Lettre, rédigée en septembre.

Mon sieur Je,
Je vous écris de ma bulle, mon nuage, au crépuscule de septembre, pour lustrer une énième fois votre égo d'un texte qui se rapporte à votre personne. Peut-être serait-ce d'ailleurs le dernier.

Mal vous a pris de vous élever seul sur votre piédestal car j'apprécie faire la courte-échelle à mes amours de passage. Les grimpeurs aguerris m'agacent, partent les premiers, c'est une question de risque mis en balance avec la stabilité de la main sur une prise de poussière. L'assurance n'a d'excuse que le support et d'aucuns m'accuseraient d'espièglerie mais je m'en fiche tout à fait : le socle de mon cœur était possiblement un leurre. Ma plume n'a jamais rien eu d'une promesse et je me lasse quand on cesse de me parler avec ardeur.

Mon sieur Je, sachez que j'accorde le bénéfice du doute à mes amours jusqu'à ce que l'échange prenne le goût âcre du vinaigre. Au vin mauvais, Hermès, je m'en vais. Je goûte fort peu l'empyrée qui se persuade que s'égarer à mes côtés n'est plus susceptible de l'émerveiller. Il semblerait que je m'estime grandiose et digne d'adoration, moi aussi.

Pour illustrer mes propos, je nous quitterai sur ces quelques phrases sibyllines que chacun sera, cette fois-ci, libre de surinterpréter :
- L'orage tonne par delà les fenêtres.
- La souris veille le troupeau d'éléphants.
- Le mâle tapi shunte la cécité de l'anguille.
- Quand les soldats français ont quitté l'Algérie en 62, des drapeaux de l'URSS flottaient au-devant des maisons.

[I Came Here to Leave You - Charlotte Cardin]
[à quoi tu penses quand tu m'adores - Mélodie Lauret]