dB 74
Un ami m'a dit un jour que je suis un petit sable et je me suis vue comme un grain qui s'envole quand le pas s'approche, comme un corps aux prises des tempêtes, un infini rien à l'abandon dans un gigantesque tout. Discret, un pain de mie sans croûte dans une boulangerie traditionnelle. Faussement raffinée, je suis lisse et propre au regard, rugueuse quand on s'attaque à la conversation.
Squelette épris de vide, m'éloigne tout ce qui pourrait me garnir de vie. Mais tu viens, m'égares et te lasses et t'en vas, en ne laissant que quelques phrases sur ton sillage. Tu es un mur d'eau. Tout ce que je dis te passe au travers. Je n'arrive pas à échanger avec toi. Qu'importe l'échange contre le ressenti ? Qu'importe comprendre quand on peut s'essouffler à mi-mots ? J'aime rire mais tu viens et je m'égare, te lasse. Tout s'en va comme la pluie lave le bitume de l'huile accumulée au cours de l'été caniculaire.
Dans l'un de mes rêves, une baleine d'encre longeait une cascade au stylo bleu. Le cétacé flottait, incapable de passer l'infranchissable et les notes qu'il produisait avaient la tonalité de la deuxième symphonie de Mahler. J'étais saoule au réveil, aussi saoule de chimères que lorsqu'un malheur nous prend et qu'on barricade son cœur contre les intempéries.
Le monde a tant d'emprise sur moi que, voilà, l'orage m'a fait divaguer et ce soir-là, j'ai glissé un petit sable entre nous.
- instant mélo, ne pas s'attarder x) -
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