Chapitre 21- Ethan

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Je partage ma chambre avec un garçon que je ne connais pas nommé Paulo. J’ai rapidement remarqué le genre de mec qu’il était. Chemise boutonnée jusqu’en haut, cheveux bien coiffés, un sac énorme et pas l’ombre d’un smartphone… Un nouveau cliché de ce lycée.

Au cours d’une conversation devant son émission préférée Les maths pour les génies, j’ai appris que Paulo était un garçon d’origine italienne qui savait (évidemment) parler italien couramment, qu’il avait choisi les options maths et maths expertes ainsi que l’option physique-chimie. Qu’il faisait donc 15 heures de maths par semaine. Que son plus grand rêve était d’intégrer une école d’ingénieur et d’obtenir un Prix Nobel scientifique. Et que (comme par hasard, personne ne s’en doutait) il n’avait jamais eu de petite amie, qu’il aimait secrètement une fille beaucoup plus populaire que lui mais qu’elle n’oserait jamais le regarder. Pourquoi ma vie est aussi clichée ? me demande-je.

- Et c’est qui, cette fille ?

- Oh, je ne sais pas trop si je suis capable de te le dire… Tu n’iras pas lui dire, n’est-ce pas ?

- Oui, promis.

- En fait… Sarah me plait beaucoup.

J’ouvre de grands yeux.

- Tout le monde sait que vous vous êtes déjà embrassés et que tu es sortie avec Marine… Alors… Je me demandais si tu pouvais m’aider.

Argh, je vais pas supporter les clichés encore longtemps.

- Tu sais… Je suis nul en amour, en fait.

Paulo me regarde, étonné.

- Ah, bon. Tu n’as pas de sentiments pour une fille en ce moment ?

Sarah m’avait posé la même question la dernière fois, au bar. Et j’étais resté perturbé après.

- Non.

Le visage de Mia m’apparaît et je secoue la tête.

- Ça va, Ethan ?

- Hein ? Ah oui…

Paulo me lance un dernier regard et éteint la lumière.

On démarre de l’hôtel à 8 heures 30. Sur le parking – en attendant les profs – je cherche Sarah et Mia. Elles sont côte à côte, tout devant, en train de prendre des selfies pour les poster sur Instagram.

Les profs arrivent enfin.

- Mia, Sarah, j’ai bien peur que vous ayez froid, comme ça.

Je tourne la tête. Mia porte un top noir à manche courte, une jupe serrée alternant des carreaux noirs et blancs et des bottines noires à talons. Sarah est habillée d’un short en jean vert kaki taille haute, d’un t-shirt gris avec une tête de mort et des sandales grises à talons. Elles ont toutes les deux sur le dos un de ces touts petits sacs : tout bleu pastel pour Sarah et tout violet pastel pour Mia. Je sais bien qu’il fait chaud en Espagne, mais on est quand même en hiver.

- Oui, Monsieur, ça ira, répondent-t’elles en choeur.

Elles font leur plus beau sourire avant de partir vers moi et Paulo. Il se raidit à l’approche de Sarah.

- Salut les gars, disent-elles. Aujourd’hui, c’est visite libre de Barcelone. Et on doit être de retour pour 18 heures à l’hôtel. Il faut faire des groupes de quatre, on se met tous ensemble ?

- Oui, confirme-je.

Mia et Sarah s’approchent de Paulo. Mia lui sourit et Sarah lui déclare :

- Moi, c’est Sarah. Elle, c’est mon amie Mia. Et toi, tu es ?

- Ah euh… Je vous connais déjà… Mia tu es la petite amie de Jacques et toi Sarah… je t’ai déjà aperçue…

Paulo devient tout rouge.

- Super ! Mais du coup, tu t’appelles comment ?

- Paulo.

- Cool.

Les filles vont prévenir les professeurs qu’elles partent avec nous. Avant qu’elles ne reviennent, Paulo me chuchote :

- Elle ne me connaît même pas.

Je hausse les épaules.

- On commence par quoi ? demande Mia en scrutant le plan fourni par les professeurs.

- La Sagrada Familia, propose Sarah. Ça vous va ?

- Ouais, réponds-je.

- Et toi, Paulo ?

- Hein ? Ah… Euh… oui… enfin… je m’en fiche…

Sarah le regarde bizarrement avant de dire «ok, let’s go». Mia et Sarah restent entre elles devant. On entend Sarah rire une fois de temps en temps, mais rien de plus.

À midi, Mia se plaint qu’elle a faim. On s’arrête donc devant un stand de nourriture de rue pour se commander un truc.

- Oh, pour le dessert, j’ai fait des cookies hier soir… Je trouvais pas le sommeil…

Sarah nous tend un tupperware remplis de cookies cramés. Heureuse, elle croque dans le sien avant de le recracher. Nous faisons de même, sauf Paulo qui le mange pour lui faire plaisir.

- Euh… Sarah, ne le prends pas mal surtout… mais ils sont trop cuits et pas bons, dis-je en grimaçant.

Des larmes perlent à ses yeux et roulent sur ses joues rebondies.

- Je sais… je suis nulle… Je ne sais rien faire… Dès que j’essaye un truc ça foire… Je suis trop nulle…

Sa lèvre tremble et elle s’assoit sur le banc le plus proche. Elle replie ses genoux contre sa poitrine et sanglote.

Mia reste debout, à la fixer, le regard rempli de peine. Sauf qu’elle m’a dit lors d’une discussion où elle pensait parler à Jacques qu’elle n’était pas douée pour réconforter les gens.

Je m’apprête donc à aller rassurer Sarah quand Paulo entre dans mon champ de vision. Il vient d’ouvrir les deux premiers boutons de sa chemise et a ébouriffé ses cheveux. Il s’assoit à côté de mon amie et lui pose la main sur l’épaule.

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