dB 69

Une minute de lecture

Samedi matin, j'accorde au soleil le loisir de passer quelques rayons par les interstices du volet. Ma chambre est un monde de failles, de trouées, de percées ; je suis l'éclat de ce morceau de terre pâle et quand l'appel du vide tapote mon épaule, je me serre fort, je m'étreins, tapisse ma peau d'un peu de moi comme la feuille morte se plaque contre le sol froid.

Sur le lit, je laisse mon pantalon couleur des blés délavés, un t-shirt blanc aux aisselles jaunies, mon soutien-gorge lâche qui n'a jamais servi qu'à bercer mes seins de dentelle.

Sur l'oreiller, j'abandonne mes lunettes fraîchement réparées par l'opticien et l'ours en peluche usé de mon enfance.

Sur le bureau, je ne change aucune affaire de place et j'ajoute même, près du coin gauche, une unique larme. Je l'étale comme un frottis mince au microscope optique ; quelqu'un saura y voir mieux que je ne crois le faire.

Alors nue de moi-même, je passe la guillotine de l'extérieur. Je porte mon costume d'humaine. Il est presque l'heure.






- Et vous qui me lisez, passez un bon week-end :) -

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