise, je grignote mes peaux autour de mes doigts. Marine craque ses articulations en mordillant ses lèvres, Jacques joue avec les cheveux de Mia. Cette dernière a les bras croisés, le regard froid et les lèvres pincées. Encore énervée, j’imagine.

Le bus arrive. On monte.

- Marine, je te laisse Mia, déclare Jacques.

- Non vas-y, mets-toi à côté d’elle, rassure-t’elle.

Mia et Jacques s’assoient donc côte à côte, et moi je me retrouve avec Marine. Elle s’est mise à côté de la fenêtre, sa joue est appuyée dessus. On ne parle pas du trajet. Mia et Jacques papotent en chuchotant derrière nous.

On arrive enfin à Reims. On se rend dans le centre, là où il y a tout les magasins de vêtements. Marine demande à rentrer dans Naf Naf, alors on y va. Elle accumule sur son bras des jupes, des pulls, des t-shirts et des jeans. Mia regarde un pull court noir puis le repose après avoir vu le prix.

- 20 euros juste pour ça, c’est abusé.

On quitte le magasin avec une jupe plissée à carreaux jaunes et noirs pour Marine. On entre chez Pimkie et cette fois, c’est Mia qui y trouve son bonheur. Elle entre dans une cabine et en ressort, habillée de la tenue qu’elle était partie essayer. Elle porte une mini-jupe noir serrée, un collant noir fin, ainsi qu’une chemise blanche assez simple. Elle est juste sublime. Mon coeur palpite.

- Ouah, t’es super belle ! Ça te va vraiment bien.

Jacques me contourne et s’approche de Mia. Il admire et complimente sa petite amie avant de la prendre dans ses bras et d’embrasser le sommet de sa tête. Toujours l’un contre l’autre, Jacques ajoute :

- Tu devrais les acheter. T’es vraiment incroyable dedans.

Mia relève la tête et regarde Jacques dans les yeux, les joues rouges.

- Merci, souffle-t’elle.

- Moi, je t’offre ça.

Il lui tend des boucles d’oreilles rondes qui pendent en or. On appelle ça des créoles je crois.

- Ah, Jacques, fallait pas… murmure-t’elle.

- J’avais de l’argent à dépenser.

Mia sourit et son petit ami passe derrière elle pour glisser les créoles dans les trous d’oreilles.

La scène est beaucoup trop romantique pour moi, alors je m’éloigne regarder des vêtements. Trop romantique, ou tu es juste jaloux ? me susurre une voix dans ma tête. Je la chasse de mes pensées.

Je suis en train de regarder un top bardot décoletté quand Marine s’approche de moi.

- T’es au courant que c’est pour les filles ? rit-elle en voyant l’habit que je fixais.

- Ah… oui je sais.

Je le repose et m’éloigne. Pourquoi ? Je voulais qu’elle me pardonne et qu’on redevienne amis, mais dès qu’elle brise la glace, je m’en vais.

Quand les filles ont fini leurs achats, il n’est pas moins de 19 heures 30. Marine a sorti son téléphone et cherche un restaurant dans le coin qui ne serait pas un fast food.

- Il y a un Del Arte à quelques centaines de mètres, annonce-t’elle. Hmm… J’adore manger italien. Ça va à tout le monde ?

Je hausse les épaules, Jacques et Mia acceptent.

- Alors allons-y !

On rejoint le restaurant. Jacques et Mia s’assoient à côté, je me retrouve à nouveau près de Marine. Je la regarde discrètement. Ses yeux brillent de bonheur, elle a un énorme sourire et ses cheveux volent dans tous les sens. Elle est vraiment mignonne, en fait. Elle fait très innocente. Je m’en veux de lui avoir briser le coeur.

Et face à moi, il y a Mia. Qui semble toujours énervée contre moi mais qui s’épanouit dès que Jacques est là. Je me remémore la scène de tout à l’heure, chez Pimkie. Ses yeux qui pétillaient quand Jacques lui parlait, la serrait… C’est sûrement ça, le vrai amour. Elle est jolie. Je m’en rends compte chaque fois que je la vois.

Faut que j’arrête de penser à ça. Je saisis le menu du restaurant et fais mon choix.

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