Récit (songe) d'une nuit d'été . Partie 3 .

L'Abscons s'est envolée jusqu'à son homme ; il était à peine passé minuit mais, on le voyait bien, sa chaussure se changeait en terre, progressivement, en tache d'huile. Depuis je danse en équilibre sur un banc, sur des notes de lundi grec, et le dernier ami qui me reste à cette soirée porte des chaussettes de marque. Les autres sont de jolis inconnus.

On discute moulures, qui ne sont pas les nôtres ; elles me paraissent venir d'un Versailles parallèle où le Soleil n'aurait pas été si riche qu'il le faisait croire. On se dit aussi que, bientôt, cet ami sera Maranicien et j'observerai la foule bouger anormalement sur la côte Ouest. L'Abscons me suivra comme un "j'irai où tu iras" et Roméo voguera non loin, traquant celle qui a pris son cœur, quelque part sur ce rivage de France. Le futur est proche, on perçoit ses ravages certains, les liens morcelés... Et alors, que sera-t-on après la guerre ?

Là, tu te pointes et altères le cours du présent lent et soucieux de l'avenir en t'asseyant à nos côtés, homme-personnage que je connais peu, sinon pas, mais qui a conscience de l'intérêt du narrateur. Une discussion s'élance en courant entre nous trois, recette à base de petits morceaux de phrases et d'un concentré non contextualisé d'informations : Hermès lit Camus - mais seulement les trente premières pages - et est un grimpeur né au dos de verre qui aime avoir prise sur le monde grâce à des mots bien choisis. Sa bibliothèque de chevet abrite aussi Virginia Wolff, le Code Civil et autres textes à dormir debout, un recueil de cocktails et, pour finir sans pudeur, deux ouvrages très illustrés sur le Shibari et le goût du con féminin.

L'Abscons est partie mais demain sera un jour de récit, un jour prospère pour les histoires d'hier.