Mia et Jacques arrivent à quatorze heures piles. Marine est surexcitée, elle serre fort sa meilleure amie dans ses bras.

- Bon, on fait quoi ? demande Mia.

- On met de la musique, déjà, dit Marine en lançant sa playlist «Winter Vibes» sur une enceinte JBL.

Il y a surtout des chansons de Noël, même si c’est franchement pas l’ambiance. Mia attrape le téléphone de son amie et lance des chansons d’amour.

- Je rappelle que c’est bientôt la Saint-Valentin !

À ces mots, elle échange un regard complice avec Jacques. Puis, elle saute sur ses deux pieds.

- Faisons des cupcakes ! J’ai trouvé une recette incroyable.

- Bonne idée, s’exclame Marine.

Hm… La dernière fois qu’on a fait de la pâtisserie tous les quatre, ça a mal fini à cause de moi. Mais je rejoins quand même les autres dans la cuisine de Marine et on sort les ingrédients. Jacques lit la recette, Mia pèse les ingrédients, Marine mélange et moi, je passe juste la farine et le sucre. De toute façon, ça ne sert plus à grand-chose de faire semblant d’aimer cuisiner.

Il est quinze heures quand on enfourne les cupcakes. Le saladier vide est posé devant nous, et on a chacun une cuillère pour racler les restes et en manger cru. Jacques attrape le visage de Mia entre ses mains et essuie de son pouce de la pâte sur le nez de la meilleure amie de Marine. Les deux éclatent de rire et se parlent d’un souvenir par rapport à ça. Sûrement une référence d’un film.

Une fois les cupcakes cuits, on prépare le glaçage et on met les pâtisseries au frigo pour faire durcir. Mia s’étire et s’allonge dans le canapé, Marine prend des photos de nos cupcakes et Jacques s’approche de moi.

- Allez, on va bien s’amuser, tu verras, me chuchote-t’il.

- Mouais.

À l’heure du goûter, on mange nos cupcakes.

- Ils sont trop bons, dit Jacques en prenant un deuxième gâteau.

- Ouais, réponds-je.

- Venez, on va faire un tour de quartier, propose Marine en essuyant le glaçage de ses lèvres.

On enfile tous nos chaussures et on sort dans le village. Tout est calme. Tandis que Mia et Marine marchent devant et ne nous prêtent pas attention, Jacques me tire à l’intérieur du fleuriste. Il ressort avec un bouquet de roses rouges.

- T’es sérieux ?

- Argh, je t’explique mon plan. Je lui ai acheté une bague en argent incrustée de petits diamants, je te cache pas que ça m’a coûté un demi-bras. Je lui fais croire que c’est le bouquet son cadeau de Saint-Valentin, pour pas qu’elle se doute d’un truc.

- Pff, t’as vraiment de l’argent à dépenser pour acheter une bague incrustée de diamants. T’as payé combien ?

- Bah, je suis allé à Reims pour l’acheter.

- Mec, t’es à côté de la plaque. Je t’ai demandé t’avais payé combien, pas où tu l’avais achetée.

- Ah ouais. Ça a coûté 200 euros, un truc comme ça.

Il est taré ce mec.

- T’es fou, dis-je.

- Ouais, je suis fou de Mia.

Il éclate de rire et marche rapidement pour rejoindre les filles devant. On rentre à dix-huit heures, et le soleil commence déjà à se coucher. Marine propose qu’on mange, qu’on se mette en pyjama et qu’on ressorte se balader dans le crépuscule.

C’est une bonne idée. On déguste des pizzas, puis on enfile nos pyjamas. Un survêtement noir Nike pour Jacques, un mini-short de sport, un t-shirt large Adidas et un gilet appartenant à son petit ami pour Mia, une petite robe fine à fleurs pour Marine (dois-je lui rappeler qu’on est en hiver ?) et un jogging et un sweat déchiré pour moi.

On décide d’aller au parc. Les rues ne sont pas éclairées, il est près de vingt heures. Mia marche accrochée au bras de Jacques parce qu’elle a peur du noir (à dix-sept ans ? Sans commentaire) et Marine court dans tous les sens. Une petite fumée s’échappe de nos bouches.

On arrive enfin au parc. Mia s’assoit sur une balançoire aux côtés de Jacques et ils se balancent lentement, à quelques centimètres du sol seulement. Le vent fait voler les cheveux de Mia. Je meurs d’envie d’aller remettre une mèche derrière son oreille, mais Jacques s’en charge et je les entends rire d’ici. Marine glisse au toboggan, sautille sur les mini-trampolines et escalade le filet.

- J’ai un short en-dessous, me rassure-t’elle.

Je hausse les sourcils et grimpe à la corde des pompiers. À l’envers. Émerveillée, Marine s’accroche à la barre en métal jaune et commence à grimper. Sauf que ses chaussures glissent.

- Ah, au secouuuuurs !

Elle donne des coups de pieds dans la barre et finit par lâcher prise. Et je la rattrape. Je retire mes mains de ses hanches et recule.

- Même faire semblant d’être gentleman est impossible pour toi.

Elle me fait un clin d’oeil et court s’asseoir sur les jambes de Mia, qui fait semblant de l’engueuler parce qu’elle était occupée avec Jacques.

- T’en fais pas Mia. Tu dormiras dans mon lit avec Jacques. Vous aurez toute la nuit rien que tous les deux.

Sa meilleure amie devient rouge et donne un coup de pied à Marine.

Il est vingt-trois heures quand on rentre chez Marine. On a déjà distribué les lits pour ce soir : Jacques et Mia dormiront dans le lit-double de Marine, Marine dormira dans le canapé de sa chambre et je dormirai sur le matelas gonflable.

Seulement, ce n’est pas encore l’heure de dormir. On est assis en rond sur le matelas, autour des restes de cupcakes, de pop-corn et de bonbons. On parle du lycée, les filles parlent de maquillage avant de nous inclure dans la conversation en nous demandant si on trouvait aussi que Claudia, Stacey et Barbara étaient des pick-me.

- Je ne sais même pas ce que c’est, dis-je.

- Des filles qui abandonnent leurs potes dès qu’il y a des mecs pour aller traîner avec eux, qui font les belles avec les gars… explique Marine, la bouche pleine de bonbons.

Je hoche la tête. On change vite de sujet et on enchaîne sur les prochaines sorties qu’on devrait faire.

Puis, avec Marine, on s’allie pour embêter Mia et Jacques.