dB 70

Une minute de lecture

Ce matin-là, j'avais la thyroïde en travers de la gorge. C'est une chose qui arrive régulièrement à nos externes en médecine de France : se faire terrasser par un chapitre hasardeux, et la fatigue n'aidait pas vraiment mon cerveau à cogiter efficacement.

Mon stupide voisin s'était excité toute la nuit sur un jeu de guerre en ligne, à grand renfort de cris bestiaux, et, bien avant mon réveil ce matin, ce fut l'étage du dessus qui me sortit de mes doux songes. Ils croyaient bien faire en éduquant leurs enfants à l'adage "l'avenir appartient à ceux qui mugissent tôt le dimanche".
De fait, aussitôt campée sur mes deux pieds, je profitais de ce sale coup du destin pour faire un peu de ménage. Moi aussi j'ai la capacité de réveiller toute une résidence, et la vengeance est un plat qui se déguste sans honte. Par exemple, je laisse mes poubelles puantes devant la porte d'entrée de ma voisine fumeuse de shit (elle tire ses taffes à sa fenêtre et l'intégralité de sa conso passe par la mienne pour envahir mon appartement).

À bon entendeur.

Passés quelques bon coups de Kärcher sur toute la surface habitable que je possédais, je me mis à travailler sur cette fameuse thyroïde. Un organe horripilant. Et comme on ne fait pas de bons médecins sans bonne musique - en atteste le Professeur Proust et son groupe de jazz - je lançai une incroyable playlist et Rocking Pneumonia résonna bien fort dans mes oreilles et celles de mes voisins. Tout allait beaucoup mieux. Je dansai dans mon appartement de transit, vêtue d'un tailleur jauni. Il était neuf heures, un dimanche de septembre, l'automne s'invitait sur le rebord de ma fenêtre, Roméo viendrait sûrement avec une énième boîte de framboises pour séduire sa belle et les maraudeurs en marcel s'installeraient bientôt sur les marches de la fac. J'avais la thyroïde en travers de la gorge et du rock coulait dans mes veines jusqu'au bout de mes doigts. Le monde pouvait attendre.


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