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Récit (songe) d'une nuit d'été . Partie 4 .


Je me persuade que je retiendrai surtout de ce soir la mangue pétrifiée dans un glaçage à la mascarpone, l'épaule osseuse d'une blonde et l'indélébile sang d'encre sur tout un corps, les épices en case, l'incroyable appareil photo jetable de ton ex, la salle de bain d'Ariane et les oranges qu'on t'offre qui semblent flotter dans du formol - je suis pourtant certaine qu'on m'avait présenté la chose comme étant un rhum arrangé. Mais, après qu'il n'y ait eu le monde et que je sois enfin instruite de la règle des quatre au centre, Joe le Taxi emporte les derniers jolis inconnus. Nous voilà seuls. Les ginkgo biloba jettent des branchages au-dessus du froid de forêt. Et je me souviens ensuite du grincement de la porte, du craquement du pont, le Choixpeau Magique s'abattant sur qui prend place sur le banc, et en avant moussaillon ! Vers l'été naviguons sans crainte et gardons-moi d'appréhender la morsure d'un regard sur quelques mots, quelques questions, quelques hameçons distribués au hasard puisqu'il est tôt ou tard, matin et soir, tant de choses à la fois. Mes idées valdinguent comme un pirate pris de vertige, soûl - mais j'ai cuvé tous mes verres. Ça cogne comme à la Toussaint. Mettons de côté l'embrasement du corps par la fatigue, le diagnostic est autre.

"Dis-le."

Le silence s'ébroue. Je trouve tes lèvres, avec la maladresse d'une petite barque qui bringuebale contre le port plongé dans la pénombre.

Et je le dis, à présent : on a capturé l'été tachyphémique, tapageur, homérique dans une gouttière ; j'ai tout écrit et deux mois se sont écoulés. De larges cernes peignent mes draps, ton absence m'a un peu flouée, je l'avoue. S'étire alors de tout son long la mi-septembre et je trouve enfin la grève, avec la maladresse d'une petite barque qui bringuebale d'effort, plongée dans une foule d'échos en surnombre.

"Dis-le."



[J'écris des chansons, je ne les chante pas
Et ton nom, je ne le dis pas
C'est des histoires que tu t'inventes
Romance d'un soir si ça t'enchante.

Faut pas le dire mais c'était court,
Faut pas le dire, ça pue l'amour
Ça sert à rien, pourquoi courir
Il y en a plein des filles désir.]

Vendredi sur mer - les filles désir

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